Étape 23: D'Outat el Haj à Debdou
Outat el Haj désignait autrefois une oasis de trente-et-un qsars. Charles de Foucauld y retrouve avec joie toutes les caractéristiques des oasis du sud; "l'îlot de verdure", "l'air riant", la "prospérité", les "superbes vergers"... Tout cela s'épanouit au bord de Moulouya qu'il faut quitter pour le Rekkam.
Le paysage est désormais désertique, pendant une journée encore on apperçoit à l'ouest les sommets du Moyen-Atlas où demeurent quelques plaques de neiges. C'est dans ce désert que l'explorateur fut dépouillé de tout son argent et menacé de mort par les soldats Hamouzins qui étaient censés le protéger. Mardochée et l'un d'entre eux, Bel Kacem, tentèrent de s'interposer, Foucauld loue leur attitude à tout deux dans Reconnaissance au Maroc (p 245). Je dors le premier soir au bord de l'ouad Sidi Issa.
D'immenses étendues de blé couvrent aujourd'hui ce qui était autrefois un désert, de rares nomades l'habitent encore. Le second soir je gagne le village d'Aatef, le seul que je rencontre depuis Outat el Haj à cent kilomètres... J'y parviens la nuit et je reçois un très bel accueil chez Boujma, après un repas solide.
Puis il s'agit de retrouver Oulad Ben el Houl qui ne figure pas sur les cartes et qui pourrait désigner aujourd'hui Oulad Abdellah. Cette journée m'amène dans le djebel Debdou. Là Foucauld y décrit " l'une des plus belles forêts que j'ai vu au Maroc". Debdou est l'un de ses plus grands coup de cœur de son exploration. Le site de cette petite ville nichée au creux d'une vallée est en effet magnifique.
Cas unique dans tout le royaume du Maroc, la ville de Debdou comptait autrefois plus de 75% de juifs. Le jeune explorateur, sans argent, y vendit ses mulets pour finir le chemin jusqu'en Algérie. Une tradition rapporte la maison où il dormit, ce serait donc la onzième et la dernière que j'ai trouvée sur mon chemin depuis cinq mois et demie. La chambre du gîte où je passe la nuit porte le nom de mon devancier.
Le 12 juin 2018