Étape 8 : De Tagmout-Tizi n'Telouet à Tikirte.
Après un Master d'histoire à la Sorbonne et un an d'enseignement dans un lycée au Liban je réalise un vieux rêve en marchant sur les pas de Charles de Foucauld au Maroc. Ce jeune officier français était parti à 24 ans en 1883 pour renseigner la Société de Géographie sur ce pays alors très mal connu. Je suis parti le plus simplement possible en prenant le livre Reconnaissance au Maroc comme guide, pour rencontrer les populations des régions traversées et comparer le Maroc décrit par Foucauld à celui d'aujourd'hui. Ce périple se terminera par la rédaction d'un mémoire et la tenue d'une conférence au siège de la Société de Géographie à Paris. Je partage avec joie ma découverte d'un si grand et beau pays et j'espère autant de belles rencontres, sinon plus, que Foucauld !
Le départ de Tagmout vers le col de Tizi n'Telouet commence par des adieux douloureux à la famille qui m'a reçu. Il faut aujourd'hui franchir la crête supérieure du haut Atlas et je ne croiserai qu'un seul village pendant cette ascencion.
Je ferai les vingt premiers kilomètres sur un mulet en compagnie de Issa qui ramène la bête à sa famille qui vit là haut. Tout est nu, pas un arbre ni la moindre trace humaine n'est présente à ce niveau d'altitude. Une fois parvenu à la vallée de Titoula je poursuis le chemin à pied vers le col à 2634 mètres d'altitude.
Me voici devant le panorama immense décrit par Foucauld "tout est nu, tout est roc; pas un grain de sable ni une motte de terre, de longues côtes jaunes, des croupes d'un rouge sombre se succèdent à l'infini, immenses solitudes pierreuses". À travers un paysage lunaire je gagne ensuite Telouet fourbu par la longue étape de ce jour.
À partir de là commence une région nouvelle où il sera plus difficile d'être accueilli chez l'habitant car la région est touristique et les hôtels nombreux.
Les deux explorateurs longèrent la magnifique vallée de l'oued Iounil. Ici les tighremetin sont beaucoup plus sophistiqués, il dominent les villages et les champs d'amandiers qui bordent le torrent. Beaucoup hélas de ces constructions s'effondrent en dépit de leur valeur patrimoniale.
Je reste sur la rive droite jusqu'à Tamedakhte. La vallée s'y élargit beaucoup avant que je ne la quitte pour me rendre à Tikirte par un chemin sympathique. Le village et son Mellah sont brièvement décrit dans Reconnaissance au Maroc, j'y parviens le 23 février. Le lendemain le désert m'attends.
Le 19 mars 2018
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