Étape 5: D'Oulmès à Béni Mellal
La traversée du plateau d'Oulmès me conduit sur le territoire des chleuh Zaïans dont Charles de Foucauld souligna l'indépendance vis à vis du sultan en 1883. Là encore l'hospitalité que je reçois partout est exceptionnelle. Pendant deux jours je ne rencontre pas un village dans cette campagne verdoyante. À Souk Had je dors chez un ancien chanteur de musique berbère qui me reçoit comme un prince dans sa modeste maison. Un jour il décida subitement de mettre fin à sa vie dissolue et il brûla son "aoud" dans la cheminée.
Le lendemain je quitte ce pays agricole riche où la moindre parcelle qui n'est pas dévolue à l'agriculture l'est aux troupeaux de moutons et de bovins qui abondent. À la sortie d'un petit col sur les derniers reliefs du djebel Zaïans, la petite ville de Sidi Mbarek apparaît et derrière elle, l'immensité de la plaine du Tâdla.
Toute cette journée il me faut descendre à travers un relief quasi désertique jusqu'à la vallée de l'oued Grou.
Sur ses rives il n'y a pas plus de végétation mais les pêcheurs sont nombreux. Jusqu'à Bejaâd les troupeaux se font de plus en plus rares tandis que les cultures réapparaissent au niveau de Gouara Chagram. Bejaâd n'a sans doute plus le prestige spirituel que lui attribuait Charles de Foucauld en 1883 et la prestigieuse famille de Sidi Ben Daoud, descendant de Sidi Bouabid Cherki n'a plus la moindre influence sur cette partie du Maroc, mais la ville demeure un centre culturel reconnu.
L'étape du lendemain jusqu'à Kasba Tâdla est beaucoup plus aisée. Me voici dans le piémont du Moyen Atlas dans cette "contrée enchanteresse" aux "jardins merveilleux" pour laquelle l'explorateur français eut un coup de cœur. À Kasba fichtala je fais la rencontre providentielle de Mustafa qui connaît parfaitement l'histoire de cette ville.
Léon l'africain avait décrit au XVIe siècle cette cité stratégique à mi chemin entre Marrakech et Fès. Les ruines de cette place forte sont totalement méconnues des touristes et mériteraient d'être valorisées.
Je parviens le lendemain à Béni Mellal, ville imposante sertie d'immenses oliveraies qui est ma dernière étape avant de franchir le Moyen-Atlas enneigé.
Le 15 février 2018