Étape 17: De Tazenakht au Mezguita
Le premier jour de cette étape emprunte le même chemin qu'il y a trois mois dans l'autre sens. À Assaka, Tagengout, Tisslit, El Borj je retrouve parfois des gens rencontrés la dernière fois. Puis les explorateurs obliquèrent franchement vers l'est dans le désert de Ouarzazate.
Il faut plus d'une journée pour traverser l'immense commune de Tifernine, en longeant le djebel Tiouraghi sur ma droite. Parvenu le soir au hameau de Tifernine Ait Saoun où il n'y a ni électricité ni eau courante, je dors chez une famille où personne ne sait lire et écrire. Le passage du col de Tizi n'Omrad le lendemain me ramène dans la vallée du Tamtsift, à Tessaouant.
Me voilà de retour dans un pays de palmeraies, route majeure des caravanes à l'époque de Foucauld. Avec Mardochée ils se rendirent tout deux dans la capitale du Mezguita, Tamnougalt, dont le rayonnement est aujourd'hui amoindri par la ville nouvelle d'Agdz.
Sous mes yeux se déploie la plus longue palmeraie du monde de part et d'autre de l'ouad Draa (240 kilomètres de long). À la même époque de l'année, Foucauld décrit un fleuve de 60 mètres de large et d'un mètre de haut ; il n'y a aujourd'hui plus une goutte d'eau en raison du barrage de Ouarzazate en amont. Je dormirai dans la fastueuse qasbah de Tamnougalt à quelques pas du mellah, là où ils résidèrent cinq jours en avril 1884.
Puis je passe une dernière journée à arpenter les magnifiques jardins de la palmeraie, rafraîchis par la petite pluie de la veille. De pauses-thé en pauses-pastèque je parviens au pied du djebel Kissan, et aborde le Saghro par ce qui était autrefois une route commerciale, et n'est aujourd'hui qu'une petite piste délaissée. Au bord de l'ouad Tanguerfa je dors dans l'une des dernières maisons de cette région désertique. Je quitte cette famille charmante le 9 mai pour m'engoufrer dans le massif du djebel Saghro.
Le 17 Mai 2018