Etape 2 : sur les pas de Charles de Foucauld du Rif à l'ouad Sebou
Charles de Foucauld rejoignit le rabbin Mardochée à Tétouan avant de partir vers Ksar El kébir. Je fais comme eux en faisant du stop sur une large partie de ce chemin qui est devenu une route. Il avait neigé pendant la nuit sur le Djebel Béni Hassan.
En marchant dans la direction de l'ouest je rencontre le même paysage décrit par l'explorateur 135 ans auparavant. Sur ma droite les sommets sont couverts de forêts tandis que la plaine, qui s'élargit de plus en plus, est consacrée à la culture du blé. Bientôt je débouche sur une immense plaine dont Foucauld à souligné le contraste saisissant avec les reliefs du Rif. " Là on ne voyait que des villages, ici presque que des tentes; là une foule de jardins, ici pas un arbre ; là tous les ruisseaux, toutes les rivières avaient de l'eau courante, tous étaient bordés de lauriers roses, ici bien des lits sont à sec".
En faisant du stop je parviens le 9 janvier à Ksar El Kébir, où je passerai la nuit dans un mauvais hôtel. Dans cette ville Charles de Foucauld comptait autant de cigognes que d'habitants, soit cinq ou six mille. Aujourd'hui elles sont toujours là, en moins grand nombre cependant.
Le lendemain mon chemin rencontre l'ancienne douane qui séparait le Maroc espagnol du protectorat marocain.
L'itinéraire n'est désormais bordé que d'immenses openfields de céréales dont le vert éclatant souligne l'abondance de l'eau ces derniers jours. Arbaoua, Souk El Arbaa, Had Kourt, Jorf El Melha s'égrennent sous un ciel pluvieux. La plupart de ces villes n'existaient pas en 1883, je ne m'y attarde donc pas. Toutes sont entourées de bois d'eucalyptus, seuls arbres dans ces plaines cultivées d'où l'on aperçoit à l'est le Djebel Sarsar.
Le 11 janvier je franchi enfin le pont de Sebou qui annonce la fin de cette région géomorphologique qui longe le Rif. Au sud j'aperçois le Djebel Zelagh et je devine déjà la splendeur de Fès où je parviendrai le lendemain.