Étape 14: Troisième traversée de l'Anti Atlas, de Tanamrout à Bin Iaqob.
En remontant l'ouad Tanguerfa je m'égare du chemin de Foucauld, son livre Reconnaissance au Maroc est très flou sur cette partie du chemin. C'est à Tanamrout que je trouve refuge. Pour le dîner tous les notables du village sont là, de l'imam au moqadem. Le lendemain nous explorons les grottes où se cachent les sources du village.
Bien renseigné je parviens enfin à Assrouks avec deux jours de retard. Personne, même les plus âgés que j'interroge, ne connait le "Ksar Taggera" que cite Foucauld à cet endroit. Le mystère reste entier.
Après le franchissement d'un petit col l'arganier disparaît définitivement et cède la place aux amandiers, plus rares mais plus dense dans les fonds de vallée. Ait Amrane, Ait Abdeloumo, Tighit...les villages s'égrènent avec leur lot de pauses-thé. Après Amezoug je me trouve désormais dans un désert total, les puits comme les arbres se font rares.
Puis Tirga, Tazzarine, Taourirt, dans tous ces villages les hommes sont peu nombreux car beaucoup ont émigré à Casablanca ou Agadir. Puis je retrouve peu à peu l'architecture plus sophistiquée des maisons du sud de l'Anti-Atlas, pierres de taille et tourelles crénelées pour les plus belles.
Après Azaghagh je m'engage alors dans une étapes des plus difficiles qui soient depuis mon départ de Tanger. Il n'y a absolument rien dans les 40 kilomètres qui me séparent de Bin Iaqob. Par chance c'est en ce moment la fin du Mossem et je croise de nombreux pèlerins de retour du célèbre village, on m'offre tantôt à boire, tantôt de précieux encouragements. Je suis encore en plein désert quand la nuit tombe, et une mobilette providentielle (la seule de la journée !) me conduit dans le village en pleine effervescence.
Près de dix mille pèlerins sont là pour assister aux sacrifices de dromadaires et de bœufs, je trouve ce soir là (19 avril) un gîte et un couvert dans l'une des plus belles maisons de ce bourg médiéval tandis qu'une foule de gens dort dehors.
Le 10 Mai 2018