Le Maroc redéploie son «soft power» musical après deux ans de silence
Après deux années de passage à vide imposé par le Covid-19, le Maroc relance les grands festivals de musique qui ont fait sa réputation et servent son influent «soft power» culturel sur la scène internationale.
A Fès, Essaouira ou Casablanca, de la musique soufie du nord de l'Inde aux chants gnaouas (du sud marocain), en passant par le funk cubain et le tropicalisme brésilien, le royaume s'ouvre à nouveau aux sonorités du monde à partir du début juin.
Emanant souvent d'initiatives privées, ces festivals, qui drainent des centaines de milliers de fans étrangers et marocains, offrent une vitrine inestimable pour son rayonnement international.
«Au Maroc, la vie culturelle, notamment certains festivals devenus emblématiques, repose sur un socle solide et prometteur», explique à l'AFP Neila Tazi, l'organisatrice du Festival Gnaoua et Musiques du Monde, lancé en 1997 à Essaouira (sud).
«Elle représente un ’soft power' considérable pour le pays», souligne Neila Tazi, qui préside la Fédération des industries culturelles et créatives.
De fait, pour la reprise de la saison festivalière, après une absence de deux ans, les programmateurs ont soigné leurs affiches.
C'est à Essaouira, le 3 juin, que va s'élever la première note du Festival Gnaoua, un incontournable du calendrier des musiques du monde, présenté comme un «projet culturel de résistance».
Pour la première fois de son histoire, les organisateurs ont opté pour un «festival itinérant» qui, après une première escale dans le port d'Essaouira, conduira les musiciens à Marrakech, Casablanca et Rabat jusqu'au 24 juin.
Au fil du temps, cette manifestation gratuite a réussi le pari de mettre en valeur et décloisonner l'art ancestral gnaoua en créant des ponts avec le jazz ou le blues et en attirant un public jeune et urbain (jusqu'à 300.000 spectateurs en trois jours).
Musique spirituelle portée initialement par des descendants d'esclaves au Maghreb, elle a été inscrite sur la liste du patrimoine immatériel de l'Unesco en 2019.
Au programme, des concerts de mâalems («maîtres») gnaouas mais aussi de jeunes artistes s'appropriant cette tradition musicale, comme Asmaa Hamzaoui, l'une des rares femmes dans un milieu presque exclusivement masculin.
Parmi les invités: le chanteur folk anglais Piers Faccini, le Cubain Cimafunk et la star du jazz israélien Avishai Cohen.
Effervescence culturelle
Autre rencontre qui résonne au-delà des frontières marocaines, le Festival des musiques sacrées de Fès (9-12 juin). Fidèle à sa tradition culturelle et spirituelle, il a bâti l'édition 2022 autour de «L'Architecture et le Sacré».
«Tout, dans la musique, est une histoire d'architecture, de formes et d'ornements. Tout est question de constructions, de lignes, de pleins, de vides, de superpositions, de hauteurs», explique Bruno Messina, directeur artistique de ce festival, fondé en 1994.
Salué par l'ONU en 2001 comme un événement majeur ayant contribué au dialogue entre civilisations, le Festival de Fès a accueilli par le passé Björk, Patti Smith ou Barbara Hendricks.
Les chants sacrés s'incarneront cette année à travers les voix des Roohani Sisters (musique classique indienne), de la Kazakhe Saniye Ismail, interprète de la musique traditionnelle ouïghoure, et des polyphonies sardes.
Si le festival phare de Mawazine-Rythmes du Monde à Rabat -le plus grand en Afrique- n'aura pas lieu, le «Jazzablanca» (1-3 juillet) lui volera la vedette pour sa 15e édition dans la capitale économique du royaume, grâce à un programme étincelant.
Le légendaire Gilberto Gil, Mulatu Astatke, le père de l'éthio-jazz, Ben Harper, Ibrahim Maalouf, Asaf Avidan, figure du folk-rock israélien, etc...
Placée sous patronage royal, cette effervescence musicale n'est pas seulement destinée à l'étranger, elle a aussi pour ambition de faire accéder le plus grand nombre de Marocains à la culture.
Mais sur le terrain, malgré «un soutien marqué à l'organisation de manifestations et d'évènements d'envergure nationale et internationale (...), cette attention ne s'est pas traduite en politiques publiques, comme en témoigne la faiblesse des ressources budgétaires et humaines qui leur sont dédiées», selon la commission sur le «Nouveau modèle de développement» (NMD), un plan impulsé par le roi Mohammed VI fixant les principaux objectifs à atteindre par le Maroc d'ici 2035.
Le 31 mai 2022
Source web par : le360
Les tags en relation
Les articles en relation
Recherche scientifique: le Conseil national bientôt mis en place
Le Maroc s’achemine vers la concrétisation des dispositions de la loi-cadre de l’éducation et de la formation en matière de promotion de la recherche sci...
Coronavirus à Singapour : Confinement prolongé d’un mois, après une deuxième vague de Covid-19
Singapour fait face à un bond de cas de Covid-19 cette semaine. Conséquence : les autorités ont décidé de prolonger d’un mois le confinement jusqu’à d...
Covid-19: des nouvelles rassurantes sur Omicron
Les vaccins anti-covid sont a priori efficaces contre Omicron, qui ne semble pas plus dangereux que Delta, le variant qui circule le plus dans le monde, ont dé...
#Virus_Labo_chinois_OMS: L'OMS doute d'une fuite d'un labo chinois
Les experts de l'OMS qui enquêtent à Wuhan sur l'origine de la pandémie ont semblé écarter jeudi 4 février la thèse de la fuite du virus d'un...
Tourisme au Maroc : les voyants sont au vert, mais restons prudents
Une nouvelle page se tourne pour l’activité touristique, après deux années de Covid-19 extrêmement difficiles pour le secteur. Alors qu’une feuille de r...
Covid : Le Maroc passe au niveau rouge
La 3ème vague de la pandémie du coronavirus au Maroc est « très rapide » avec un temps de doublement de 4 jours, a indiqué le coordonnateur du Centre nati...
#MAROC_Renault_Covid19 : Renault suspend la production de ses véhicules au Maroc faute de piéces
Le constructeur français Renault a décidé de suspendre temporairement la production de ses véhicules à l’usine de Tanger. À l’origine de cette suspens...
Covid-19 : Un reconfinement strict de quinze jours s’impose selon le Pr Laraqui
Dame Covid n’en finit pas de se propager au Maroc avec environ 10 000 cas d’infections au quotidien. La pandémie, qui remplit de plus en plus nos hôpitaux...
#BM_2022: La Banque Mondiale place l'année 2022 sous le signe des incertitudes !
L’augmentation de la fréquence et de l'intensité des catastrophes naturelles révèle chaque jour davantage les conséquences économiques et sociales d...
Nouveau variant: l’Europe se mobilise
L’Europe a pris ses précautions pour contrer la propagation des variants du Covid-19, qui constituent une source de préoccupation, a assuré la présidente ...
Agadir: cafés, commerces, plages…ce qui change samedi 12 septembre
Le comité chargé du suivi de l’évolution de la situation épidémiologique au niveau de la préfecture d’Agadir-Ida Outanane a pris vendredi une série d...
L'année scolaire prolongée jusqu'au 20 juillet prochain
Le ministre de l’Education nationale, Chakib Benmoussa, annonce que l’année scolaire sera prolongée jusqu’au 20 juillet prochain. Sans apporter une solu...