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Rkia Alaoui : «Avec la fermeture des frontières, tantôt partielle, tantôt totale, la situation touristique est devenue catastrophique»

Rkia Alaoui : «Avec la fermeture des frontières, tantôt partielle, tantôt totale, la situation touristique est devenue catastrophique»

La pandémie liée au Covid-19 a précipitamment provoqué une crise sans précédent à l’économie du tourisme. Une crise dite brutale et immense est toujours d’actualité. Aujourd’hui les responsables du domaine craignent ce qui va arriver dans les jours à venir.

Le secteur du tourisme a connu des pertes colossales, le domaine de l’hôtellerie, les hôtels principaux structures d’hébergement n’ont pas été épargnés par les effets néfastes du Covid-19. Tous les vols de passagers au départ et à destination du Maroc sont suspendus depuis le 29 novembre et au moins jusqu’au 31 janvier en raison de la flambée du variant Omicron.

Rkia Alaoui, présidente du conseil régional du tourisme de Tanger-Tétouan-Al Hoceima révèle à Barlamane.com que «les statistiques de l’Office des changes sont claires : Nous avons perdu, en tant que secteur 80 milliards de dirhams de recettes en 2 ans. Ce calcul ne prend pas en considération la perte de vitesse qu’ont connue le tourisme local, avec le confinement, les obstacles à la mobilité et la réticence générale. Les hôtels n’ont certainement pas été épargnés par cette crise. D’autres industries peuvent avoir ce discours. Mais pas le tourisme, avec l’ensemble de ses composantes, qui ont vécu, et continuent à vivre, des moments des plus difficiles de leur existence.»

Début janvier à Rabat, environ 200 professionnels représentant des agences de voyage ont manifesté devant le siège du ministère du tourisme pour exiger des mesures de soutien à leurs activités et une réouverture des frontières. Patrons comme salariés de tour-opérateurs ont également réclamé l’ouverture d’un dialogue avec les autorités face à «l’effondrement dramatique» du secteur depuis le début de la pandémie.

L’économie du tourisme s’écroule et la pandémie en est le facteur principal mais la gestion de celle-ci en a fait d’autres causes qui ont contribué à la régression du secteur touristique au Maroc. «La pandémie a créé un effet domino, dont les effets destructeurs continuent à être ressentis. À la base, ce secteur ne peut exister sans mobilité et libre circulation. À l’intérieur du Maroc, cette mobilité obéissait à des autorisations qui n’étaient pas toujours faciles à obtenir. Mais même avec la levée de ces restrictions, le tourisme interne constitue 30% des arrivées touristiques totales au Maroc. Les 70% restants viennent de l’international. Avec la fermeture, tantôt partielle, tantôt totale des frontières, la situation est devenue catastrophique», nous éclaire la présidente du conseil régional du tourisme région Tanger-Tétouan – Al Hoceima.

L’obstruction des frontières jusqu’au jour d’aujourd’hui laisse plusieurs personnes perplexes, ils trouvent que cette fermeture n’est plus justifiable depuis que Omicron est dans le royaume. « Il faut une réouverture des frontières et rapidement » partage clairement Mme Alaoui.

Persuadée et inquiète nous explique-t-elle «Les acteurs touristiques marocains ont cumulé les pertes sèches, et même si une ouverture des frontières intervient dans les jours à venir, regagner la confiance des décideurs internationaux, des compagnies aériennes et des touristes en général sera un challenge de taille, où il faudra rassurer et garantir la visibilité.»

Une nouvelle année entamée qui suscitait beaucoup d’espoir dans tous les domaines, surtout le domaine touristique et hôtelier conjugués avec le secteur économique, le domaine de l’évènementiel, de l’entreprenariat … Mis à part le capital économique, les conséquences de la crise économique causés par cette pandémie ont affecté également le capital humain au sein des structures d’accueil en l’occurrence les hôtels. La directrice générale du Marina Smir Hotel nous explique que «l’ensemble des acteurs investissent à différents degrés dans le recrutement, l’accompagnement et la formation. Avec cette crise qui dure, les opérateurs ont dû licencier en masse, ce qui fait que le capital humain qualifié et compétent perd totalement confiance en ce secteur et cherche à le changer. Ce qui est sûr c’est que quand le secteur se relèvera de ses maux, ne n’auront pas l’embarras du choix.»

Un remaniement est envisageable afin de remettre le secteur sur pied,  le tourisme national aurait besoin de repenser le modèle de management actuel par les responsables. « Les revendications des opérateurs sont concentrées sur le court-terme, parce que l’objectif collectif principal est de sauver le secteur de la ruine totale, à travers des mesures de soutien qui soient fortes. Je ne sais pas si réflexion il y a sur le modèle de management, mais ce qui est probable, c’est que ce genre de réflexions qui se travaillent dans le temps, auront leur place dans une future éventuelle stratégie sectorielle, qui viendra succéder à la «Vision 2020» pointe Rkia Alaoui.

Selon elle, «le tourisme domestique continue à jouer un rôle important, surtout pendant les saisons estivales. Ce tourisme, constitue, comme précisé, 30% des arrivées touristiques au Maroc, et permet à un nombre de destinations marocaines de tirer leur épingle du jeu. Ce tourisme continuera à se développer et devra être accompagné par un développement du produit, pour répondre aux besoins spécifiques de la clientèle marocaine, tout en l’introduisant à de nouvelles possibilités tel que le tourisme de nature et d’aventure, qui commence à prendre de l’ampleur dans les habitudes de consommation.»

Les secteurs en général et surtout le secteur touristique espèrent remonter la pente très prochainement. Dans l’aspiration d’une lueur d’espoir suite aux ouvertures des frontières dite  prochainement. Peut-être que l’économie de ce secteur et du pays pourront reprendre force, souffler petit à petit et se rétablir rapidement. Face aux critiques, la ministre du tourisme, Fatima-Zahra Ammor, s’est engagée à appliquer urgemment un vaste plan de soutien. Une aide mensuelle de 2 000 dirhams (environ 190 euros) a été promise aux salariés du secteur. Une mesure insuffisance selon eux.

Le 20/01/2022

Source web par : barlamane

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