"Les habitants du Rif sont les premières victimes du Hirak"
Le ministre d’Etat chargé des droits de l’Homme Mustapha Ramid est enfin sorti de son silence au sujet du mouvement contestataire rifain. Jeudi 6 juillet, il a organisé une conférence où il a présenté un rapport qui explicite les positions du gouvernement sur la situation actuelle. Pour Ladepeche.ma, il revient sur la manière dont le gouvernement a vécu le hirak, et explique pourquoi il a appelé à la libération conditionnelle d’une des détenues.
Pourquoi estimez-vous que les résultats de l’enquête concernant la mort de Mohcine Fikri n’ont pas eu l’intérêt qu’elles méritent?
L’opinion publique accusait l’Etat d’avoir tué Mohcine Fikri, et c’est la base même du début du Hirak. Maintenant que les résultats de l’enquête ont prouvé que l’Etat n’a rien à avoir avec cela, et que c’était un accident, j’en conclus que les manifestations ont été motivées par de fausses données.
Mais les revendications des manifestants étaient aussi socio-économiques…
Il y a effectivement des problèmes dans la région, mais ces problèmes font l’objet de beaucoup d’attention de la part du gouvernement. Il y a un effort sans précédent pour trouver une issue à cette crise. Nos frères et soeurs à Al-Hoceïma devraient aujourd’hui nous permettre de nous focaliser sur les problèmes que vivent d’autres régions du Maroc de manière globale.
Comment les manifestations peuvent impacter la région aujourd’hui?
Les habitants d’Al-Hoceïma seront les premiers à subir les conséquences de ces manifestations. Le tourisme est au point mort dans cette région. Et ils n’ont que deux mois pour bénéficier des rentrées d’argent du tourisme interne et externe. La première semaine de juillet est déjà écoulée, il reste moins de deux mois.
Pourquoi êtes vous restés silencieux aussi longtemps sur ce sujet?
C’est effectivement la première fois que je m’exprime sur le dossier. Je me suis tu pendant longtemps, mais c’était avant tout pour pouvoir cerner les éléments sur les manifestations du Rif dans leur globalité. J’ai passé quatre jours à synthétiser les données auxquelles nous avons eu accès. Et je n’ai pas hésité à consulter les membres de la société civile afin que notre rapport soit le plus complet possible.
Comment le gouvernement a-t-il vécu l’intervention royale sur le Hirak?
Aujourd’hui, nous voyons les choses de manière lucide. Sa Majesté le Roi est intervenu avec fermeté, et a décidé de priver plusieurs ministres de leurs vacances, ce qui est une première en soi. Actuellement, nous nous sommes mis d’accord pour ne pas nous défendre, car cela alimenterait les tensions. Nous avons fait des erreurs, et nous souhaitons corriger nos manquements. Donnez-nous l’occasion de le faire. Notre mission est d’être au service du citoyen.
La création de cette commission royale n’a pourtant pas calmé la colère des habitants…
Je ne comprends pas pourquoi les habitants de la région d’Al Hoceima manifestent encore. J’aurais espéré qu’ils sortent dans les rues pour célébrer cette intervention royale, parce que c’est une victoire pour eux. Je ne vois aujourd’hui aucune raison qui motiverait encore leurs manifestations.
Pourquoi avez-vous demandé au ministre de la Justice de ne pas s’opposer à la libération de Silya, arrêtée dans le cadre des manifestations d’Al Hoceima?
J’ai été contacté par son avocat qui m’a fait part de la situation qu’elle vit en prison. Selon ses dires, Silya est dans un état psychologique très critique. Il m’a fait part de ses craintes sur une éventuelle détérioration psychologique de la détenue. Elle a été présentée pour une expertise médicale. J’ai donc demandé au ministre de la Justice que le procureur général ne s’oppose pas à sa libération conditionnelle, dans le cas où son avocat en f la demande et que le rapport médical confirme qu’elle est dans un état critique.
Le 07 Juillet 2017
SOURCE WEB PAR La Depeche
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samedi 8 juillet 2017
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