Le discours d’Al Hoceima, action, réaction, correction

Le discours royal du 29 juillet prononcé à Al Hoceima à l’occasion de la célébration de la Fête du Trône est venu apporter plusieurs réponses à des questionnements pressants qui taraudaient les citoyens depuis plusieurs mois.
En ce sens, il est parfaitement clair que le Roi Mohammed VI a pleinement pris la mesure du climat délétère qui régnait sur le pays et a effectivement voulu le dissiper.
Le premier signe de cette volonté royale a été de prononcer l’allocution sur les lieux mêmes où durant de longs mois, l’an passé, le Hirak de Zefzafi et ses comparses tentait de plonger toute une ville dans la dissidence et la « siba » !
Le Souverain est donc, non seulement, allé sur place pour délivrer un discours à fortes connotations sociales, mais il a, de surcroît, très sévèrement qualifié tous ceux qui ont cherché à exploiter à des fins déstabilisatrices la grogne et la colère des habitants d’Al Hoceima.
C’est pourquoi, semble-t-il, ceux qui espéraient et espèrent encore une grâce royale pour les principaux animateurs du Hirak devront déchanter car le Roi Mohammed VI a fortement réaffirmé les principes et sacralités qui constituent le fondement de l’alliance entre la Monarchie et le Peuple.
L’urgence sociale
Mais, au-delà de ces questions « politiques » ou citoyennes, évoquées également à travers la reconnaissance et la réaffirmation du rôle des partis politiques, à qui il a été demandé de presser leur aggiornamento, c’est la problématique sociale et son versant économique qui ont constitué la trame du discours royal.
Le Roi Mohammed VI, en effet, ne veut plus voir se reproduire les mouvements « spontanés » de protestation populaire générés par la misère, les déficits en matière d’assistance aux démunis, le laxisme des administrations ou l’indolence des ministères !
En développant une thématique axée sur la nécessité et l’urgence de l’action pour corriger les défaillances sociales, améliorer le quotidien des citoyens les plus démunis, assurer une réelle application sur le terrain des multiples mécanismes de prise en charge des nécessiteux, le Souverain a voulu à la fois reconnaître la responsabilité de l’État dans la survenance de ces événements, (Al Hoceima, Jerada, boycott, etc.), mais aussi sa pleine volonté de s’impliquer encore plus avant dans la mise en œuvre et le suivi des mesures correctrices.
Pour qui sait lire entre les lignes donc, ce discours royal a constitué l’amorce d’une réponse sans équivoque à la problématique sociale qui menaçait depuis plusieurs mois de plonger le pays dans une situation d’instabilité structurelle, porteuse de bouleversement erratiques dont on peut comprendre les causes et origines, mais dont les prolongements éventuels sont souvent constitués de situations de non-retour…
Le Roi Mohammed VI, en pressant les responsables publics, les administrations et le gouvernement à l’action, à la coordination, à l’unification des programmes et des mécanismes, en fixant également des deadlines serrés pour ces objectifs, a, tout à la fois, révélé l’ampleur du problème social et la nécessité pour l’État de corriger très rapidement le tir.
Haro sur la bureaucratie
Mais cette démarche ne saurait s’accomplir sans des efforts conséquents sur un autre versant de la problématique sociale, celui de la création d’emplois, et partant, de l’investissement productif.
Nul mieux que le Souverain, en effet, connaît les moyens financiers de la puissance publique. L’État est toujours le premier investisseur national et le premier employeur, mais ses moyens et ses efforts ne sont pas suffisants pour résorber les déficits sociaux et surtout celui du chômage.
Or, comme chacun sait, notre pays est tenu par une Administration omnipotente et omniprésente, qui ne fait pas son travail avec la rigueur et l’efficacité qu’on est pleinement en droit d’attendre d’elle.
La bureaucratie mine les efforts de ces citoyens qui désirent réaliser des projets, investir dans l’industrie ou les services, construire et bâtir, souvent parce qu’elle n’est pas dans l’obligation de tenir des délais, parfois parce qu’elle est gangrénée par la corruption, toujours parce qu’elle a un sentiment d’impunité et de surpuissance !
L’exemple des CRI en est une parfaite illustration et la réforme tant attendue devrait servir à faciliter les procédures. Mais, ils ne sont pas les seuls en cause !
Tous les niveaux et départements de l’action publique sont touchés et il faudra faire en sorte que la délocalisation, la régionalisation et la décentralisation servent d’abord à changer les mentalités, habitudes et pratiques de tous les serviteurs de la Fonction publique, du haut en bas de l’échelle !
Cette nécessité, subliminale dans le discours royal, devrait être perçue comme prioritaire par tous les responsables car, ce qui mine l’atmosphère, ce qui pourrit le quotidien du Marocain, c’est bien ce sentiment d’impuissance qui étreint si fortement tous ceux qui cherchent à activer les choses, à encourager les initiatives, à lever les blocages !
Une situation qui prévaut d’ailleurs au niveau du dialogue social, trop souvent perçu comme le seul prolongement d’un affrontement entre les courroies de transmission de certains partis politiques et le gouvernement.
Les syndicats, qui ont tout aussi vieilli que les partis (!), ne sont pas capables de nouer un partenariat responsable avec leurs vis-à-vis, le patronat et l’État.
La démarche syndicale s’exprime seulement par des revendications salariales souvent peu réalistes et l’attente du Premier mai pour prouver leur existence.
Le patronat, quant à lui, raisonne sans prendre en compte l’existence des tensions sociales, avec une logique uniquement comptable, tandis que l’Etat, par la voix du ministre des Finances, refuse de sortir du carcan des grands équilibres !
Ce sont là quelques-unes des lacunes et des insuffisances que le discours royal du 29 juillet a mises en évidence, avec gravité et franchise.
Le temps est donc à l’action, à la réaction, à la correction et le Roi Mohammed VI a montré qu’il était là, sur le terrain, aux commandes.
Le 31 Juillet 2018
Source web par : Lnt
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