Impôt: L’ICE bouscule les petites combines

Opticiens, médecins, dentistes… plus possible de gonfler les honoraires
La peur du redressement fiscal change les habitudes
Le dispositif resserré en 2017 avec la généralisation de la télédéclaration
L’identifiant commun de l’entreprise (ICE) est composé de quinze chiffres et permet aux administrations de procéder à des échanges croisés d’informations concernant les contribuables et de ne plus leur demander les mêmes documents à chaque fois (Ph. www.ice.gov.ma)
Un peu moins de 2 mois après, l’identifiant commun de l’entreprise (ICE) est en train de bousculer les mentalités dans le monde des affaires. Dentistes, médecins et opticiens, qui avaient l’habitude de gonfler leurs honoraires pour permettre à leurs patients «d’optimiser» leurs remboursements médicaux, ont changé d’approche. La perspective d’être contrôlés sur la base de leurs factures les pousse à inscrire les honoraires réellement perçus. Plusieurs cliniques font désormais preuve de transparence quand il s’agit de facturation. La généralisation de l’ICE ne manquera pas d’avoir des retombées positives pour les compagnies d’assurances, qui pourront mieux lutter contre la fraude. «Désormais, elles exigent l’inscription de l’ICE sur les dossiers médicaux, à défaut de quoi, elles pourraient refuser de rembourser», explique le responsable d’une fiduciaire.
La mesure devait entrer en vigueur dès janvier 2016, mais en raison de problèmes techniques, elle a été retardée de six mois. Les professionnels de la comptabilité affirment que certains contribuables n’arrivent toujours pas à obtenir leur ICE à cause de télescopages entre les informations saisies au niveau de la plateforme www.ice.gov.ma et celles disponibles à l’administration. Mais cette fois-ci, l’on signale que la prise en charge des demandeurs en cas de blocage est plus efficace qu’au démarrage.
«Selon les remontées d’information, nous n’avons pas écho de difficultés particulières, mais il serait trop tôt d’effectuer un bilan même partiel. Il faut attendre encore quelques mois», explique Anas Abou El Mikias, associé gérant de Finacs.
L’instauration d’un ICE après plusieurs années de tractations ne remplace pas les autres identifiants, mais vient les compléter. Il permet à l’administration de servir les contribuables sans avoir à leur demander à chaque fois les mêmes pièces.
L’ICE est à l’entreprise ce que le numéro de la carte d’identité nationale est pour les citoyens. Il s’applique à tous les contribuables personnes physiques, morales ou exerçant une profession libérale. Pendant quelques semaines, il y avait une période de flottement pour les médecins, par exemple, qui n’avaient pas de numéro de registre de commerce, mais le problème a finalement été réglé début mars.
Le défaut d’inscription de l’ICE sur une facture sera sanctionné via le rejet par l’administration fiscale de la déduction de la charge. Celle-ci doit être facile à retracer. C’est d’ailleurs la raison qui explique que plus d’un demi-million de contribuables ont demandé et obtenu leur identifiant.
L’ICE permettra aux inspecteurs du fisc de recouper plus facilement les éléments contenus dans les déclarations fiscales et de redresser les contribuables qui ont minoré leur résultat net.
L’ICE présente un autre avantage. «Ce numéro permet aux fournisseurs d’obtenir un certain nombre d’informations concernant leurs clients telles que leur identifiant fiscal ou encore le numéro de leur registre de commerce, qui sont nécessaires dans une déclaration de TVA et la déduction de la charge. Il permet également de détecter les fausses factures. Ce qui est une grande avancée», explique Mohamed Lahyani, expert-comptable.
L’autre grand avantage de la généralisation de l’identifiant est d’ordre fiscal, même si, officiellement, ce n’est pas l’objectif recherché. «L’ICE permettra à l’administration fiscale de procéder à des recoupements et éventuellement reconstituer le chiffre d’affaires d’un contribuable», précise l’expert-comptable. Il faudra attendre l’année prochaine pour connaître l’impact de la généralisation de l’ICE en termes de redressements fiscaux. Mais d’ores et déjà, l’inscription de l’ICE dans la déclaration de TVA est obligatoire. Elle le sera davantage à partir de 2017 avec la généralisation de la télédéclaration. En effet, sans cet identifiant, le rejet sera instantané.
Plus de fluidité sur le marché immobilier
L’utilisation de l’ICE est également d’un grand intérêt pour certaines professions comme le notariat. «Cet identifiant est d’une grande utilité car il nous permet d’obtenir des renseignements sur les arriérés d’impôts de nos clients et ce au niveau national, avant de conclure des transactions immobilières. Cette mesure concerne essentiellement nos clients parmi les professionnels.
Pour des considérations de confidentialité évidentes, les notaires n’ont pas un accès direct à ces données, mais ils ont la possibilité d’adresser à l’administration fiscale des demandes de renseignements», signale Abdellatif Yagou, président du Conseil national des notaires du Maroc.
Le 23 Août 2016
SOURCE WEB Par L’économiste
Les tags en relation
Les articles en relation

Cotisation minimale: Elle reste imputable pour les exercices antérieurs à 2016
La Direction générale des impôts (DGI) vient de publier l'erratum concernant la cotisation minimale. Conformément aux dispositions de l’article 8-IV-1...

Crédits TVA: La DGI s’engage à rembourser 1 milliard de DH d’ici la fin de l’année
La Direction Générale des Impôts (DGI) compte accélérer le remboursement des crédits TVA en particulier pour les TPME. Elle promet 1 milliard de DH d’ic...

Amnistie fiscale 2024 : 100 milliards déclarés au Maroc
En seulement 24 heures, les avoirs déclarés dans le cadre de l'amnistie fiscale prévue par la loi de finances 2024 ont doublé pour atteindre près de 10...

Alerte : La dotation touristique variera entre 45 000 et 100 000 DH
Des changements étaient attendus concernant la dotation touristique au Maroc. Infomédiaire Maroc a appris de source proche du dossier que, à partir de ce ...

Le taux de change fiscal 2017
Le taux de change moyen servant au calcul des revenus de source étrangère et perçue en devises pour l’exercice 2017 vient d’être rendu public par la Dir...

Code des obligations et des contrats Signature à Rabat de deux conventions relatives à l'exécutio
Le Tribunal administratif a signé, mardi dernier à Rabat, deux conventions relatives à l'exécution des jugements administratifs, la première avec la Di...

#MAROC_FACTURATION_ELECTRONIQUE_INFORMEL: Comment Akhannouch et El Othmani ont abandonné la factura
Alors que le Maroc assiste à la prolifération de l’informel et aux drames qui en découlent, à l’image de celui de Tanger, le gouvernement avait tenté e...

Les taxes locales vont subir une profonde transformation
Les taxes locales vont subir une profonde transformation pour respecter les principes de la future loi-cadre qui sera adoptée après la tenue des assises de la...

TVA sur investissement, fiscalité de groupe…: La circulaire de la DGI
La circulaire explicative des mesures fiscales de la loi de finances 2017 est là (voir notre rubrique Documents www.leconomiste.com). L’Economiste avait déj...

Réforme fiscale : la DGI reprend les impôts locaux
Le gouvernement marocain a validé un transfert stratégique de la gestion de trois impôts locaux majeurs — taxe d’habitation, taxe de services communaux e...

DGI: Le paiement de l’IS et de l’IR professionnel peut être reporté au 30 septembre
Dans le cadre de l’approche d’accompagnement et tenant compte de l’impact de la pandémie de coronavirus (covid-19) sur l’activité économique, la Dire...

Les recettes de l’IS remplissent les caisses des Impôts
Les caisses de l’Etat ont été renflouées en 2018 par d'exceptionnelles recettes de l’IS, qui dépassent la barre des 50 milliards de dirhams. Les ren...