Maroc-Chine : une alliance stratégique au cœur du commerce et des enjeux géopolitiques
Les échanges commerciaux entre le Maroc et la Chine se sont considérablement intensifiés au cours des dernières années, illustrant le poids croissant de Pékin dans le royaume. La Chine voit en effet le Maroc comme une opportunité stratégique pour contourner les restrictions imposées à ses produits sur les marchés américain et européen.
En avril 2024, un dirigeant d’une grande entreprise du CAC 40 rapportait cette anecdote révélatrice : « Le ministre marocain de l’Industrie nous a dit que des Chinois le contactaient quotidiennement et qu’il fallait réagir avant qu’il ne soit trop tard. » Ces propos mettent en lumière l'influence croissante de la Chine au Maroc. D’après les statistiques douanières marocaines, Pékin est devenu en 2020 et 2021 le troisième fournisseur du pays, surpassant la France et juste derrière l'Espagne.
Les échanges commerciaux entre Rabat et Pékin ont frôlé les 8 milliards de dollars en 2023, un chiffre proche des 10 milliards d'échanges réalisés entre la Chine et l’Algérie la même année. Cependant, la comparaison s’arrête là , car les investissements chinois au Maroc demeurent modestes, avec moins de 3 milliards de dollars entre 2005 et 2020, contre près de 24 milliards en Algérie sur la même période.
Malgré cette disparité, le Maroc s’impose de plus en plus comme une porte d’entrée de la Chine vers les marchés américain et européen. La récente annonce d’investissements de près de 10 milliards d’euros par des entreprises chinoises dans la fabrication de batteries électriques au Maroc a surpris les observateurs. CNGR, en partenariat avec le fonds Al Mada, ainsi que le géant chinois Gotion, devraient à eux seuls injecter près de 4 milliards de dollars dans le pays.
L'intérêt chinois pour le Maroc repose sur plusieurs facteurs, dont ses accords de libre-échange avec les États-Unis et l'Union européenne. Cet avantage concurrentiel permet aux entreprises chinoises de contourner les taxes imposées par Washington et Bruxelles sur les importations de véhicules et batteries électriques en provenance de Chine.
En parallèle, le Maroc profite de ses ressources naturelles indispensables à la fabrication de ces batteries. La première usine de sulfate de cobalt du royaume, construite à Guemassa au sud de Marrakech, devrait entrer en production en 2025. Ce projet, piloté par Managem et la China Electronics Corporation, s’inscrit dans un contexte de demande croissante pour les métaux critiques. De plus, une usine de cuivre, élément clé pour les moteurs électriques, est également prévue pour 2025 à Tiznit.
Le phosphate, dont le Maroc détient 70 % des réserves mondiales, devrait également jouer un rôle central dans le développement des batteries lithium-fer-phosphate, déjà largement utilisées dans les véhicules électriques en Chine.
Au-delà des considérations économiques, la coopération entre Rabat et Pékin s’étend également au domaine diplomatique. Les deux pays partagent une vision commune sur des principes tels que le multilatéralisme, la non-ingérence et le respect de l'intégrité territoriale. Le Maroc soutient fermement la politique d’une seule Chine, tout en se gardant de critiquer Pékin sur des sujets sensibles, comme la situation des Ouïgours.
Cette relation pragmatique permet au Maroc de diversifier ses partenariats tout en conservant des liens étroits avec ses alliés traditionnels, tels que la France, l’Espagne, les États-Unis et Israël.
Le 09/09/2024
Rédaction de l’AMDGJB Géoparc Jbel Bani
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