Maroc-Espagne, et si le 1er juin…
La crise déclenchée entre l’Espagne et le Maroc par l’accueil clandestin du triste sire Brahim Ghali, chef des mercenaires séparatistes, dans un hôpital d’outre-Détroit perdure et s’aggrave.
Certes, aujourd’hui, l’épisode de l’entrée massive de candidats à l’émigration clandestine, marocains et autres, dans l’enclave occupée de Sebta, est clos.
Cette affaire a permis de montrer au gouvernement madrilène qu’il avait commis la grossière erreur de sous-estimer les capacités de réaction de Rabat, mais aussi que le Royaume n’était pas le factotum de l’Espagne, uniquement dédié à la protection, à moindres frais pour Madrid et l’Union européenne, des limes de la vieille forteresse Europe.
Elle a aussi, revers de la médaille, mis en exergue la souffrance sociale des populations du Nord de notre pays et notamment celle de la jeunesse, qui aspirent à des conditions de vie meilleures, à l’emploi et à un avenir prometteur, alors que la fermeture des frontières terrestres a gravement amplifié la crise structurelle et multiforme qui sévit en ces régions depuis longtemps.
Les responsables publics devront en tirer rapidement les conséquences d’autant que cet épisode a projeté à l’international une image du Maroc que plusieurs médias occidentaux ont tenté d’exploiter à notre détriment, emboîtant ainsi le pas au gouvernement de Pedro Sanchez qui a voulu se cacher derrière Bruxelles pour masquer sa turpitude et sa mauvaise foi sur les origines véritables de la crise hispano-marocaine.
Mais ces questions, pour importantes qu’elles sont, ne sont que les aspects collatéraux du très grave différent qui nous oppose au gouvernement espagnol et qui pourrait, à Dieu ne plaise, déboucher sur la rupture des relations diplomatiques entre les deux pays, comme affirmé par plusieurs officiels de Rabat.
En effet, c’est le 1er juin prochain que Brahim Ghali devrait se soumettre à la convocation de la Justice espagnole pour répondre des graves accusations qui pèsent sur lui à partir de plusieurs plaintes déposées par des citoyens de ce pays.
Pour la diplomatie marocaine, il s’agit-là d’une exigence minimale qui permettrait de réduire la tension bilatérale et engager les deux capitales dans un processus de normalisation.
Mais, le numéro 2 du groupement séparatiste a indiqué que son chef ne répondrait pas à cette convocation et quitterait l’Espagne sans autre forme d’obligation.
Les responsables espagnols, quant à eux, entretiennent le flou, ce qui fait craindre une exfiltration de Brahim Ghali selon les mêmes procédés que ceux utilisés pour son arrivée sur le sol d’Espagne.
Si cela venait à se produire, il est à craindre que l’on s’acheminerait alors vers une situation jusque-là inédite dans l’histoire complexe des relations maroco-espagnoles.
Il est d’ores et déjà évident qu’une rupture serait franchement dommageable pour les deux pays, leurs peuples, leurs économies, leur coopération et leur partenariat construit avec patience depuis des décennies.
Est-ce le souhait du gouvernement Sanchez qui a largement démontré en cette affaire sa maladresse doublée d’une mauvaise foi qui ne grandit pas les formations politiques qui le composent?
Certes, chacun sait que la politique des États n’est pas construite sur l’amitié, mais sur les intérêts.
Madrid a répondu favorablement aux sollicitations des galonnés repus d’Alger par crainte de voir ses approvisionnements en gaz algérien pâtir d’un chantage qui s’exercerait à son encontre.
Et, dans le même temps, l’Espagne a pris le risque de compromettre très durablement une relation riche et mutuellement profitable avec le Maroc, sans doute plus importante que la livraison de quelques bonbonnes de gaz…
Pourtant, à ce stade de la crise, on comprend que la position de Rabat est responsable, équilibrée et à l’avantage mutuel des deux parties puisqu’il s’agit d’un scénario de sortie de crise parfaitement acceptable par tous.
Le Maroc, par ses voix autorisées, ne réclame rien d’autre que le gouvernement espagnol cesse d’interférer dans les affaires de sa Justice, un pouvoir en principe indépendant.
Il souhaite donc que les instances saisies par des citoyens espagnols, répondent favorablement aux demandes de leurs justiciables, comme le veut le respect des principes de l’Etat de droit.
Le gouvernement de Pedro Sanchez s’engagera-t-il dans cette voie ou violera-t-il les principes constitutionnels qui régissent la vie publique espagnole depuis la chute du franquisme en 1975?
Réponse, le 1er juin prochain…
Le 25 Mai 2021
Source web Par : lnt
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