Business des études: ministres et députés dans le collimateur de Jettou
Des cabinets d’études et de conseil montés par d’anciens ministres et parlementaires raflent la plupart des marchés publics. Pour ce faire, ils usent de leur influence et de leurs entrées au sein de l’administration publique.
Les magistrats de la Cour des comptes viennent de mettre la main, presque par accident, sur une nouvelle forme de «rente politique». Il s’agit de la «rente» des études et du conseil qu’ils ont découverte à l’occasion d’un contrôle de routine, rapporte le quotidien Assabah dans son édition du week-end des 22 et 23 décembre.
Et, poursuit le journal, ce sont des petits bureaux d’études montés par d’anciens ministres et des parlementaires qui bénéficient particulièrement de cette manne, en s’accaparant des marchés publics avec des budgets conséquents, mais qui, le plus souvent, n’apportent rien aux départements qui les commanditent.
C’est ainsi, explique le journal, que les enquêteurs de la Cour des comptes ont pu découvrir que certains de ces bureaux arrivent à rafler la majorité des marchés publics émis par les administrations et les établissements publics et qui portent sur des études. En creusant un peu plus, les magistrats-enquêteurs ont été surpris d’apprendre que la plupart de ces bureaux appartiennent à d'anciens ministres et parlementaires qui, en usant de leur influence et de leurs entrées dans l’administration, ont pu s’arracher l’essentiel des marqués publics en question. Dans un grand nombre de cas, souligne le journal, ces études «qui ont coûté des milliards» n’ont jamais servi à quoi que ce soit.
Pis encore, poursuit le journal, en épluchant des PV de remise des résultats de certaines études, il s’est avéré que les cabinets auxquels elles ont été confiées ne disposaient pas d’expertise requise dans les domaines sur lesquelles elles portent. C’est le cas notamment, explique Assabah, pour des études d’impact environnemental et de solutions écologiques confiées à un cabinet spécialisé dans les sondages d’opinion et la consultation financière.
En plus de nombreux dysfonctionnements, les magistrats de la Cour des comptes ont pu également apprendre que, contrairement aux directives données aux ministères pour rationnaliser leurs dépenses, certains ont eu recours à des études complètement superflues et qui n’ont jamais été exploitées pour les objectifs auxquels elles étaient destinées.
Cela d’autant, toujours selon Assabah, que des études ont été confiées à ces cabinets, de gré à gré contre des sommes relativement faibles, sans avoir recours aux procédures des marchés publics. Et pour ne pas trop attirer l’attention des contrôleurs de l’IGF, certains bureaux d’études changent régulièrement de peau, en changeant de nom et de directeurs.
Les pratiques de ces bureaux ainsi que les dysfonctionnements relevés ont par ailleurs fait l’objet de plaintes de plusieurs opérateurs privés dans le domaine. De même que les cabinets d’experts comptables, mandatés par des établissements publics pour auditer leurs comptes, ont également mis le doigt, à plusieurs reprises, sur l’existence de ce genre de pratiques, rappelle le journal.
Le 21 Décembre 2018
Source web Par Le 360
Les tags en relation
Les articles en relation
Marchés publics: un quota pour les auto-entrepreneurs qualifiés
Les marchés publics seront désormais accessibles aux auto-entrepreneurs et aux coopératives. Dans son édition du 8 février, L’Economiste assure qu’un p...
Benabdellah défend le bilan du fonds de développement rural
Après les critiques de la Cour des comptes sur la gestion du Fonds de développement rural et des zones montagneuses (FDRZM), le ministre de l’Aménagement d...
Sincérité
LE bilan de l’Etat actionnaire ne fait pas l’unanimité de la classe politique. La cession des 8% de Maroc Telecom donne en tout cas l’occasion à l’Ist...
Tanger-Tétouan-Al Hoceima: 31 milliards de DH d’investissement publics en 2018
31 milliards de DH, tel est le montant des investissements publics consentis dans la région de Tanger-Tétouan-Al Hoceima, selon le wali, Mohamed Mhidia. Ce de...
Marrakech: une polémique autour de la COP22 refait surface
Des sources fiables de Le Site Info font état de l’enquête récente, diligentée par la Brigade nationale de la Préfecture de police de la ville ocre. Elle...
Sa Majesté le Roi Mohammed VI décide de mettre fin aux fonctions de plusieurs responsables minist�
• Suite au rapport présenté devant le Souverain par Driss Jettou, qui vient compléter celui de l’Inspection générale de l’Administration territoriale...
Appels d'offres: Jettou fustige des présidents de communes
Les magistrats de la Cour des comptes viennent de rendre un rapport accablant sur les procédures d'appels d’offres telles qu'appliquées par les pré...
Cour des comptes: Zineb El Adaoui opère un vaste mouvement
Le Conseil de la magistrature des juridictions financières a approuvé, a l’unanimité, les propositions du Premier président de la Cour des comptes concern...
La CDG scrutée avec sévérité par la Cour des Comptes
La Cour des comptes rend public son rapport sur la mission de contrôle de la gestion de la Caisse de dépôt et de gestion (CDG), établissement public créé ...
Cour des comptes: les domaines privés de l'Etat évalués à 567 milliards de DH
Le rapport de la Cour des comptes pour l’année 2015 s’est penché sur la direction des domaines de l’État et notamment sur «la mobilisation du domaine ...
Modèle de développement : Les réponses de la Commission à quelques interrogations de la CGEM
La Confédération générale des entreprises du Maroc a passé en revue différents éléments abordés dans le rapport de la Commission spéciale sur le modè...
Les comptes salés de M. Jettou et de sa Cour
La publication des rapports de la Cour des Comptes pour deux années consécutives, 2016 et 2017, a fait l’effet d’un coup de tonnerre dans un ciel serein !...