Marques territoriales: Comment rendre les régions plus attractives

Elles doivent dépasser la phase des plaintes
Et surtout miser sur leurs atouts distinctifs
Attirer l’investissement privé, une priorité
Est-ce le bon moment pour se doter de marques territoriales régionales? Alors qu’on en est encore aux premiers balbutiements de la régionalisation, que les structures se mettent à peine en place, que les prérogatives des uns et des autres sont encore floues, que les budgets alloués par l’Etat laissent à désirer… les régions se lancent les unes après les autres dans le processus de création de marques territoriales.
Ces dernières sont censées accompagner l’implémentation des plans de développement régionaux (PDR). Sur les 12 régions que compte le Maroc, certaines ont déjà entamé le processus. Six d’entre elles ont adopté leurs PDR et commencent à le réaliser. C’est le cas de Casablanca-Settat.
La plus grande région du Royaume (1/3 du PIB) vient aussi de lancer un concours pour le choix de son logo. La ville de Casablanca s’est également lancée dans une démarche de branding territoriale avec sa marque «Wecasablanca» (avec plus ou moins de succès). «A mon sens, les régions n’existent pas encore, elles existent sur le papier», explique Noureddine Ayouch, PDG de l’agence Shem’s (1).
Seule Casablanca sort du lot, avec de «petites tentatives», selon le publicitaire. Pour être plus attrayantes, les régions ont intérêt à dépasser cette phase de plaintes récurrentes (budgets insuffisants, manque d’investissement privé, prérogatives limitées…) pour se focaliser sur les atouts, le positionnement, la stratégie… Le but étant d’offrir une image «dynamique et attrayante» qui accompagnera l’exécution du plan de développement régional (PDR), assure Ayouch.
«Le véritable enjeu d’un PDR et de la marque territoriale est de fédérer tout le monde autour d’une vision et créer une dynamique pérenne de développement inclusif économique, social et écologique», explique pour sa part Choukry Maghnouj, dirigeant d’Arsen Consulting. Pour ce faire, citoyens et élus devraient être sensibilisés aux enjeux de la transformation territoriale. «La marque doit créer une cohésion et un sentiment d’adhésion auprès des populations», selon ce professionnel.
Mais visiblement les présidents des régions n’en sont pas encore là. Ils préfèrent ressasser le même discours sur le manque de ressources, la décentralisation qui peine à décoller, le besoin de clarté sur les prérogatives de chacun, les énormes disparités sur le même territoire… D’ailleurs, Mohand Laenser, président du conseil régional Fès-Meknès (et de l’association des présidents des conseils régionaux) l’a bien reconnu. «Les marques régionales, je ne connais pas, mais je suis là pour apprendre», a-t-il déclaré.
Pour Moncef Belkhayat, vice-président de la région Casa-Settat, la décentralisation est le nerf de la guerre. «Nous sommes entre deux chaises, nous ne savons pas encore si nous sommes dans un modèle central ou décentralisé», déplore-t-il. Selon lui, les budgets sont «mal gérés à Rabat» et l’Intérieur et les Finances doivent lâcher du lest pour que les régions puissent jouer pleinement leur rôle de «force motrice».
Ces dernières doivent coûte que coûte attirer l’investissement privé, au lieu d’attendre les budgets de l’Etat. «On ne s’en sortira pas sans ramener la confiance à l’investisseur privé qu’il soit marocain, MRE ou étranger», poursuit Belkhayat. Le rétablissement de la confiance doit être un impératif des présidents de régions, bien qu’ils ne soient pas dotés de «pouvoirs élargis».
Observatoire régional
Faut-il commencer par travailler le territoire avant de le marketer ou l’inverse? «Il faut d’abord faire le travail en profondeur avant de commencer à marketer un territoire», répond Mustapha Amhal, président de la Chambre de commerce, d’industrie et de services de Casablanca-Settat (CCISC). Driss Benhima, ex-PDG de la RAM, regrette, quant à lui, l’absence d’une «période transitoire» afin de s’adapter à la nouvelle donne des régions. «Nous manquons cruellement de statistiques et de données chiffrées sur les territoires», poursuit-il. Les institutions spécialisées, comme le HCP, «lâchent» difficilement ce genre d’informations, d’où l’urgence de lancer un observatoire régional.
Le 26 Mai 2017
SOURCE WEB Par L’économiste
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