Collectivités locales, Santé et Enseignement ouvrent le bal de la grogne sociale : Rite d’initiation pour le nouveau gouvernement

Abdelhamid Fatihi : Ces grèves et marches sont des messages clairs pour dire que s’il n’y a pas de dialogue social, la situation risque de s’envenimer davantage
Le climat social risque d’être chaud durant les prochaines semaines. Deux appels à la grève et une marche ont été lancés par des syndicats du secteur des collectivités locales, de la santé et de l’éducation.
Ainsi, un débrayage est-il programmé aujourd’hui dans les collectivités locales à l'appel de l'UMT. Le personnel de celles-ci demande une augmentation des salaires indexée sur l’indice des prix des produits à la consommation et l’annulation de la réforme du régime des retraites ainsi que le retrait du projet de loi organique portant sur la réglementation du droit de grève.
La restitution des prélèvements effectués sur les rémunérations du personnel et la poursuite des responsables de la faillite de la Caisse marocaine des retraites (CMR) figurent également parmi les revendications des protestataires.
Mais, il n’y a pas que cela, le personnel des collectivités locales exige également la régularisation «immédiate» des diplômés employés par les collectivités locales sans être intégrés dans les échelles administratives idoines et la garantie de l’ensemble des droits des personnels des entreprises de gestion déléguée.
De son côté, la Fédération nationale de la santé affiliée à l’UMT a appelé à une grève nationale le 19 avril courant en vue de pousser les autorités publiques à solutionner le problème de l’équivalence scientifique et administrative qui se pose aux infirmiers diplômés des institutions de formation des cadres de la santé et à régulariser leur situation. Le syndicat insiste, en outre, sur la nécessité d’intégrer les titulaires des licences des 1er et 2ème cycles dans les échelles adéquates, à savoir les échelles 10 et 11 ainsi que la possibilité de leur permettre de parfaire leurs parcours scientifique et professionnel dans le cadre du système LMD.
Le Syndicat national de l’enseignement (SNE) affilié à la CDT compte, pour sa part, organiser, le 23 avril courant, une marche en signe de protestation contre le gel du dialogue sectoriel et l’absence d’une volonté réelle de réformer le système éducatif.
Ledit syndicat conteste également les tergiversations observées à propos de la promulgation du statut des fonctionnaires relevant du ministère de l’Education nationale, l’atteinte aux acquis des fonctionnaires en matière de régime des retraites et des libertés syndicales, la séparation entre la formation et l'embauche ainsi que l’imposition de frais d’inscription attentatoires au principe de la gratuité.
Face à cette réalité, le SNE exige une véritable réforme du système éducatif et l’amélioration des conditions matérielles, morales et professionnelles du personnel du MEN via une réponse positive aux doléances du personnel enseignant et le traitement équitable et rapide des dossiers de plusieurs catégories de cadres et d’enseignants.
« Le climat social est tendu depuis longtemps faute d’un dialogue social institutionnalisé et productif. Le précédent gouvernement a vidé le dialogue de son vrai sens et n’a pas pu mettre en place un accord social », nous a indiqué Abdelhamid Fatihi, secrétaire général de la Fédération démocratique du travail (FDT). Et de préciser : « Il est vrai que le climat a été moins tendu durant les six derniers mois mais il est appelé à s’accentuer avec la formation de la nouvelle équipe gouvernementale et la pression sociale sera poursuivie afin que le nouvel Exécutif réponde aux attentes de la classe ouvrière. Ces grèves et marches sont donc des messages clairs pour dire que s’il n’y a pas de dialogue social, la situation risque de s’envenimer davantage ».
Concernant les espoirs placés en la nomination du nouveau gouvernement, Abdelhamid Fatihi ne va pas par quatre chemins. « L’actuel Exécutif est la continuation de son prédécesseur et on ne croit pas qu’il y aura un grand changement. Il pourrait y avoir des changements au niveau des relations avec les parties prenantes ou dans le discours mais dans le fond, rien ne changera», nous a-t-il déclaré. Et de conclure : « Nous ne croyons pas que le gouvernement répondra favorablement aux attentes de la classe ouvrière et personnellement je crois que le climat social se tendra davantage. Notamment lors de la prochaine rentrée sociale ».
Le 13 Avril 2017
SOURCE WEB Par Libération
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