Embellie public-privé dans la croissance
Tout l’atteste : Le Maroc est sur une trajectoire de croissance touristique exceptionnelle avec une augmentation à fin Février de 17% par rapport à 2019. Une image forte et une visibilité mondiale suite à la Coupe du Monde 2022 et plus récemment notre candidature pour la Coupe du Monde 2030 avec l’Espagne et le Portugal en sont les contributeurs promotionnels majeurs. Malgré la fermeture des frontières pendant les premiers mois de l’année, le Maroc a réussi à accueillir 11 millions de touristes en 2022, ce qui représente un taux de récupération de 84% par rapport à 2019, tandis que la moyenne mondiale était de 63%. Les recettes en devises ont également atteint un record de 91 milliards de dirhams, soit une augmentation de 16% par rapport à 2019. De quoi être vraiment fiers de ces résultats qui ont permis de replacer le secteur du tourisme au centre des priorités gouvernementales.
Ce qui porte à dire que le tourisme peut être un vecteur de croissance économique durable et inclusif pour le Maroc, tout en respectant notre patrimoine naturel, culturel et humain. Points positifs favorisant d’ailleurs la signature de la convention cadre donnant le coup d’envoi à la feuille de route 2023-2026, qui ne peut, cependant, aboutir à bon escient qu’à 3 conditions majeures et déterminantes :
-Refonte de la gouvernance du secteur, et l’ancrage de la stratégie au niveau le plus haut de l’exécutif, avec une Commission Nationale Interministérielle du Tourisme (la CNIT), présidée par le Chef du Gouvernement. Elle s’appuie sur 2 commissions nationales (aérien, produit « offre / demande ») et 12 commissions régionales de suivi des plans régionaux. 10 Laboratoires d’impulsion public-privé seront créés pour le développement des filières, appuyés par des experts des filières touristiques ;
-Mise en place d’une structure d’animation centrale placée au niveau du Ministère et des structures d’animation régionales qui auront pour mission la coordination, l’animation et le suivi du déploiement de l’ensemble des chantiers de la feuille de route.
-Mobilisation des financements nécessaires, chose que nous avons réussi à faire, puisque nous avons sécurisé avec le Ministère de l’Économie et des Finances, une enveloppe de plus de 6 Mrds de dirhams. Je précise que cette enveloppe vient s’ajouter aux budgets accordés dans le cadre de la loi de Finance, ainsi qu‘aux investissements privés, aux subventions de la charte d’investissement, et à la contribution des autres parties prenantes (régions, collectivités territoriales).
En vérité, le tourisme marocain ne représente pas seulement 7 % du PIB, mais plutôt 12% contribution réelle, vu qu’il joue le rôle de locomotive pour d’autres activités, employant 5% de la population active et génère 90 milliards de dirhams de revenus en devises. Le secteur reste toutefois en-deçà de son plein potentiel, et est caractérisé par une triple concentration, sur :
-Les marchés émetteurs : les marchés européens représentent 70% ;
-Les destinations d’accueil : Marrakech et Agadir représentent 60% ;
-La saisonnalité des arrivées touristiques, focalisées sur le « soleil d’hiver » ;
En 2010, le déploiement de la vision Tourisme 2020 devait permettre d’atteindre un nouveau palier de croissance, avec l’ambition d’accueillir 20 millions de touristes. Le bilan est cependant mitigé, en raison des facteurs suivants :
-Un problème de gouvernance, résultant d’un manque de coordination entre les départements ministériels concernés, ainsi qu’entre les niveaux central etrégional ;
-Un déficit de synchronisation entre l’offre et la demande ;
-Une dispersion des efforts et des ressources ;
-La non-mobilisation d’une part du budget prévu pour la promotion et le soutien.
Mais en Octobre 2021, à l’arrivée du nouveau gouvernement, la situation du tourisme au Maroc était des plus précaires. Deux années de Covid, des frontières fermées, des professionnels désarmés, et une incertitude totale quant à l’avenir du secteur. Face à cette situation critique, il faut reconnaître que le département du Tourisme s’est immédiatement lancé dans un dialogue constructif avec les professionnels du secteur privé d’ailleurs très réceptifs et solidaires, dans le but de bâtir ensemble un plan d’actions ambitieux pour résister, relancer et réinventer notre industrie touristique.
Résister : Le premier objectif était d’atténuer l’impact de la pandémie sur les professionnels. Ainsi, 3 mois seulement après sa nomination, le gouvernement a adopté un plan d’urgence d’une enveloppe globale de 2 milliards de dirhams. La moitié a permis de maintenir les emplois et alléger les contraintes financières sur les professionnels. L’autre moitié a été dédiée aux établissements hôteliers classés, pour leur permettre de se préparer à la reprise. Environ 800 établissements hôteliers ont ainsi pu bénéficier de subventions conséquentes.
Relancer : En parallèle, il y a eu préparation de la relance, tout en mettant en place avec l’ONMT des plans offensifs en matière de promotion et d’aérien.
Véritable action d’éclat avec la fameuse campagne « Maroc, Terre de Lumière » dans 20 marchés émetteurs importants, avec pour objectif de repositionner le Maroc parmi les destinations mondiales les plus convoitées.
Sans oublier toutefois la mise en place d’un plan ambitieux pour stimuler les liaisons aériennes avec plusieurs marchés émetteurs, ouvrir de nouvelles dessertes et sécuriser plus de 4 millions de sièges pour la période estivale. Egalement le renforcement du partenariat avec les plus grands voyagistes et tour-opérateurs pour améliorer la programmation du Maroc et augmenter notre référencement digital sur les plateformes de réservation en ligne.
Réinventer : Allons-nous nous contenter de viser les 13 millions de touristes que nous avons accueillis en 2019? Ou allons-nous avoir l’ambition de viser plus haut, de viser plus grand ?
Après étude d’exemples des pays comparables tels que le Portugal, la Croatie, la Grèce et la Turquie, nations aux notoriétés semblables à celle du Maroc, on constate que ces nations ont su attirer les foules, contrairement à nous. Il suffit de jeter un œil à ces chiffres pour se rendre compte de la tragique réalité : entre 2010 et 2019, le Maroc n’a attiré que 3,6 millions de touristes supplémentaires, alors que la Croatie en a drainé 8 millions, le Portugal 10 millions, la Grèce 16 millions et la Turquie 19 millions.
C’est dans ce contexte et ce questionnement qu’a été lancée la réflexion sur la feuille de route, avec l’ensemble de la profession, soit une centaine d’opérateurs privés ainsi que tous les départements ministériels concernés. La conclusion a été unanime. Le temps est venu de sortir de notre torpeur et de faire preuve de plus d’ambition et d’audace, si nous voulions jouer dans la cour des grands.
Aujourd’hui, la vision est claire : doubler le nombre d’arrivées touristiques pour atteindre 26 millions en 2030, et positionner ainsi le Maroc parmi les plus grandes destinations mondiales.
La nouvelle feuille de route a pour ambition de remettre le secteur du tourisme au cœur des priorités nationales, avec une cible de 17,5 millions de touristes en 2026 (soit une croissance de 10% par an). L’objectif est de créer ainsi 200 000 emplois pérennes et d’atteindre le palier de 120 Md Dhs de recettes en devises.
Pour atteindre ces objectifs, le ministère du Tourisme entend agir sur tous les aspects essentiels, à savoir une nouvelle logique d’offre, 6 leviers transverses pour soutenir la feuille de route et des conditions de réussite fondamentales.
L’offre touristique a été ainsi repensée autour de l’expérience client, à l’instar des pays benchmarks. Ceci implique que nous passons d’une logique de destination à une logique de filière touristique pour offrir une expérience touristique transverse et diversifiée. D’où l’identification de 9 filières thématiques, et 5 filières transverses.
En parallèle, 6 leviers de compétitivité, indispensables pour la réalisation des objectifs ont également été identifiés :
-Doubler la capacité aérienne et multiplier les liaisons point à point domestiques et internationales,
-Renforcer la promotion et la distribution et développer des partenariats stratégiques avec les plus grands tour-opérateurs et voyagistes mondiaux,
-Stimuler l’investissement dans l’animation, à travers des produits d’animations culturelles et de loisirs attractifs. Avec la SMIT, a déjà été réorientée une partie des investissements sur l’appui aux TPME dans le domaine de l’animation. Aussi, identification de 14 projets locomotives d’animation à fort impact qui seront lancés à travers un partenariat public-privé, tels que des parcs d’attraction, un Musée d’envergure internationale, et un Parc naturel aménagé.
-Consolider l’offre hôtelière en mettant à niveau le parc hôtelier existant tout en créant de nouvelles capacités, avec la reprise de 40.000 lits de plusieurs hôtels en difficulté et ce, en collaboration avec Fonds Mohammed VI.
-Renforcer le Capital humain pour améliorer la qualité de service et augmenter le taux de retour des touristes, à travers la formation de talents de haut niveau, en adéquation avec les besoins du marché et en y impliquant la secteur privé pour créer les conditions nécessaires au recrutement, épanouissement, formation et fidélisation de ces talents qui sont essentiels à l’expérience client.
-Renforcer l’Observatoire du Tourisme pour en faire un outil de pilotage efficient et d’aide à la décision.
Le 23 Mars 2023
Source web par : premiumtravelnews
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