Cri d’alarme des agences de voyages

Les voyagistes auront beau tirer la sonnette d’alarme sur les incidences négatives qu’aura le nouveau texte de loi relatif à la vente des voyages sur les agences de voyages marocaines structurées, rien n’y fait. Malgré les explications apportées par le collectif national des voyagistes, le nouveau texte de loi, proposé par l’ex-ministre du Tourisme Lahcen Haddad, filtre tranquillement parmi les mailles des administrations concernées et a de fortes chances d’être adopté par la Chambre des Conseillers.
Argumentaire de jadis de Haddad : Son texte de loi porte sur la réforme du secteur, prévue dans le cadre de la vision 2020, tendrait à structurer cette activité et la réglementer, d’où son introduction précipitée auprès du Secrétariat général du gouvernement.
Ce texte fait toutefois redouter le pire aux agents de voyages s’il arrive à être appliqué. Or, le ministre du Tourisme affirme que l’élaboration des idées du nouveau texte a été copartagée avec les professionnels, tant au niveau des enjeux majeurs du secteur que dans la mise en place d’un système de gradation de la licence d’agent de voyages en fonction de l’activité et de la responsabilité engagée.
Et nouveau texte de loi ou pas, la loi actuelle qui coordonne le métier d’agent de voyages est en elle-même discutable vu son caractère suranné et désuet puisqu’elle est vieille de plus de 20 ans et ne répond plus aux besoins du moment, il aurait été donc logique que ce soit les professionnels qui proposent la refonte de leur loi, mais ça c’est une autre histoire.
Il est vrai que ce projet de loi a pris de court les voyagistes, mais il faut savoir qu’il est prévu dans le contrat programme vision 2010 et en gestation depuis 2007, après deux études qui lui ont été consacrées. IL est regrettable, que les différents présidents qui se sont succédé depuis à la tête de la FNAVM, ne se soient donné la peine de plancher sur le sujet.
Depuis, un comité de suivi a été mis en place, mettant l’accent sur les ajustements et les mesures d’accompagnement des propositions soumises relatives au nouveau texte de loi, avec souvent un argumentaire pertinent à même de convaincre le Ministère, afin que le texte final qui sera proposé au parlement reflète une position commune Public-Privé.
De l’avis d’un voyagiste casablancais, le fameux texte de loi, d’une trentaine d’articles, a été mis sous la loupe par plusieurs confrères, dans le cadre de leurs structures associatives, en soulevant remarques et critiques le rendant pratiquement inopérant, voire en décalage avec la réalité du secteur. D’autant plus que c’est du « copier-coller » à partir de la loi française du secteur des agences de voyages».
Or, l’administration du Tourisme ne l’entend pas de cette oreille, le projet de loi, héritage de Haddad, se propose, selon elle, d’innover en prévoyant deux types de licence, A et B. Mais c’est la licence de type B qui, paraît-il, pose problème. Elle est délivrée aux personnes physiques ou morales qui exercent, accessoirement à leur activité principale, une ou plusieurs activités d’agent de voyages, telles que prévues par l’article 3. « Sa délivrance n’est soumise à aucune disposition d’un local, comme pour l’agence de type A. S’agissant des personnes physiques qui peuvent y prétendre, la condition d’âge fixée est de 21 ans. Toutefois, la loi N° 31–96, actuellement en vigueur, prévoit un âge minimum de 23 ans, un local approprié et la justification d’un diplôme du 2éme cycle des établissements supérieurs du département du Tourisme, ainsi qu’une expérience de deux ans dans une agence de voyages, ou encore un diplôme de 1er cycle de ces mêmes établissements (option « techniques de production et de vente »), assorti d’une expérience de 4 ans dans une agence de voyages ou, enfin, une expérience professionnelle d’au moins sept ans (directeur technique ou commercial, chef d’agence de voyages) pour ceux ne disposant pas de diplôme. C’est dire que la rédaction de l’article 5 du projet de loi est surprenante pour ce qui est de l’âge de 21 ans, ne tenant pas compte du cursus de formation supérieure ou professionnelle (4+2, 2+4 + 7) », souligne un autre voyagiste de Rabat.
Même chose pour l’article 7 sur les modalités de délivrance de la licence d’agent de voyages qui semble excéder les voyagistes, puisqu’il tourne, selon Amal Karioun, le dos à l’esprit de la nouvelle Constitution qui a consacré l’implication et la participation des professionnels à l’élaboration et à la finalisation des textes régissant leurs activités. « La réforme qui doit prévaloir est celle–là même qui a été retenue pour la délivrance de la carte professionnelle de journaliste par une commission formée de professionnels ou encore dans d’autres secteurs. C’est, en effet, aux agents de voyages justifiant de titres leur permettant d’opérer dans leur domaine qu’il appartient de se prononcer sur les conditions et modalités de délivrance de cette carte ».
En résumé, ce projet de loi est, aux yeux des voyagistes, inconséquent, largement calqué sur la loi française, décalé, en retard sur l’état des lieux tel qu’il existe dans la profession des agents de voyages et, plus globalement, dans l’industrie touristique en pleine mutation.
Les propositions et amendements apportés par les voyagistes aboutiront-elles pour garantir la pérennité de la profession structurée ? Feront-elles entendre raison et limiter les dégâts ? Les professionnels y comptent beaucoup, sinon c’est la descente aux enfers et la syncope pour tout un métier, épine dorsale de l’industrie des voyages à employabilité extraordinaire et autour duquel gravite tout un maillon de corps de métiers touristiques.
Le 09 juillet 2018
Source web Par Premium Travel News
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