Le dollar monte face au dirham, qui gagne et qui perd?

Le dollar a augmenté de 2,70% face au dirham en un mois. Cette évolution divise les opérateurs marocains entre gagnants et perdants. Ces derniers se couvrent de plus en plus contre le risque de change.
Depuis le début du mois de mai 2018, le dirham a remarquablement baissé face au dollar, tout en s’appréciant vis-à-vis de l’euro.
En détails, selon les données de Bank Al-Maghrib (cours virement-fixing), la parité USD/MAD est passée de 9,246 dirhams pour un dollar au 25 avril 2018 à 9,496 dirhams pour un dollar au 25 mai de l’année en cours, soit une hausse de 2,70% en un mois.
Face à l’euro, le dirham a gagné 1,6% en un mois, en passant de 11,266 (observé le 25 avril) à 11,086 dirhams pour un euro au 25 mai 2018.
Source: Bank Al-Maghrib
Il faut situer le comportement de la monnaie nationale dans le contexte international vu qu’il est lié au combat entre l’euro et le dollar, comme nous l’a confirmé Mustapha Rida Sbai, responsable desk change au sein de BMCE Capital Markets. Ce dernier précise que "la baisse du dirham face au dollar est due principalement à la baisse de l’euro par rapport au dollar sur les marchés internationaux et non pas à la liquidité du marché marocain. Au contraire, la position des banques marocaines est très confortable".
En effet, après avoir gagné du terrain en début d’année face au dollar, la monnaie unique s’est significativement dépréciée, spécialement courant ce mois de mai.
La parité EUR/USD a baissé de 4% en un mois, passant de 1,22 dollars pour un euro au 25 avril 2018, à 1,17 dollars pour un euro au 25 mai. (Voir graphique ci-dessous)
Evolution de la parité EUR/USD
Notre interlocuteur estime également que la baisse du dirham face au dollar "n’est vraiment pas alarmante". D’ailleurs, M. Sbai tient à préciser que "le dirham traite toujours au milieu de la bande de fluctuation fixée par la Banque centrale (+ ou - 2,5% par rapport au cours central), si ce n’est à l’intérieur de l’ancienne fourchette (+ ou - 0,3%)".
Quid de l’impact de la baisse de la parité USD/MAD ?
Le recul du dirham face au dollar fait des gagnants et des perdants.
En effet, cette baisse pénalise les opérateurs qui importent des marchandises libellées en dollar.
D’après les dernières statistiques des échanges commerciaux par devise de facturation, élaborées par l’Office des changes (OC), les importations facturées en dollar représentaient 41% du total à fin 2016. Elles sont constituées principalement des produits pétroliers qui représentent près de 28% de ces importations.
Les importations de blé, qui sont facturées également en dollars, représentent 3% de ces importations.
Selon la même source, les produits facturés presque entièrement en dollar sont : le gaz de pétrole et autres hydrocarbures (100%), soufres bruts et non raffinés (100%), les avions et autres véhicules aériens ou spatiaux (100%) et le sucre brut ou raffiné (99,9%).
Importations facturées eu Dollar US
Source: Office des changes
Les importateurs marocains en dollar sont, dans ce contexte, censés couvrir leurs opérations contre le risque de change.
M. Sbai nous a confirmé que "nous avons remarqué au sein de notre salle des marchés que des importateurs en dollar ont opté durant ce mois pour des couvertures contre le risque de change suite à cette hausse du dollar".
Toutefois, il souligne que "ce ne sont pas des mouvements très erratiques". Il n’y a pas de ruée vers les couvertures.
Qui profite de la baisse de la paire USD/MAD ?
Bien évidemment, le recul de la monnaie nationale face au dollar américain favorise les entreprises qui exportent des biens et des services libellés en dollar.
Toujours selon les statistiques de l’OC, les exportations facturées en dollar représentent 30% du total. Elles sont principalement constituées des phosphates et dérivés qui représentent à elles seules 65,1% de ces exportations et qui sont facturées presque totalement en cette devise.
Exportations facturées en Dollar US
Le 27 Mai 2018
Source Web : Le Boursier
Les tags en relation
Les articles en relation

Bank Al-Maghrib injecte 40 milliards de dirhams sur le marché monétaire
Bank Al-Maghrib a injecté un montant de 40 milliards de dirhams sur le marché monétaire sous forme d'avances à 7 jours sur appel d’offres durant la se...

Libération du compte de réserve : injection d’environ 10 milliards dans le secteur bancaire
La libération intégrale du compte de réserve au profit des banques décidée par le Conseil de Bank Al-Maghrib se traduira par une injection d’à peu près...

Les lois organiques sur l'Amazigh et le Conseil des langues promises pour juin
En attente d’adoption depuis 2016, les deux projets de lois organiques relatifs au caractère officiel de l’Amazigh et au Conseil national des langues et de...

Les IDE et les transferts des MRE ne connaissent pas la crise
Le contexte difficile, marqué par la crise sanitaire du Covid-19, ne freine ni les transferts d’argent des MRE, ni les Investissements directs à l'étra...

Petit tassement des exportations textile-habillement à fin septembre 2019
Selon les statistiques de l’Office des Changes, les exportations du secteur textile ont reculé globalement de 1%. La contre-performance est jugée accidentel...
Urgent. La Samir condamnée à 18 milliards de DH pour infraction à la règlementation des changes!
Le jugement a été rendu le 26 juillet 2018. La Samir était poursuivie, entre autres, pour transferts et paiements irréguliers de devises. Les ennuis s’...

Commerce extérieur: l'automobile continue de tirer les exportations
Les derniers chiffres de l'Office des changes, relatifs aux échanges extérieurs des quatre premiers mois de 2018, montrent une augmentation des importatio...

Bank Al-Maghrib: ce qu'il faut savoir sur les nouveaux statuts
Mohamed Boussaid, ministre de l’Économie et des finances, vient de présenter le projet de loi portant sur les nouveaux statuts de Bank Al-Maghrib devant la ...

Selon les chiffres provisoires de l’Office des changes : L’Irlande, 1er investisseur étranger a
Les investissements espagnols poursuivent leur reprise au Maroc. Le flux des IDE s’est légèrement redressé par rapport à 2017 pour avoisiner les 2 milliar...

Voici les raisons pour lesquelles le gouvernement Akhannouch renonce à la taxe sur les superprofits
Au cours d’un point de presse organisé hier, mardi 25 octobre 2022, autour du Projet de loi de finances (PLF) 2023, le ministre délégué en charge du Budge...

Tourisme : des recettes records à fin septembre
Ces recettes ont dépassé le niveau atteint à fin septembre 2019 (près de 60,15 MMDH), indique l’Office des changes dans son récent bulletin sur les indic...

Les sociétés de financement optimistes pour l'année 2019
Malgré une conjoncture très difficile marquée, en 2018, par une montée des créances en souffrance, les opérateurs estiment que l’année 2019 s'annon...