L’Inde menacée par l’épuisement de ses nappes phréatiques

Dès 2016, un rapport commandé par le gouvernement sur la réforme de la politique de l’eau avait mis en garde contre une catastrophe à venir. Eau boueuse extraite d’un puits à Vadhvan, dans l’Etat de Gujarat (Inde), le 19 avril.
La pénurie d’eau alimente la colère en Inde. Samedi 5 mai dans le Karnataka, des paysans souffrant de la sécheresse ont manifesté contre la libération d’une partie du débit du fleuve Cauvery vers le Tamil Nadu voisin. A New Delhi, le Parti du peuple indien (BJP), qui siège dans l’opposition à l’assemblée régionale, a organisé une manifestation, vendredi 4 mai, pour alerter sur le danger de la « crise de l’eau » en pointant sa pénurie et sa piètre qualité.
« Des gens meurent et pourtant vous n’avez pas l’air de vous en inquiéter », ont récemment lancé les juges de la Cour suprême aux représentants des Etats de l’Haryana et de Delhi, qui se disputent le partage du débit du fleuve Yamuna, leur enjoignant de s’entendre pour éviter les émeutes. La rareté de la ressource est à l’origine d’un nombre croissant de conflits : émeutes meurtrières à Delhi en 2016, tension diplomatique avec les voisins chinois ou pakistanais, marche de dizaines de milliers d’agriculteurs sur Bombay en mars. Le Forum for Policy Dialogue on Water Conflicts in India en a dénombré au moins 350 dans tout le pays.
Elle exacerbe également les tensions entre agriculteurs et industriels, entre populations rurales et urbaines ou même entre basses castes et propriétaires terriens. Dès 2016, un rapport commandé par le gouvernement sur la réforme de la politique de l’eau avait mis en garde contre une catastrophe à venir. « Les conflits entre les différents usages de l’eau et leurs consommateurs augmentent de jour en jour, alertaient les auteurs. Si la demande continue au même rythme, alors la moitié de la demande en eau ne sera pas satisfaite d’ici à 2030. »
L’origine de cette crise est pourtant parfaitement identifiée : l’épuisement des nappes phréatiques. « Contrairement à la pollution des rivières ou à l’assèchement des bassins, cet épuisement est invisible et attire donc moins l’attention des médias et des politiques », déplore Philippe Cullet,...
Le 07 Mai 2018
Source Web : Le Monde
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