Gestion de l’eau au Maroc : défis et solutions face au stress hydrique
La gestion des ressources hydriques au Maroc est au cœur des préoccupations, comme le souligne un récent rapport alarmant de la Cour des comptes. Entre sécheresses persistantes, surexploitation des nappes phréatiques et retards dans les projets stratégiques, la situation exige une mobilisation urgente et coordonnée. Fouad Amraoui, professeur-chercheur en hydrologie à l’Université Hassan II, analyse les défis liés au stress hydrique et propose des solutions axées sur l’innovation, les réformes et la gestion intégrée pour assurer la sécurité hydrique du Royaume.
L’irrigation localisée : un levier sous-exploité
Le rapport indique que 50 % des surfaces irriguées au Maroc utilisent des systèmes de goutte-à-goutte, grâce à des subventions pouvant couvrir jusqu’à 100 % des coûts pour les petites exploitations. Cependant, cette avancée est freinée par l’absence d’obligation légale et des procédures complexes. Pour étendre cette méthode efficace, il est essentiel de simplifier les démarches administratives et de rendre le goutte-à-goutte obligatoire, y compris pour les petites parcelles, afin de réduire le gaspillage d’eau.
Réutilisation des eaux usées : une opportunité à encadrer
Malgré les progrès réalisés avec 175 stations de traitement des eaux usées, leur réutilisation en agriculture reste marginale. Ce retard est lié à l’absence de normes claires et à la contamination des eaux par des mélanges domestiques et industriels. Fouad Amraoui préconise de séparer ces flux pour sécuriser leur usage. Les eaux usées traitées pourraient ainsi être utilisées pour l’arboriculture et les cultures fourragères, tout en évitant celles consommées crues.
Accélérer les projets de barrages et de dessalement
La construction de barrages et d’usines de dessalement souffre de retards en raison de contraintes foncières, de défaillances des entreprises et des complexités des contrats public-privé. Pour pallier ces obstacles, il est crucial de renforcer la fiabilité des partenaires, d’anticiper les contraintes et de structurer les projets avec des engagements clairs de toutes les parties.
Vers une résilience hydrique face au changement climatique
Le Plan national d’alimentation en eau potable et d’irrigation 2020-2027 propose des solutions prometteuses, telles que l’interconnexion des bassins hydrauliques, le recours au dessalement et l’amélioration des réseaux de distribution. Cependant, la recherche scientifique doit être davantage soutenue pour anticiper les défis futurs. En renforçant les capacités de recherche et en développant des solutions innovantes, le Maroc peut espérer garantir un accès durable à l’eau pour les générations à venir.
Conclusion : La sécurité hydrique du Maroc repose sur une approche combinant réformes structurelles, innovations technologiques et gestion durable. Face aux défis croissants du changement climatique, l’action rapide et coordonnée reste essentielle pour préserver cette ressource vitale.
Le 21/12/2024
Rédaction de lanouvelletribune
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