Industrie de l'énergie renouvelable : heureux comme Siemens au Maroc !
Une nouvelle usine à construire à Tanger, un appel d'offres gagné dans le domaine de l'éolien : l'industriel allemand a de quoi apprécier le marché chérifien.
Nouveau succès pour Moulay Hafid El Alamy, ministre marocain de l'Industrie. Siemens a confirmé le 17 mars 2016 sa décision d'investir 100 millions d'euros dans la construction d'une usine de 37 500 m² à Tanger. Le même jour Nareva, filiale de la holding royale SNI, confirme également avoir remporté en consortium avec Siemens et Enel Energy l'appel d'offres pour la réalisation de 5 parcs éoliens d'une capacité totale installée de 850 MW dans tout le Maroc
Ensemble, ils vont financer (12 milliards de dirhams), réaliser et exploiter progressivement cinq parcs éoliens à Midelt (150 MW), Tiskrad (300 MW), Tanger (100 MW), Jbel Lahdid (200 MW) et Boujdour (100 MW). La mise en service intégrale est prévue pour 2020 et l'énergie électrique sera vendue, par un contrat de fourniture de 20 ans, à l'Office national de l'Électricité.
Dans ce consortium, Siemens aura la charge de produire les 1 000 pales de rotor nécessaires aux 350 à 400 éoliennes que devraient compter, au total, les 5 sites. Avec une capacité de 600 pales par an, la nouvelle usine Siemens va dédier la majeure grande partie de sa production à l'export. Elle sera ainsi située sur le site de la zone franche Tanger Automotiv City, à 35 kilomètres du port de Tanger Med, près de laquelle opère déjà Renault depuis 2012. Elle devrait être opérationnelle à la fin du printemps 2017.
70 % d'intégration locale
Grâce à cette implantation industrielle, « le taux d'intégration industrielle, reflétant la part de l'investissement réalisé par les entreprises marocaines, devrait doubler pour atteindre 70 % contre 35 à 40 % seulement dans les projets de production d'électricité d'origine renouvelable précédents », indique Nareva dans un communiqué publié le 10 mars 2016. 700 emplois devraient être créés.
La décision de Siemens est une nouvelle victoire pour la politique industrielle marocaine. En 2014, devant le succès très limité rencontré par le plan Émergence industrielle 2005-2020, Moulay Hafid El Alamy, ministre de l'Industrie et du Commerce, a lancé le plan d'accélération industrielle. Le principe de cette nouvelle stratégie est simple : attirer des multinationales qui doivent servir de locomotives et tirer derrière elles tout l'écosystème industriel local. Il s'agit de faire venir les fournisseurs étrangers de ces multinationales, mais également de permettre aux PME marocaines de remonter progressivement la chaîne des fournisseurs.
Cette politique, basée sur des avantages incitatifs fiscaux et fonciers, a connu de beaux succès dans l'aéronautique et l'automobile. Le secteur aéronautique au Maroc compte aujourd'hui une centaine d'entreprises – étrangères dans leur immense majorité. En 2012, l'avionneur canadien Bombardier a investi dans une usine de montage à Casablanca, entraînant avec lui ses fournisseurs. La même année Renault a inauguré une première usine de montage de 700 millions d'euros près de Tanger Med. L'an dernier, Peugeot, a à son tour annoncé l'installation prochaine d'une usine à Kenitra, au nord de Rabat.
Préférence nationale
Au-delà de la diplomatie économique et des avantages offerts aux investisseurs étrangers, le Maroc utilise un autre levier majeur : les grands investissements publics. Le décret sur les marchés publics adopté en 2013 stipule que les commissions d'appel d'offres peuvent décider de majorer de 15 % maximum le montant des offres déposées par des entreprises étrangères. Ainsi, par la taille des projets, les pouvoirs publics attirent les multinationales, et par la préférence nationale ils les poussent à accrocher à leur suite quelques sociétés marocaines comme des wagons.
« Les bailleurs de fonds internationaux sont très réticents vis-à-vis de la préférence nationale et exigent que la concurrence soit la plus ouverte possible. On a beaucoup de retard dans le lancement de la deuxième et troisième phase de la centrale solaire Noor à cause de cette clause de sourcing. Je sais que le Masen a beaucoup bataillé », révélait Ahmed Sqalli, président de L'Association marocaine des industries solaires et éolienne à l'automne 2015.
Mailler multinationales et petites et moyennes entreprises
Le Maroc joue également la carte : gros marchés publics contre implantation industrielle. Comme Siemens, Bombardier Transport a bien l'intention de l'actionner. « Baser un contrat sur un prêt concessionnel [comme la France l'a offert lorsque le Maroc a choisi Alstom pour la première LGV, NDLR] permet de réduire le coût de son investissement, mais il n'offre aucune création de valeur locale, n'a aucun impact en termes de filière de production, rappelait très à propos Taoufiq Boussaid, président de Bombardier Transport Maroc, en janvier 2016. Il est possible de passer à une politique de production locale, avec des embauches locales, des effets sur la valeur ajoutée du secteur. »
Tout l'enjeu est désormais de parvenir à mailler les multinationales avec les PME marocaines. « Le Maroc mise uniquement sur les bas salaires et les infrastructures pour développer son industrie aéronautique en attirant les IDE, mais je pense que c'est dangereux. Il faut que les sociétés marocaines apprennent, absorbent le savoir-faire des sociétés étrangères dans le cadre des joint-ventures pour être indépendantes et viables seules, le jour où elles partiront. Le Maroc ne doit pas être un « abri » d'entreprises, mais il doit développer l'apprentissage organisationnel et apprendre de son partenaire étranger », insistait Omar Tijani, professeur en gestion d'entreprises à la faculté de Larache et chercheur associé Université de Pau et des Pays de l'Adour, au moment de l'inauguration du Midparc, zone franche industrielle dédiée à l'aéronautique près de l'aéroport de Casablanca en 2013.
Le 17 Mars 2016
SOURCE WEB Par Atlas Info
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samedi 19 mars 2016
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