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Sahara marocain : La grande hésitation française !

Sahara marocain : La grande hésitation française !

A voir le flou artistique qui règne sur les raisons qui empêchent la France de reconnaître la marocanité du Sahara, les circonvolutions diplomatiques pour justifier une telle hésitation, force est de constater que l’axe Paris Rabat n’est pas près de sortir de cette zone de turbulences froides qui le caractérisent depuis de longs mois. Bien au contraire, sans tournant français sur cette question, le fossé risque de se creuser davantage entre les deux pays.

Il y a une vérité diplomatique difficile à cacher aujourd’hui. Paris est tiraillée entre sa relation stratégique avec le Maroc et ses liaisons contraintes avec l’Algérie. La diplomatie française ne peut envisager une accélération dans sa relation avec le Royaume sans prendre en considération les possibles impacts sur ses liens avec l’Algérie.

Cette réalité était sourde, implicite durant les mandats des autres présidents français. Elle est apparue au grand jour durant les deux mandats d’Emmanuel Macron. Plusieurs raisons l’expliquent dont le tropisme assumé de la présidence française à l’égard de l’Algérie.

Depuis son arrivée l’Elysée, Emmanuel Macron s’est mis en tête de laisser son empreinte dans l’histoire française comme le président qui a pu réaliser une réconciliation mémorielle avec son ancienne colonie, l’Algérie, dont la séparation fut sanglante et douloureuse.

Cette posture a certainement un prix politique. Alger dont le régime est d’une grande fragilité, démuni de toute légitimité politique, confronté à une contestation interne sans précédent, apparaît au contraire très fréquentable aux yeux de Paris.

Et malgré toutes les critiques formulées par Emmanuel Macron lui-même sur » ces rentiers de la mémoire » qui dirigent l’Algérie, Alger trouve grâce aux yeux de la diplomatie française qui lui passent tous les excès et toutes les violations, pourvu que la réconciliation mémorielle réalise les progrès qui assurent à Macron une place dans l’histoire.

Cette relation si particulière entre L’Algérie et la France sera mise en scène bientôt avec la visite du patron de l’armée algérienne, Saïd Chengriha à Paris. Une visite aussi rare qu’inédite mais qui fait couler beaucoup d’encre dans le sérail franco-algérien.

Pour beaucoup d’observateurs et de partenaires étrangers de l’Algérie, dont Paris, perçoivent Saïd Chengriha comme le véritable détenteur du pouvoir en Algérie. Abdelmadjid Tebboune constitue simplement une fausse façade civile d’un pouvoir militaire lourdement contesté par les Algériens eux-mêmes.

Quand l’administration américaine voulait faire passer un message au régime algérien, c’est à travers une rencontre aussi étrange qu’inédite entre l’ambassadrice Elisabeth Moore Aubin et Saïd Chengriha que l’affaire des manœuvres militaires avec les russes et la voyage de Tebboune à Moscou ont été réglés.

Et quand Paris veut préparer le cadre politique de la prochaine visite du président algérien en France prévue en mai prochain, c’est avec Saïd Chengriha, homme fort et incontournable interlocuteur, que la concertation est réalisée.

Avec Paris, Saïd Chengriha va élaborer les contours du nouveau deal politique et sécuritaire que le régime algérien propose aux Français suite aux récentes visites d’Emmanuel Macron et D’Elisabeth Borne à Alger.

L’importance de ces déplacements algériens en France est qu’ils interviennent dans un contexte politique particulier où la diplomatie marocaine cherche à convaincre la France de sauter le grand pas de la reconnaissance de la souveraineté du Maroc sur son Sahara comme l’avait fait l’administration américaine sous le républicain Donald Trump et confirmé par le démocrate Joe Biden.

Ce scénario de la France qui reconnaît officiellement la souveraineté pleine et entière du Maroc sur son Sahara est cauchemardesque pour le régime algérien. Car les militaires algériens savent que Paris détient le dernier clou dans le cercueil du rêve séparatiste. Si la diplomatie française adopte clairement la posture américaine, elle entraînera derrière elle l’ensemble de l’architecture européenne.

Et parce que la France possède encore ce poids et cette capacité d’entraînement européen que le régime algérien est en train de jouer son va-tout avec Paris en donnant toutes les concessions politiques économiques et stratégiques possibles et imaginables. Le but ultime étant d’empêcher la France de se ranger du côté du Maroc dans sa lutte pour recouvrer son unité territoriale.

Toute la question est de savoir aujourd’hui jusqu’à quand ce tiraillement de Paris entre Alger et Rabat est encore politiquement soutenable. Signe de la persistance de cette difficulté : Au moment même où la France se prépare à accueillir le président algérien, elle trouve une énorme difficulté à caler la date d’une visite d’Emmanuel Macron au Maroc.

Cet état de fait traduit une énorme hésitation française dans le dossier du Sahara. Tenir le manche par le milieu, soutenir publiquement l’option de l’autonomie pour faire plaisir aux Marocains sans déclarer ouvertement la marocanité du Sahara pour ne pas provoquer l’ire des Algériens, telle est l’actuelle approche française à l’égard d’une région où le clair obscur, la zone grise, le double langage ne sont plus de mise.

Le 23 Janvier 2023

Source web par : Hespress

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