Le sorgho, une réponse face au réchauffement climatique
Moins gourmand en eau que le maïs, le sorgho commence à trouver sa place dans les assolements. Au Space, une association de producteurs américains a partagé ses intérêts, tant pour l’alimentation animale qu’humaine.
Aux États-Unis comme en Europe, les aléas climatiques sont en augmentation, notamment les épisodes caniculaires. De plus en plus d’agriculteurs se lancent dans la culture de sorgho, pour l’alimentation animale comme humaine. C’est le cas aux États-Unis, où le Kansas et le Texas concentrent 86 % de la production de sorgho.
Plante en C4, comme le maïs, le sorgho conserve un très bon rendement photosynthétique en conditions chaudes et sèches. Le sorgho est d’ailleurs l’une des plantes cultivées les moins exigeantes en eau. Il suffit de 170 mm au sorgho pour produire du grain, alors qu’il en faut 280 mm au maïs, souligne Shelee Padgett, du United Sorghum Checkoff Program. Le sorgho a la capacité « sit and wait » c’est-à-dire que s’il manque d’eau, le sorgho arrête son développement, sans sénescence, et le reprend à la pluie suivante.
En cas d’aléas importants, on prend moins de risques économiques avec un sorgho qu’un maïs car il demande peu d’intrants. Le sorgho a aussi des intérêts environnementaux. Après la récolte des graines, il reste beaucoup de résidus végétaux qui seront incorporés au sol. « C’est favorable pour la teneur en matière organique du sol et ça diminue l’érosion », souligne Shelee Padgett. Son système racinaire profond et efficace est aussi un atout pour la structure du sol. Aux États-Unis, 74 % de la culture de sorgho est en agriculture de conservation des sols.
Des débouchés en hausse
Le sorgho trouve des débouchés en alimentation humaine comme animale. Pour l’alimentation humaine, sous forme de farine ou de grains soufflés, le sorgho est reconnu pour ses intérêts nutritionnels car il est riche en protéines et en anti-oxydants. Il est aussi sans gluten. « Sa forte teneur en fibres contribue à réduire le taux de sucre dans le sang », complète Florentino Lopez, de Creando Manana Consulting.
Aux États-Unis, comme en France, la quasi-totalité des sorghos sont désormais sans tanins, ces facteurs antinutritionnels qui diminue la digestibilité.
En nutrition animale, « il est très interchangeable avec du maïs », souligne Florentino Lopez. C’est une excellente source de protéines et d’énergie. Par rapport au maïs, le sorgho présente une meilleure teneur en phosphore digestible, ce qui diminue les rejets dans les effluents. En volailles, une alimentation avec du sorgho au lieu du maïs donne une chair plus blanche, ce qui est apprécié par les consommateurs. Pour les bovins, les sorghos mono ou multi-coupes peuvent être ensilés ou pâturés.
Le sorgho commence à faire sa place dans les rotations françaises et européennes, notamment dans les zones soumises à des étés chauds et secs.
« Je cultive du sorgho pour le donner sous forme d’ensilage à mes bovins, témoigne un éleveur des Deux-Sèvres. Je n’ai pas arrêté le maïs. Si la pluviométrie est suffisante, le maïs me donnera un meilleur rendement. Par contre, et c’est de plus en plus le cas, si la pluviométrie manque, le sorgho me permettra de constituer un minimum de stocks. C’est une sorte d’assurance face à la sécheresse ».
La production de grains répond aussi à une demande croissante pour l’alimentation humaine. « Déjà, la France exporte du sorgho vers l’Italie pour y produire des pâtes sans gluten », partage Florentino Lopez.
Le 01/11/2022
Source web par : terre-net
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