Huile d'olive au Maroc : L'effondrement de la production pousse à l'importation pour stabiliser les prix

Après l'importation du bétail, de l'ovin et des poules pondeuses, le gouvernement Akhannouch envisage désormais d’autoriser l’importation d’huile d’olive. Cette décision vise à contrer l’effondrement brutal de la filière oléicole nationale, qui a entraîné une flambée des prix, devenant inaccessibles pour de nombreux consommateurs.
En seulement un an, le Maroc est passé de restreindre ses exportations d’huile d’olive à envisager son importation. Un changement radical pour un pays qui, avant la pandémie de Covid-19, figurait parmi les 10 plus grands producteurs mondiaux d’huile d’olive, avec une production record de 140 000 tonnes lors de la campagne 2020-2021. Aujourd’hui, la chute est vertigineuse.
En octobre 2023, le gouvernement avait instauré une autorisation d’exportation limitée pour stabiliser les prix. Mais un an plus tard, confronté à une baisse drastique des récoltes, principalement due à la sécheresse, le ministère de l'Agriculture envisage l'importation pour réguler le marché. La production d’huile d’olive pour la campagne 2023-2024 a chuté d’un tiers, passant de 120 000 tonnes en 2022 à seulement 80 000 tonnes. Ce déclin a été aggravé en 2024 par la rareté des précipitations, les vagues de chaleur printanières, des épisodes de grêle dans certaines régions, ainsi que le séisme d'El Haouz en septembre 2023.
Cette série de catastrophes a transformé l’huile d’olive, autrefois abondante et accessible, en un produit presque de luxe. Le prix de l’huile vierge courante, auparavant vendu entre 50 et 60 dirhams le litre, a bondi à 90 voire 100 dirhams. Quant à l’huile extra vierge, elle atteint désormais 120 à 130 dirhams, rendant ce produit essentiel de la cuisine marocaine trop coûteux pour de nombreux ménages.
Rachid Benali, président de la Fédération interprofessionnelle marocaine de l’olive, a tiré la sonnette d’alarme, appelant à limiter l’exportation pour éviter une nouvelle flambée des prix. Avec une baisse de production de près de 50 %, certains prédisent que l'huile d'olive pourrait atteindre jusqu'à 150 dirhams par litre.
Pour répondre à cette crise, le ministre de l’Agriculture, Mohamed Sadiki, envisage d’ouvrir les vannes à l’importation, offrant une nouvelle opportunité aux importateurs qui se tournent vers des pays comme l’Espagne, l’Italie ou la Grèce, eux aussi affectés par la sécheresse mais capables de maintenir leurs niveaux de production.
Cette situation met en lumière les faiblesses structurelles de la filière oléicole marocaine, qui, malgré les soutiens massifs du Plan Maroc Vert (PMV), se retrouve en difficulté. Le basculement d’une filière florissante à une crise majeure en quelques années soulève des interrogations sur l'efficacité des politiques agricoles mises en place depuis 2008. Accuser uniquement la sécheresse ne suffit plus : il est temps d'examiner les causes plus profondes de cet effondrement.
Le 07/10/2024
Rédaction de l’AMDGJB Géoparc Jbel Bani
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