Round-up : une vingtaine de stations de dessalement à l’horizon 2030, 9 déjà en service
ROUND UP. Dans le cadre de sa stratégie pour faire face à la raréfaction de l’eau, le Maroc mise, entre autres, sur le dessalement d’eau de mer et la déminéralisation d'eau saumâtre. Au moins une vingtaine de stations seront mises en place d'ici 2030. Certaines sont déjà en cours de réalisation, tandis que de nouveaux marchés viennent d'être lancés.
Dans cet article, Médias 24 fait un tour d’horizon des stations de dessalement déjà exploitées au niveau national, celles en cours de réalisation et celles programmées pour les années à venir.
Ce Round-up a été effectué sur la base des documents publics disponibles, notamment les appels d’offres, les procès-verbaux d’attribution de marchés, ainsi que les présentations du ministère de l’Equipement et de l’eau ainsi que de l’Office national d’électricité (ONEE) devant la Commission des infrastructures, de l’énergie, des mines et de l’environnement en mars dernier.
Médias 24 a également pu obtenir quelques éclaircissements auprès du ministère de l’Equipement et de l’ONEE.
Les stations de dessalement en cours de réalisation
Le royaume, qui compte déjà neuf stations de dessalement d’eau de mer, va en réaliser une vingtaine d’autres d’ici 2030, a annoncé Nizar Baraka lors de sa participation à la 2e édition du Business Dialogue, organisé par la Confédération générale des entreprises du Maroc (CGEM), en partenariat avec la Coalition marocaine pour l’eau (Coalma) en mars 2022. Ces projets entrent dans le cadre de la mise en œuvre du Programme national pour l’approvisionnement en eau potable et l’irrigation 2020-2027 (PNAEPI 20-27), et du projet du Plan national de l’eau en cours d’actualisation.
Certaines de ces stations sont déjà en cours de réalisation. D’autres, dont les travaux n’ont pas encore démarré ou les appels d’offres pas lancés, et qui permettront la production de plus de 720.000 m3 d’eau par jour, sont programmées avant 2030.
Notons toutefois que sur la dizaine de stations en cours de réalisation, cinq sont des stations de dessalement d’eau de mer. Pour le reste, il s’agit de stations de déminéralisation d’eau saumâtre, toutes de très petite taille.
D’après le ministère de l’Equipement et de l’eau ainsi que l’ONEE, contactés par Médias 24, les projets de dessalement de l’eau de mer en cours de réalisation, et qui permettront la production d’environ 36.500 m3/j, concernent les villes de:
- Laâyoune : d’une capacité de production de 26.000 m3/j et dont la mise en service est imminente;
- Sidi Ifni: d’une capacité de production de 8.640 m3/j, et dont la mise en service est prévue début 2023 ;
- Tarfaya: d’une capacité de production de 1.300 m3/j, et dont la mise en service est prévue fin 2022 ;
- Village de pêche Amegrew : d’une capacité de production de 430 m3/j, dont la mise en service est également prévue fin 2022.
Notons que ces cinq stations sont réalisées par l’ONEE.
En matière de déminéralisation des eaux saumâtres, l’Office développe actuellement 8 projets supplémentaires pour une capacité globale dépassant 10.000 m3/j qui viendront s’ajouter aux 11 stations déjà opérationnelles et portant ainsi la capacité totale à près de 112.000 m3/j. Il s’agit notamment des stations de déminéralisation d’eau saumâtre de:
- Tan-Tan : d’une capacité de production de 430 m3 d’eau par j ;
- Boukraâ : d’une capacité de production de 170 m3/j ;
- Aftisat : d’une capacité de production de 460 m3/j ;
- El Bouidra : d’une capacité de production de 520 m3/j ;
- Dchira : d’une capacité de production de 520 m3/j ;
- Antrift : d’une capacité de production de 860 m3/j ;
- Ain Bida : d’une capacité de production de 520 m3/j.
Sept nouvelles stations de dessalement d’ici 2030
La réalisation de ces projets est programmée avant 2030. Il s’agit de :
- La station de dessalement de Casablanca : Plusieurs appels d’offres pour la réalisation de cette station ont été lancés, dont certains déjà attribués. Il s’agit par exemple du :
- Marché d’étude d’adduction d’eau traitée, attribué en février 2022 à la société ADI pour près de 1,5 million de DH. Le délai d’exécution des travaux est fixé à 11 mois ;
- Marché relatif aux travaux topographiques et parcellaires, attribué début mars 2022 à la société Topo – Gérance pour 489.600 DH. Le délai d’exécution de ces travaux est fixé à 13 mois ;
- Marché relatif à l’étude de mise en place du projet, attribué en août 2018 à la société Novec pour 3,96 MDH ;
- Marché relatif à l’assistance technique pour l’élaboration du cahier des charges et le suivi de l’exécution des travaux relatifs au volet technique dans le cadre de partenariat public-privé, attribué en février 2022 à la société CID pour près de 9,48 MDH. Le délai d’exécution de ce marché est de 60 mois.
Notons que l’approvisionnement en eau potable de la côte atlantique de la région Casablanca-Settat est assuré à partir des ressources en eau des deux bassins hydrauliques de l’Oum Er-Rbia et du Bouregreg-Chaouia.
Les ressources en eau du bassin du Bouregreg, mobilisées au niveau du barrage Sidi Mohamed Ben Abedellah (SMBA), sont allouées en totalité à l’alimentation en eau potable (AEP) de la zone côtière Rabat-Casablanca. La présence de périodes sèches, au sein de la série hydrologique observée au niveau du barrage SMBA, affecte de manière significative la garantie de mobilisation des ressources en eau au niveau de ce bassin pour la satisfaction des besoins en AEP de ladite zone sans déficit.
D’autre part, le bassin de l’Oum Er-Rbia souffre d’un déséquilibre croissant entre l’offre et la demande en eau, à la suite de l’accroissement continu de cette dernière et de la saturation des ressources en eau mobilisées par les barrages. En effet, ce bassin assure à la fois l’irrigation des périmètres du Tadla, du Haouz et des Doukkala, ainsi que l’alimentation en eau potable des villes de Khouribga, El Jadida, Safi, Béni Mellal, Marrakech, Casablanca, Settat, Berrechid et des centres avoisinants.
Compte tenu des aléas climatiques (sécheresse et impact des changements climatiques), cette situation ne cessera de s’accentuer, notamment au niveau de la retenue du barrage Al Massira qui risque de ne plus être en mesure de sécuriser l’approvisionnement en eau potable et en eau d’irrigation.
Le recours au dessalement de l’eau de mer dans la région Casablanca-Settat est donc indispensable en vue d’assurer et de sécuriser, d’une part, l’AEP de la zone atlantique entre El Jadida et Casablanca et, d’autre part, de soulager la pression sur les ressources en eau du bassin de l’Oum Er-Rbia.
Ce projet qui sera réalisé dans le cadre d’un contrat de partenariat public-privé (PPP) consiste à cofinancer, concevoir, réaliser et exploiter, pendant une durée déterminée, une station de dessalement d’eau de mer (y compris prise et rejet) ayant, à terme, une capacité de l’ordre de 300 Mm3/an. Cette station sera réalisée en deux phases. La première est d’une capacité de 200 Mm3/an. L’appel à manifestation d’intérêt relatif à la passation de cette phase en PPP, a été lancé en mars 2022 et l’ouverture a eu lieu le 24 juin 2022. Six consortiums sont en lice selon nos informations. Les travaux sont prévus d’être lancés vers mi 2023, nous a confié le ministère de l’Equipement et de l’eau.
La livraison d’eau sera opérée notamment en fonction des besoins effectifs de la zone du projet, mais aussi de la capacité de production des ressources mobilisées et de leur disponibilité.
Notons que cette station se situe au sud de Casablanca, près du centre de Bir Jdid. Cet emplacement a été choisi pour sa proximité vis-à-vis de la demande en eau : à 40 km de Casablanca, à 45 km de Berrechid, à 50 km d’El Jadida et à 65 km de Settat.
Voici où se situera la station de dessalement d’eau de mer de Casablanca :
- Safi : d’une capacité de production de 86.400 m3/j. D’après nos recherches sur le portail Marché public, aucun appel d’offres en relation avec ce projet n’a encore été lancé.
- Dakhla : d’une capacité de production de 36 millions m3/an.
Quatre accords ont été signés le 22 juin dernier entre le ministère de l’Agriculture et l’ONEE, sous la présidence du chef de gouvernement Aziz Akhannouch, pour la création de cette station. Les travaux vont donc bientôt démarrer.
Dotée d’un budget de 2 milliards de DH, la station de Dakhla, dont les travaux de construction devraient s’achever en 2025, assurera l’approvisionnement en eau d’irrigation sur 5.000 hectares, et en eau potable au profit de Dakhla et de ses environs, notamment Bir Anzarane et le nouveau port de Dakhla Atlantique.
Rappelons que Nareva en Consortium avec Engie a été déclarée adjudicataire de ce projet en 2019.
Jorf Lasfar
Extension de la station de dessalement d’Agadir : La ville dispose actuellement d’une station de dessalement d’une capacité de 275.000 m3/jour dont 150.000 m3/jour pour l’alimentation en eau potable et 125.000 m3/jour pour l’irrigation.
« Cette capacité sera portée à terme à 400.000 m3/jour répartis à parts égales entre les besoins en eau potable et en eau d’irrigation », nous apprend l’ONEE.
« Cette station de dessalement, réalisée dans le cadre d’un partenariat Public- Privé, est le fruit d’une mutualisation entre l’ONEE et le ministère de l’Agriculture, de la pêche maritime, du développement rural et des eaux et forêts pour satisfaire les besoins en eau potable du Grand Agadir et en eau d’irrigation de la plaine de Chtouka », ajoute notre source, notant que celle-ci « contribuera à la réduction de la pression sur les ressources souterraines et permettra d’optimiser la gestion des ressources en eau superficielle dans la région d’Agadir.
Extension de la station de dessalement de Sidi Ifni : Cette station est en cours de construction. Le coût du projet est estimé à 152 MDH, cofinancé par la banque allemande KfW (Kreditanstalt für Wiederaufbau).
Le projet contribuera à garantir l’approvisionnement en eau potable des populations des zones urbaines de Sidi Ifni, Tiznit et Tlat Lakhssa.
Extension de la station de dessalement de Tarfaya : cette station, en cours de construction, permettra de renforcer la production actuelle en eau potable, avec un débit supplémentaire de 15 l/s. Le coût du projet s’élève à 50 MDH.
Lancement d’une étude de faisabilité d’une station de dessalement dans l’Oriental
Par ailleurs, une étude de faisabilité a récemment été lancée pour la réalisation d’une station de dessalement dans l’Oriental, d’une capacité de production de 100 Mm3 par an, extensible à 200 Mm3.
Cette région est alimentée principalement par le complexe des barrages Mohammed V – Mechraa Homadi, faisant partie du bassin de la Moulouya.
Ce complexe répond à la fois à l’AEP de la zone de Nador Zaio et celle de l’Oriental, englobant Oujda, Taourirt, Berkane et toutes les localités associées, avec une demande globale d’approvisionnement en eau potable d’environ 147 Mm3/an à l’horizon 2050. Il se destine également à l’irrigation d’importants périmètres agricoles de la Basse Moulouya (Grande Hydraulique) s’étendant sur plus de 69.000 ha, avec une demande en eau agricole autour de 500 Mm3/an actuellement.
Cependant, le bassin hydraulique de la Moulouya se heurte à une multitude de défis qui mettent en péril la sécurisation de l’AEP des villes de l’Oriental, notamment de la zone de Nador Zaio, ainsi que la pérennisation des investissements de la Grande Hydraulique (GH) de la Basse Moulouya.
En tête de ces défis figurent la diminution nette des apports durant les dernières années et l’effet du changement climatique augmentant la récurrence de séquences de sécheresse. En effet, durant les dernières années, une réduction des apports a sérieusement impacté l’approvisionnement des périmètres agricoles de la zone, avec des apports moyens durant les années 2019-2020 et 2020-2021 atteignant 470 Mm3/an et 436 Mm3/an respectivement comparés à des apports moyens d’environ 830 Mm3/an (1939-2017).
En outre, la problématique de l’envasement se pose avec acuité dans le bassin, et plus précisément au niveau du barrage Mohammed V avec un taux d’envasement de l’ordre de 10 Mm3/an, ce qui engendre une diminution de sa capacité de stockage et, par conséquent, la réduction des fournitures d’eau à partir du barrage et une perturbation de l’approvisionnement en eau potable, de l’irrigation et de la production d’énergie hydro-électrique.
Afin de faire face à ce déséquilibre de plus en plus croissant entre l’offre et la demande en eau dans la région de l’Oriental, des actions ont été entreprises, notamment le projet de surélévation du barrage Mohammed V qui a été lancée en 2020 pour porter sa capacité de stockage à près d’un milliard de m3. Mais compte tenu des effets du changement climatique qui continueraient à accentuer la vulnérabilité des ressources en eau dans cette région, le recours au développement des eaux non conventionnelles, notamment le dessalement d’eau de mer, s’avère nécessaire en vue de diversifier les sources d’AEP des villes de la région de l’Oriental et améliorer la résilience de la GH de la Basse Moulouya face au changement climatique.
A cet effet, une convention de partenariat a été signée récemment pour le financement et la réalisation de cette station de dessalement. Ce projet vise à sécuriser l’AEP, industrielle et touristique dans la région, notamment la zone de Nador-Driouech, et à atténuer le déficit en eau d’irrigation dans la Basse Moulouya.
L’appel d’offre pour la réalisation d’une étude de mise en place de cette structure a été lancé au mois de mai 2022. L’ouverture des plis devait avoir lieu le 28 juin. Au moment de la publication de ce papier, le résultat de cet appel d’offres n’a pas encore été mis en ligne.
Des discussions pour la réalisation d’une station de dessalement à Guelmim
Par ailleurs, le ministère de l’Eau nous a confié que les discussions sont en cours pour examiner l’opportunité de réaliser un projet mutualisé qui pourrait servir à la fois pour l’irrigation et pour l’alimentation en eau potable et touristique de la zone de Guelmim-TanTan.
Notons que les projets de dessalement supplémentaires situés à Casablanca, l’Oriental, Dakhla, Guelmim, Agadir, Sidi Ifni et Tarfaya, d’une capacité de production globale d’environ 1.200.000 m3 d’eau par jour, seront réalisés par l’ONEE.
Neuf stations de dessalement d’eau de mer déjà en service…
Par ailleurs, Selon le ministère de l’Equipement et de l’eau, joint par nos soins, le Maroc compte actuellement neuf stations de dessalement d’eau de mer, permettant de produire 147 Mm3 d’eau par an, soit 402.660 m3/j. Il s’agit des stations de dessalement de :
- Laâyoune : à partir des forages côtiers, cette station permet de produire 26.000 m3 d’eau potable par jour. Ce projet permettra également de rehausser la capacité de production de l’eau potable à 60.000 m3/j et de satisfaire ainsi les besoins en eau potable des habitants des villes de Laâyoune et El Marsa, ainsi que des centres Foum El Oued et Tarouma au-delà de l’horizon 2035.
- Boujdour : d’une capacité de production d’eau potable de 10.800 m3/j ;
- Abri de pêche Sidi El Ghazi : d’une capacité de production d’eau potable de 90 m3/j, exploitée depuis 2008 ;
- Mhiriz (Abri de pêche Roc Chico) : d’une capacité de production d’eau potable 30 m3/j, exploitée depuis 2009 ;
- Akhfénir : d’une capacité de production d’eau potable 860 m3/j, exploitée depuis 2011 ;
- El Hoceima : d’une capacité de production d’eau potable 17.280 m3/j, exploitée depuis 2020 ;
- Agadir – Chtouka Ait Baha : d’une capacité de production de 275.000 m3/j (eau potable et d’irrigation), exploitée depuis début 2022.
Le Maroc dispose également des stations de dessalement du groupe OCP, qui se situent à Jorf Lasfar et à Laâyoune, pour la production respective de 68.500 m3/j et de 4.100 m3/j d’eau industrielle.
Et 11 stations de déminéralisation d’eau saumâtre
Pour ce qui est de la déminéralisation d’eau saumâtre, dont la teneur en sel est inférieure à celle de l’eau de mer, 11stations sont en service depuis plusieurs années, nous font savoir le ministère de l’Eau et l’ONEE. Celles-ci permettent de produire 36,7 Mm3 d’eau par an, soit 100.560 m3/j. Dans le détail, il s’agit notamment de :
- La station de Tarfaya : d’une capacité de production journalière de 860 m3 d’eau potable par jour ;
- Deux stations à Tan-Tan : la première, exploitée depuis 2003, dispose d’une capacité de production d’eau potable de 3.460 m3/j, contre 8.640 m3/j pour la seconde, opérationnelle depuis 2014 (soit un total de 12.100 m3/j);
- Daoura : d’une capacité de production d’eau potable de 240 m3/j ;
- Tagounite : d’une capacité de production d’eau potable de 430 m3/j ;
- Khénifra : d’une capacité de production d’eau potable de 27.650 m3/j, en service depuis 2012 ;
- Deux stations à Dakhla : la première, d’une capacité de production de 8.300 m3/j, est en service depuis 2015. La seconde, d’une capacité de production de 17.280 m3/j, est exploitée depuis 2018 (soit un total de 25.580 m3/j);
- Zagora : d’une capacité de production d’eau potable de 5.200 m3/j ;
- Maroc central : d’une capacité de production d’eau potable de 28.500 m3/j.
Le 8 Août 2022
Source web par : medias24
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