Pénurie d’eau : le Maroc va vers une 5ème année de sécheresse, Baraka s’alarme

Le taux de remplissage des barrages au Maroc est au plus bas. Ce taux ne dépasse pas aujourd’hui les 23% avec des niveaux d’alimentation des barrages très bas sur l’ensemble des régions. Coupures et réductions de débit ne sont pas exclues. Une situation qui inquiète de plus en plus et qui amené Nizar Baraka à faire un exposé aujourd’hui devant les ministres à la fin du Conseil de gouvernement et à s’inviter à la conférence de presse pour partager ces données alarmantes. En voici la synthèse.
Le Maroc entre en phase de "crise sécheresse" en atteignant le seuil d'alerte le plus grave jamais décrété. C’est en tout cas le ressenti que laisse entendre le ministre de l’Equipement et de l’eau, Nizar Baraka, qui a dressé le bilan de la situation hydrique ces trois derniers mois. Intervenant lors de la conférence de presse à l’issu du Conseil de gouvernement de ce jeudi, le ministre a livré des chiffres très inquiétants sur les réserves disponibles en eau répétant à plusieurs reprises que la situation est alarmante.
Le Maroc entame sa 5ème année consécutive de sécheresse, une situation jamais enregistré au royaume et qui se traduit par un cumul de problématiques liés à la gestion des ressources en eau. « Nous avons enregistré, durant les trois derniers mois, une pluviométrie d’une moyenne de 21mm. Il s’agit là d’un recul de 67% par rapport à la normale des précipitations. Durant cette même période, nous avons dépassé la moyenne annuelle de la température avec 1,30° », indique M. Baraka. Ces indices permettent de dire que nous nous dirigeons vers une nouvelle année de sècheresse », prévient le responsable qui note que compte tenu la gravité de ces chiffres, il a tenu à les partager avec les ministres lors de ce Conseil de Gouvernement.
Le taux de remplissage des barrages du Maroc enregistre 23,5% contre 31% en 2022
Dans la continuité de ces données alarmantes, M. Baraka a dressé le bilan de la situation des barrages en expliquant que les dernières pluies enregistrées au Maroc n’ont pas eu un grand impact sur les réserves car elles ont concerné des villes côtières et étaient directement dispersées dans la mer.
Le volume total d'eau réceptionné par les différents barrages cette année ne dépasse pas les 519 millions de m3 contre 1,5 milliard de m3 en 2022, soit une baisse des deux tiers du volume de stockage.
Dans le détail, l’approvisionnement en eau à ce jour du barrage de Loukkos est de 23 millions de m3, Barrage de Moulouya : 121 millions de m3, Barrage de Sebbou : 90 millions m3, Barrage de Bouregreg : 17 millions de m3, Barrage Al Massira : moins de 30 millions de m3... « Nous sommes donc arrivé à une situation très dangereuse que nous n’avions jamais pu imaginer auparavant », alerte le responsable. A partir de là, le taux de remplissage des barrages du Maroc arrive aujourd’hui à 23,5% contre 31% en 2022.
Le coût du m3 d'eau produit par la station de dessalement de Casablanca sera de 4,5 DH
Face à cette situation, le Maroc avait anticipé certains chantiers pour lesquels le gouvernement a accéléré les processus de réalisation. Il s’agit notamment de l’autoroute de l’eau avec le projet d'interconnexion des bassins de Sebou et de Bouregreg qui permet une circulation de près de 1,6 million de m3 au quotidien depuis la fin du mois d’octobre. Le ministre évoque également les projets de dessalement de l’eau de mer qui avancent à un rythme soutenu. En effet, la station de Safi est déjà opérationnelle et a commencé a alimenté la ville en eau potable. « Aujourd’hui, 30% de l’eau potable à Safi provient du dessalement de l’eau de mer et bientôt la ville d’El Jadida sera également alimentée », note le ministre. Il annonce également le démarrage des travaux de construction de la station de dessalement de Casablanca en janvier 2024. « Géré par l’ONEE, le contrat relatif à ce projet a été confié à plusieurs investisseurs ce qui a permis d’obtenir le coût le plus bas du m3 soit 4,5 DH », explique M. Baraka.
Des coupures et des réductions de débit ne sont pas exclues
Par ailleurs, le ministre a insisté sur la priorité de renforcer les programmes liés à la rationalisation des usages de l’eau et à l’économie de cette denrée devenue très rare. Il reconnait toutefois qu’aujourd’hui l’arbitrage entre l’alimentation en eau potable des citoyens et la réponse aux besoins en irrigation. Le ministre a fait savoir que les commissions régionales présidées par les walis et les préfets suivent de près et chaque jour l’état des réserves sur le plan local, prévenant que des mesures de rationalisation de l’usage de l’eau pourront être prises par ces commissions pour dissuader les citoyens de gaspiller cette ressource, selon l’état de l’évolution des réserves dans chaque commune. Il a par ailleurs appelé à garder espoir en espérant que la météo sera plus clémente les prochains mois avec des précipitations importantes et des chutes de neiges.
Le 21/12/2023
Source web par : lematin
www.darinfiane.com www.cans-akkanaitsidi.net www.chez-lahcen-maroc.com
Les tags en relation
Les articles en relation

Stress hydrique : Le Maroc mise sur le PNAEPI, la construction de barrages et le dessalement de l'ea
Face à un stress hydrique exacerbé par les effets du changement climatique, le Maroc prend des mesures avant-gardistes pour sécuriser durablement son approvi...

#MAROC_Station_Dessalement_Agadir: La mise en service partielle pour bientôt
Le taux d’avancement des travaux au niveau de la station de dessalement d’Agadir est de 85,4%, a indiqué mardi le ministre de l’Agriculture, de la Pêche...

État critique des réserves d'eau au Maroc malgré les récentes précipitations
Selon un article de Finances News, les précipitations de la semaine dernière au Maroc n'ont pas suffi à redresser la situation critique des réserves d...

Sécheresse: 54 villes marocaines risquent de manquer d'eau potable cet été
Le ministre de l’Équipement et de l’eau Nizar Baraka a fait un exposé alarmant, devant les parlementaires, sur la situation hydrique au Maroc. 54 villes r...

Bilan des barrages dans le Nord du Maroc : un taux de remplissage global de 51,43%
Dans la région Nord du Maroc, les réserves des principaux barrages atteignent un total de 885 millions de m³, représentant 51,43% de leur capacité totale. ...

Round-up : une vingtaine de stations de dessalement à l’horizon 2030, 9 déjà en service
ROUND UP. Dans le cadre de sa stratégie pour faire face à la raréfaction de l’eau, le Maroc mise, entre autres, sur le dessalement d’eau de mer et la dé...

Quand l’eau de Marrakech change de goût et de couleur
En plus de la baisse du taux de remplissage des barrages de la province de Tensift qui alimentent Marrakech en eau potable, les habitants sont inquiets de la pe...

Energie renouvelable : l'ONEE rencontre une délégation britannique pour le projet Xlinks
Abderrahim El Hafidi, Directeur Général de l’ONEE a reçu, à Rabat, une délégation du Ministère Britannique de la Sécurité Énergétique et du Net Zé...

Énergies renouvelables dans le mix électrique : Le Maroc relève à 64,3% ses ambitions pour 2030
Le Maroc revoit à la hausse ses ambitions pour les énergies renouvelables. Au vu des projets en cours et ceux programmés, l’objectif de 42% du mix électri...

Crise hydrique : seuls 32,2% des barrages sont remplis
La situation hydrique préoccupante au Maroc s’aggrave davantage alors que les réserves d’eau des barrages du pays atteignent des niveaux alarmants. Avec u...

Électricité : le régulateur dévoile ses chantiers
Après avoir lancé le tout premier grid code du Royaume, le 3 janvier dernier, l’Autorité nationale de régulation de l’électricité est actuellement sur...

Réforme des marchés publics: le gouvernement veut en finir avec la pratique du «moins disant»
Les contours de l’avant-projet de décret relatif aux modes d'octroi des commandes de l'Etat se précisent. En plus d'une volonté de mettre fin �...