Marrakech. Pikala Bikes : l’ambitieux projet de Cantal Bakker
Née à Marrakech, l’ONG Pikala Bikes mise sur la bicyclette pour assurer un mode de vie sain dans des villes inclusives et durables. Fondée par Cantal Bakker, Pikala Bikes se donne pour mission de faire profiter les jeunes d’opportunités d’éducation et d’emploi mais aussi d’améliorer la mobilité durable. Découverte.
Alors qu’elle est en vacances à Marrakech, Cantal Bakker a l’idée d’utiliser un vélo pour ses déplacements dans la ville et ainsi mieux la découvrir. De là, elle voit en cet outil plus qu’un moyen de locomotion : un outil pour créer des opportunités d’éducation et d’emploi pour les jeunes. Ainsi, elle décide de concrétiser cette idée qui prend forme en 2016. «La mission de Pikala est de créer des opportunités d’éducation et d’emploi pour les jeunes, d’améliorer la mobilité durable, de protéger le centre-ville du trafic motorisé et de renforcer la sensibilisation autour de l’environnement», affirme la fondatrice de l’ONG Pikala Bikes. Cette dernière intervient à trois niveaux. Au niveau de la société civile, Pikala intervient en intégrant des enfants, des jeunes et des habitants de la ville de Marrakech pour faciliter l’accès à l’éducation et créer un impact positif et constructif au quotidien. Au niveau gouvernemental, il s’agit de créer un impact à long terme au niveau notamment de la sécurité routière, de la mobilité urbaine et de l’expertise en matière d’infrastructures. Enfin, au niveau de l’économie commerciale, Pikala Bikes crée des emplois pour les jeunes, affirme la porteuse du projet.
S’adapter au contexte culturel
Au début du lancement de son projet, Cantal Bakker a été confrontée à un certain nombre de challenges. D’abord, explique-t-elle, le contexte culturel différent n’a pas facilité les choses. Ensuite, Pikala Bikes étant un concept assez innovateur, elle avait des difficultés à l’expliquer à la population marrakchie, surtout que le projet est à la fois une association et une entreprise. Au Maroc, Cantal Bakker initie des ateliers sur la façon de réparer un vélo et enseigne aux filles comment utiliser une bicyclette de manière sûre dans la circulation. Il lui a fallu une année avant de lancer les premiers tours à vélo, qui étaient très populaires, notamment avant l’arrivée de la pandémie. Par ailleurs, grâce à sa détermination, Cantal Bakker, qui nous fait savoir qu’elle n’avait aucune expérience au début dans ce domaine, finit par récolter le fruit de ses efforts. Aujourd’hui, Pikala Bikes emploie 30 jeunes en tant que guides en vélo, livreurs, mécaniciens et managers. De plus, 500 vélos sont offerts par l’ONG aux écoles pour faciliter le déplacement des élèves et pas moins de 250 filles ont appris à utiliser un vélo au quotidien. Selon Cantal Bakker, des milliers d’enfants ont également participé à des ateliers de sensibilisation à l’environnement et à la sécurité routière. Cinq ans après avoir lancé le projet Pikala Bikes à Marrakech, Cantal Bakker compte étendre cette initiative à d’autres villes telles que Rabat, Agadir et Essaouira. Cependant, notons que même si le projet n’a pas bénéficié d’accompagnement pour son lancement, il obtient des subventions pour ses actions sociales (donations de vélos, campagne de sécurité routière et séminaires sur la mobilité durable) de la part d’organismes tels que l’Initiative nationale pour le développement humain (INDH), la fondation TUI Care, l’ambassade des Pays-Bas et la commune de Marrakech.
Un écosystème encore jeune
Dans un autre registre, Cantal Bakker estime que l’écosystème marocain des startups est encore jeune et place beaucoup d’espoir en la nouvelle génération. «Il est important de former une jeunesse portée sur l’innovation et l’entrepreneuriat. Je pense que les entreprises sociales sont aussi des exemples pour montrer que l’argent est un moyen de créer des choses magnifiques. Nous devons prendre de la distance et cesser de voir en l’argent un but. Avec nos initiatives innovantes, nous pouvons créer des structures d’organisation horizontale où tout le monde travaille ensemble pour réaliser un impact positif», souligne-t-elle. Pour finir, Cantal Bakker nous fait part de ses ambitions. Dans un premier temps, elle envisage de développer d’autres services vélos tels que «Student Bike» qui, explique-t-elle, est un «lease service» de vélo pour les étudiants. Ensuite, Pikala Bikes entend s’étendre à l’horizon 2024 dans d’autres pays de la région MENA.
Carte de visite
Cantal Bakker est née en 1990 aux Pays-Bas. La jeune Néerlandaise a fait ses études à la Royal Art Academy aux Pays-Bas et en Chine. Alors qu’elle est encore lycéenne, elle donne des cours de cyclisme aux femmes réfugiées et immigrantes en tant que bénévole, et c’est là qu’elle se découvre une passion pour cette activité. Elle se rend compte de l’impact du cyclisme sur la vie sociale de ces femmes et sur leur liberté. À 24 ans, elle décide de démarrer son projet Pikala Bikes au Maroc et essaie depuis lors d’apporter sa contribution pour favoriser l’insertion des jeunes filles et garçons.
Le 13 avril 2021
Source web Par : leseco
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