Un discours pour rien ? oui, mais…

Décidément, pas de chance pour la ministre du Tourisme. Chaque fois qu’elle est appelée à répondre aux questions des députés au Parlement, elle est assaillie de tous côtés sans pouvoir s’en sortir… On a l’impression qu’elle comparaît subissant la déferlante de réquisitoires à charge dont elle n’a pas la parade pour plaider. S’il lui arrivait de souvent tirer son épingle du jeu des webinaires organisés avec les professionnels meurtris mais patients et respectueux, il est clair que ses comparutions au Parlement ne lui réussissent pas tellement.
Subissant à tour de rôle les salves de députés au Parlement, hier lundi dans le cadre des questions orales, les répliques de la ministre du Tourisme n’étaient pas du tout convaincantes, se contentant souvent de ressasser le déjà entendu sur les constats pertes et les bonnes intentions, sans plus. Or, les attentes des professionnels, exprimées d’ailleurs par les députés, ne se situent pas au niveau du constat alarmiste puisqu’ils y sont plein dedans et en souffrent mais bien au-delà : date officielle de reprise touristique avec délais raisonnables et mesures réelles d’accompagnement financier et fiscal des entreprises du secteur. C’est l’effet d’annonce espéré par les professionnels.
C’est d’ailleurs ce qu’avait ce qu’avait martelé, dans son appel de détresse et non sans éloquence, le tonitruant député pamiste Aziz Lebbar, investisseur touristique de longue date, tout en énumérant une litanie de manquements dans la stratégie du ministère favorisant la prise en otage d’un secteur qui se meurt dans l’inexplicable indifférence du Gouvernement. Plus particulièrement le ministère de l’Economie et des Finances qui semble ne pas s’en soucier le moins du monde. Alors que les instructions de Sa Majesté étaient claires sur les objectifs du Fonds anti-covid, en citant expressément le tourisme comme secteur économique également à soutenir. Mais où en est-on des orientations royales, alors que la situation est plus compliquée qu’en mars, date où Sa Majesté a décidé la création du Fonds ? Tous les métiers du tourisme sont montés au créneau pour tirer la sonnette d’alarme sur leur précarité par voie de presse, CVE, parlement, partis politiques, etc mais le département de Benchaaboune n’a pas encore donné les signaux qu’il faut pour donner suite aux recommandations de Sa Majesté le Roi plus que claires pour soutenir les entreprises touristiques au bout du gouffre avec un contingent de plus de 700.000 emplois menacés et faisant vivre 2 millions de familles. Une forte employabilité dont le ministre de l’Economie et des Finances la réduit, peut-être, aux 132.000 déclarés à la CNSS. Ce qui repose encore la problématique des chiffres annoncés par les fédérations et représentations professionnelles qui sont loin d’être les bons et, du coup, décrédibilisent et leurs utilisateurs et le secteur. Au-delà des chiffres de la CNSS, il convient d’ajouter les saisonniers et divers intérimaires etc, auxquels s’ajoutent les 1 à 2 emplois indirects supplémentaires, et non les 3 à 4 habituellement communiqués mais qui valent plutôt pour des pays tels que la France, l’Espagne, l’Italie, etc pour lesquels les industries diverses sont bien plus intégrées au Tourisme. Pas plus… Outre les « chiffres » inconnus de l’informel, bien entendu.
Ce qui donne, selon un professionnel averti: 130.000 des emplois du Tourisme à la CNSS et non pas 132.000, en plus d’un bon pourcentage de 50% de saisonniers et intérimaires, soit 65.000. Plus les 1 à 2 emplois indirects (dont une partie d’artisans. Résultat : Un total en directs et indirects se situant entre 430 à 645.000 emplois. Plus l’informel estimé à un bon 20% supplémentaires. Faîtes le calcul !
Tout de même, faut-il pour autant tirer sur l’ambulance¿ N’oublions pas que ce secteur « maudit » a généré en 2019 plus de 80 milliards DH en devises, 45 milliards grâce au tourisme intérieur et une participation de 11% au PIB. Maintenant qu’il crie au secours dans un dernier soupir, la moindre des choses est de lui rendre la balle.
Peut-être qu’il ne faudrait pas trop plaindre la ministre du Tourisme, impuissante devant la puissance du ministère des Finances qui peut réguler ou pas réguler du tout. Déjà son éducations au sein d’une grande famille de militants citoyens lui impose par essence le militantisme aux côtés des professionnels mais son ministère est vraisemblablement un portefeuille ministériel à piège puisque, depuis l’Indépendance, il a vu défiler plus d’une soixantaine de ministres, du jamais vu ! On ne peut donc pas s’attendre à ce qu’elle fasse des miracles avec un héritage aussi lourd et peu reluisant. Mais rien n’empêche pour autant que Mme la ministre reparte à la charge auprès du ministère des Finances en convergeant avec force les points de vues exprimés par l’ensemble des professionnels du secteur.
Peut-être aussi que l’enseignement à tirer est que le ministère du Tourisme et la CNT doivent davantage travailler la main dans la main, dans la cohésion et la transparence pour casser les hiatus dans une excellente gouvernance du public et du privé, afin d’éviter les égarements et éventuels éclatements, tels celui regrettable de 2018 où le rapport des experts a divisé le collectif professionnel en deux blocs inconciliables. Quoique le fameux rapport ait été reconnu à 90% comme véritable feuille de route pour parfaire le développement du secteur.
Le 09/06/2020
Source Web Par Premiumtravelnews
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