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Libre échange: "Les ALE qui nuisent au Maroc seront dénoncés" (MHE)

Libre échange:

Tous les accords de libre échange sont à l'étude sur décision de Moulay Hafid Elalamy. Ce dernier prend au sérieux le dossier du déficit de la balance commerciale et de l'impact des ALE sur l'industrie locale.

Le Maroc envisage-t-il de rompre son accord de libre-échange (ALE) avec la Turquie? Plusieurs médias ont évoqué cette possibilité après une intervention du ministre de l'Industrie, Moulay Hafid Elalamy à la chambre de conseillers, mardi 19 novembre.

Qu’a dit le ministre exactement?                       

"Pour ce qui est des ALE, nous devons reconsidérer certains d’entre eux. On peut même aller plus loin, dénoncer certains d'entre eux. Nous sommes prêts à le faire. Je le redis, certains ALE qui nuisent au Maroc, on doit les dénoncer.

"Quand il y un accord qui n’est pas dans l’intérêt du Maroc, c’est-à-dire que nous importons plus que ce que nous exportons, on doit étudier la question avec minutie et rigueur.

"On le sait: certains accords nuisent au Maroc.  On va les reconsidérer. Nous travaillons sur ce sujet", avance le ministre en réponse à un membre du groupe parlementaire de la CGEM à la chambre des conseillers.

Dans sa réponse, le ministre n’a jamais évoqué la Turquie ou un autre pays avec lequel le Maroc a un ALE. La Turquie n'est pas plus visée par ce discours qu'un autre partenaire commercial du Maroc, car comme nous l'indique une source du ministère sans donner plus de détails :"tous les accords sont à l’étude, sur instruction du ministre".

La position du Maroc sur la défense commerciale

Le discours de MHE au sujet des ALE n’est pas nouveau. Dans diverses interventions le ministre a expliqué la position du Maroc sur ce sujet, comme lors de son intervention à l’université d’été de la CGEM le 13 septembre dernier.

"Nous défendrons bec et ongles nos opérateurs marocains contre des agressions qui ne sont pas ‘fair’ (justes, ndlr). C’est-à-dire quand on transgresse les règles de l’OMC ou un accord de libre-échange. Nous serons extrêmement fermes et intraitables.

"En revanche, le Maroc n’est pas là pour protéger des entreprises défaillantes. Ce n’est pas l’objectif du Maroc de dire je protège mon économie… Nous protégeons notre économie contre les agressions anormales.

"Mais les agressions commerciales techniques où les gens sont meilleurs que nous en compétitivité, on n’y peut rien… sauf que l’OMC prévoit une protection pour une période déterminée lorsqu’un secteur est en phase de décollage, le temps qu’il passe de petite pousse à arbre. Dans ce cas-là, nous pouvons utiliser ces mécanismes de défense et de sauvegarde.

"Le Maroc ne jouera pas dans la ligue des trafiquants. Nous n’allons pas trafiquer nos exportations, rectifier nos règles d’origine…  Nous respectons les règles à la lettre dans les deux sens".

Lors de cette même intervention, le ministre a donné deux exemples d’interventions marocaines pour contrer une concurrence déloyale.

"Sur la Turquie, nous avons constaté qu’il y avait des abus sur des exportations massives et nous avons pris en tant que ministère de l’industrie avec les finances et la douane la décision d’arrêter et de subir un combat frontal avec nos concurrents car nous considérons que c’est de la concurrence déloyale.  Je ne vous cache pas que ce n'est pas simple… Il faut des démonstrations concrètes. Nous l’avons fait également avec la Tunisie sur le cahier".

Une balance commerciale structurellement déficitaire

Depuis quelques années, le Maroc a en effet multiplié les démarches auprès de l’OMC pour défendre un certain nombre de secteurs contre les importations massives, le dumping. Le nombre de mesures antidumping, de sauvegarde, ou antisubventions ont été multipliées et touchent des secteurs variés. L’insuline, la tôle, le PVC, le papier, le cahier, les carreaux de céramiques, les panneaux de bois,…

Ce qui pousse le Maroc à réagir, c’est le déficit devenu chronique de la balance commerciale. Elle est déficitaire avec tous les pays partenaires comme le prouvait chiffres à l’appui Abdellatif Komat, doyen de la Faculté des sciences économiques, juridiques et sociales de Casablanca, lors d’un ftour-débat organisé mardi 28 mai 2019 sous le thème: "Accords de libre-échange : opportunité ou menace pour l’industrie marocaine ?".

"Le déficit commercial avec la Turquie a presque triplé en passant de 4,4 milliards de dirhams en 2006 à 12,4 milliards de dirhams en 2017 avec un faible taux de couverture de 35,5%. Celui avec les USA a également triplé en passant de 7,3 milliards de dirhams en 2006 à 20,1 milliards de dirhams en 2017. Même avec les pays arabes, ce gap a tendance à se creuser. C’est le cas de l’Egypte avec un déficit commercial de 3,3 milliards de dirhams en 2017 (contre 2,45 milliards en 2007) et la Tunisie avec 1,18 milliard de dirhams en 2017 (914 millions de dirhams en 2007). Et ce sans parler du déficit commercial avec l’UE qui est devenu structurel", a-t-il déclaré.

Le déficit commercial avec l’UE a été multiplié par sept, passant de 11 milliards de DH en 2001 à 78 milliards en 2018 et ce même si le démantèlement douanier a été fait progressivement pour laisser le temps à l’économie marocaine de se préparer.

Comment en est-on arrivé là?

Médias24 a expliqué dans un précédent article dédié au sujet, que quatre facteurs ont conduit à la situation actuelle :

- La taille de l’offre exportable du Maroc qui demeure limitée.

- La faible capacité de négociation du Maroc.

-La gouvernance lacunaire des accords de libre-échange signés.

- Le choc asymétrique induit par la concurrence étrangère.

Le plus grand tort est que ces ALE ont souvent été conclues sans études d’impact préalables.

Moulay Hafid Elalamy se dit déterminé à prendre en charge ce dossier. Une analyse approfondie de chaque ALE est en cours pour déterminer ce que le Maroc importe du ou exporte vers le pays partenaire.

Entre-temps, et dans le cadre de la nouvelle loi sur le commerce extérieur, le secteur privé doit obligatoirement être associé à la démarche de négociation de tout nouvel ALE qui ne peut être signé qu’après réalisation des études d’impact.

"Nous sommes déjà sur plusieurs études d’impact en lien avec la Cedeao, le Canada, la Russie, le Chili. A toute demande de libre-échange, sont déclenchées des études d’impact au sein du ministère. On est même en train de retarder des dates de rencontres avec ces pays jusqu’à ce que les études d’impact soient finalisées", avançait Zahra Maafiri, directrice générale du Commerce au ministère de l’Industrie, en mai dernier.

Le 25/11/2018

Source web Par medias24

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