Le clash / le crush : la faillite de Thomas Cook, l’aube d’une nouvelle révolution….
Après la faillite de Thomas Cook, les regards se tournent vers TUI. I Crédit photo Adobe Stock
Le mercredi, c'est permis ! Thierry Beaurepère est de retour pour vous faire part de son humeur du moment. Et cette semaine, évidemment, il revient sur la nouvelle dramatique de la faillite du groupe Thomas Cook.
C’est l’histoire d’une famille modeste d’une petite ville de France, qui a économisé pendant de longs mois pour s’offrir des vacances aux Antilles. Un séjour réservé dans une agence Thomas Cook, des vols opérés par XL Airways. Et patatras, la double peine ! En une semaine, son rêve aura viré au cauchemar. Certes, elle finira par partir car le législateur a mis en place des garde-fous. Certes, les autorités anglaises semblent avoir gérer au mieux la défaillance de Thomas Cook en organisant un gigantesque plan de rapatriement, dont on pourrait d’ailleurs s’inspirer de ce côté-ci de la Manche pour d’autres crises. Mais à quel prix ?
Aujourd’hui c’est toute une profession, des agences du coin de la rue aux hôtels des Baléares ou de Tunisie, qui broie du noir devant les conséquences en cascade de la défaillance de l’inventeur des vacances. Le tsunami risque d’emporter avec lui les plus fragiles : franchisés qui ont osé accrocher à leur fronton un cœur jaune qui a cessé de battre et voient leurs clients s’enfuir à toutes jambes, fournisseurs du géant aux pieds d’argile qui s’inquiètent quant à l’ampleur de l’ardoise. Et la jolie cagnotte de 40 millions d'euros de l’APST risque d’être sérieusement écornée. Est-il excessif de penser que le tourisme, européen en général et français en particulier, connaît sa pire crise depuis les attentats du 11 septembre 2001 ?
La fin d'un modèle...
On pourra incriminer la canicule ou le Brexit ! La chute de Thomas Cook marque avant tout la fin d’un modèle économique qui a connu son apogée au début des années 2000, comprenez celui de l’intégration. Déclin que l’on évoque dans nos colonnes depuis de long mois, des années même, en espérant éviter l’issue fatale. Nous y sommes ! Les compagnies low cost ont modifié le rapport à l’avion, rendu caducs les charters ; Expedia et Booking offrent la facilité et la souplesse que même le plus agile des producteurs ne peut promettre. On a longtemps pensé que les agences de voyages étaient le maillon faible de la chaîne touristique. En réalité, c’est bel et bien les tour-opérateurs qui sont sur la sellette.
Thomas Cook n’est que l’arbre de la forêt qui brûle. Depuis quelques années, les concentrations se multiplient pour tenter de repousser l’échéance, notamment chez les TO BtoB confrontés à la tentation des agences de travailler en direct avec les réceptifs, étouffés par des commissions et délais de paiement toujours plus lourds. Encore cet été, Jetset est tombé dans les bras de East West Travel. Mais on le voit, même le plus gros n’est pas à l’abri. D’autres ont préféré jeter l’éponge avant qu’il ne soit trop tard, à l’instar d’Empreinte qui se retire avec dignité.
Alors évidemment, les regards se tournent désormais vers TUI. Pour éviter lui aussi le pire, le géant allemand entend se concentrer à l’avenir sur l’hôtellerie et la croisière. En France, où les pertes se creusent d’année en année, la vente des TUI Stores et des marques de tour-opérating (Nouvelles Frontières, Marmara, Look Voyages…) va inéluctablement se poser dans les prochains mois. Mais qui pour prendre le risque de tels rachats, alors que le marché va déjà devoir absorber la cession du réseau Thomas Cook et de son TO Jet tours ? La loi de l’offre et de la demande va sûrement créer une spirale déflationniste et permettre à certains de construire des empires à bon prix, mais des empires fragiles. L’industrie touristique française est à l’aube d’une nouvelle révolution…
Le 25 septembre 2019
Source web Par Tourhebdo
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