Les administrations publiques, les collectivités territoriales, le Parlement et l’enseignement public et privé ont un délai de cinq ans pour se conformer à la nouvelle loi
La Cour constitutionnelle déclare conforme à la Constitution la loi organique relative à la mise en œuvre du caractère officiel de l’amazigh
La date de validation la loi organique 26.16 définissant le processus de mise en œuvre du caractère officiel de l’amazigh marque une nouvelle phase historique sur le chemin de sa promotion et de sa réhabilitation. La nouvelle loi accorde des délais précis aux institutions et départements publics pour intégrer, progressivement, la langue amazighe en tant que langue officielle.
Le jeudi 5 septembre 2019 constitue une nouvelle date historique dans le processus d’officialisation de la langue amazighe. Après avoir été approuvée par le Parlement, la loi organique 26.16 définissant le processus de mise en œuvre du caractère officiel de l’amazigh vient d’être déclarée conforme à la Constitution. Soumise à la Cour constitutionnelle au milieu du mois d’août (16 août) – après avoir été adoptée le 26 juillet dernier, en seconde lecture par la Chambre des représentants, son adoption par la Chambre des conseillers le 23 juillet dernier et le 10 juin par la Chambre des représentants en première lecture –, cette loi a eu le feu vert, ouvrant ainsi la voie à sa promulgation.
Pour beaucoup d’observateurs, il s’agit d’un moment historique après celui marqué par le discours de Sa Majesté le Roi Mohammed VI prononcé à Ajdir le 17 octobre 2001. «Le discours du Souverain a édicté les orientations de la nouvelle vision de la politique culturelle du Maroc fondée sur la reconnaissance et la promotion de la diversité culturelle, et la place et l’importance de la culture amazighe dans cette vision», ainsi que le souligne le recteur de l’Institut Royal de la culture amazighe (IRCAM), Ahmed Boukous.
Ainsi, la Cour constitutionnelle déclare conforme à la Constitution cette loi organique qui devra entrer en vigueur dès sa publication, mais conformément au chapitre instituant «les étapes d’activation de l’officialisation de la langue amazighe et des outils de suivi». En effet, ce chapitre souligne que, par exemple, concernant l’introduction de la langue amazighe dans le cursus de l’éducation nationale, dans le secteur public et privé, les pouvoirs publics (dans le primaire, le secondaire, au niveau des collèges, lycées et dans la formation professionnelle) ont un délai de cinq ans pour y arriver, ainsi que dans le système de lutte contre l’analphabétisme.
Le même délai est accordé à l’institution parlementaire pour l’intégrer parmi les langues utilisées au sein de l’hémicycle ainsi que lors de la transmission de ses travaux sur les chaines de télévision. Ce délai est à prendre en considération aussi par les médias publics pour prévoir des émissions en langue amazighe. Le même moratoire est accordé aux administrations, institutions publiques, collectivités territoriales et services publics afin de préparer les structures d’accueil et d’information en langue amazighe.
En général, cette loi organique vise à renforcer la communication en amazigh, dans différents domaines prioritaires de la vie publique, en tant que langue officielle du pays et capital commun de tous les Marocains sans la moindre exception, et sa conformité constitutionnelle a été validée par la Cour constitutionnelle.
Cependant, cette loi organique donne un autre délai de 15 ans pour permettre à l’administration, de manière progressive, de publier en amazighe les textes législatifs et réglementaires ainsi que les décisions et les délibérations des collectivités territoriales en amazighe dans le Bulletin officiel et dans le Bulletin officiel spécial des Collectivités territoriales. En revanche, tous les départements devront, dans un délai de six mois à partir de la date de publication de la loi, mettre sur pied un plan d’action fixant les modalités à travers lesquelles ils vont intégrer la langue amazighe dans leurs langues de travail. D’ailleurs, la loi prévoit la création, auprès du Chef du gouvernement, d’un comité interministériel chargé d’assurer le suivi et l’évaluation de l’intégration de la langue amazighe en tant que langue officielle.
Le 09 septembre 2019
Source web Par Le Matin
Les tags en relation
Les articles en relation
L’Amazigh bientôt au Parlement
La langue amazighe sera utilisée au Parlement. Une convention a été signée dans ce sens par la Chambre des conseillers et l’Institut royal de la culture a...
Mbarka Bouaida à la présidence de la région Guelmim-Oued Noun?
Guelmim-Oued Noun pourrait devenir la première région du royaume présidée par une femme. Dans sa livraison de ce vendredi 24 mai, le quotidien arabophone Al...
Souss-Massa : 572 MDH pour la mise à niveau du monde rural
Les communes concernées seront dotées des équipements socio-économiques et culturels à travers ce programme, la région du Souss-Massa souhaite constru...
«Lorsqu’on se met à la place du contribuable, la réglementation fiscale est une vraie jungle»
«Les présidents de communes n’ont pas les moyens humains et matériels nécessaires pour gérer la fiscalité locale. Ils souhaitent que les services du min...
Equipement des collectivités territoriales : L’Intérieur fait le point
Un document du ministère retrace les réalisations durant la période 2014-2015 14.960 km de routes ont été lancés, soit 96% du linéaire programmé alor...
Autorisations et procédures : Khalid Safir dévoile les projets pour atteindre zéro papier
Plusieurs chantiers lancés actuellement seront opérationnels en 2020 et permettront de converger vers le zéro papier sur un nombre important de procédures. ...
Nouvel an amazigh : Sheshonq 1er, le pharaon égyptien à l'origine de la célébration de Yennayer
Les Imazighen célèbrent aujourd'hui Yennayer, le nouvel an amazigh. A l’origine de cette date symbole : l’intronisation du roi Sheshonq 1er en tant qu...
Une bombe dans le projet de loi de finances
Le gouvernement a discrètement glissé un amendement dans le projet de loi de finances, accordant à l’État et aux collectivités territoriales la possibili...
Les taxes locales vont subir une profonde transformation
Les taxes locales vont subir une profonde transformation pour respecter les principes de la future loi-cadre qui sera adoptée après la tenue des assises de la...
Mohammed VI reconnaît que le modèle marocain de développement a montré ses limites
Le discours du roi devant le Parlement était très attendu. L’opinion publique espérait une suite de l’allocution de Mohammed VI à l’occasion de la fê...
Saisie des biens de l'Etat: le PAM menace de recourir à la cour constitutionnelle
Le groupe parlementaire PAM à la seconde chambre menace de recourir à la Cour constitutionnelle si la majorité ne retire pas l'article 8 bis du projet de...
ÉDITION – L’invasion arabe du Maroc n’avait rien à voir avec l’esprit « tolérant » de l
Un débat qui mérite l’attention. L’auteur du livre « l’Islam des Amazighs », Mohamed Mehdi Allouche, affirme que l’arrivée des Arabes au Maroc au V...