Partenariat ONMT-Ctrip : Oui, mais à quel prix ?

Le vendredi 6 septembre, l’ONMT et Ctrip co-signaient un accord triennal de coopération stratégique en co-marketing de destination, de la recherche et du développement de produits touristiques afin d’accroître, affirment les 2 parties dans leur convention, la visibilité de la destination marocaine en Chine, notamment par le biais de campagnes publicitaires numériques. Le voyagiste chinois on line était représenté par Liang Jianzhang, cofondateur et président exécutif, accompagné d’une forte délégation de collaborateurs ainsi des journalistes de son pays. En tout cas, une délégation plus nombreuse que ses hôtes marocains au siège de l’ONMT : le DG Adil Faker, Hamid Bentahar de la CNT, le délégué du Maroc en Chine M. Fethi qui traduisait, Hatim El Gharbi, Directeur des Opérations et quelques fonctionnaires de l’Office. Aucun opérateur habitué au marché chinois n’était présent, à l’heure où l’on sait qu’il s’agit quand même d’un gros morceau de la distribution mondiale aux 300 millions de clients.
A travers ce partenariat, dont on ne connaît pas encore ni le budget de co-marketing alloué, ni les enjeux réels, ni s’il est exclusif ou pas, le Maroc ambitionne de recevoir 500.000 touristes chinois supplémentaires, comparativement aux 180.000 qu’il a reçu en 2019 (20.000 par an avant l’exemption de visa), avec des recettes s’élevant à plus de 670 Millions de DH, supplantant ainsi les Espagnols (580 millions de DH), loin derrière notre marché classique français dont les recettes se chiffrent à 2 milliards de DH. La Chine devient ainsi la deuxième clientèle historique du Maroc en termes de poids (nombre de touristes et recettes). Soit !
Tout cela est beau et augure un bel avenir pour le tourisme marocain. Toutefois, on est en droit de nous interroger s’il existe ou non une convention avec la Chine pour que les commissions versées en devises à Ctrip par les hôtels, le soient sans la taxe à la source de 10%.
A son tour, l’ONMT ou le ministère du Tourisme, ont-ils dans le pipe un programme de formation destiné aux opérateurs Marocains pour mieux partager l’expérience aux touristes chinois ? Rappelons-nous en : il y a deux ou 3 ans, un grand forum sur la coopération sino-marocaine sur le tourisme réunissait à Casablanca l’administration marocaine, le privé et de grands décideurs chinois. Engagement était pris, alors, de former 50 guides marocains parlant mandarin, formation devant être assurée par l’institut Confucius en partenariat avec l’université. Où en est-on des premiers lauréats ? Cette formation est-elle réellement assurée? Y a-t-il eu suivi ou pas ?
Si l’on veut vraiment investir le marché chinois, faut-il, pour autant, dire que les responsables des prestations au Maroc sont au top pour mener à bien leur mission?
Est-on bien préparé à surfer sur la vague chinoise en gardant l’équilibre ? Mieux : Sommes-nous assez préparés pour fidéliser cette clientèle très exigeante, aux habitudes tout à fait différentes de celles de nos marchés habituels, malgré l’occidentalisation croissante du touriste chinois ? Quid de la signalétique en mandarin? Help desk ? Infos en mandarin ? Sécurité ? Santé ? Transport ? Shopping ?
Existe-t-il chez l’Office, de même que chez la tutelle, une réelle volonté stratégique de renforcer ses connaissances sur les activités commerciales opportunes entre les opérateurs Marocains et Chinois?
Il ne faut tout de même pas oublier que le marché chinois n’est pas étranger aux opérateurs marocains et que plusieurs en ont l’expertise, comme Accor, Club Med, des agences de voyages, etc. Et cela ne date pas d’hier. En effet, le volume entre la Chine et le Maroc a commencé par le low-cost et ses règles très difficiles, avec des prix réduits au strict minimum et paiement des prestations étalé sur 3 ou 4 mois, sans parler des petites royalties ici et là chez certains managers de certains TO.
Les 500.000 touristes projetés seront certainement du même segment et il ne faut pas rêver de drainer une clientèle aisée habituée de Monte Carlo. Il est évident que la Chine est d’abord le CCP China parti communiste et des milliers de milliardaires toujours en place grâce au parti! Comment faire pour intéresser cette catégorie ? Très difficile !
Certainement, le gigantisme des activités touristiques des TO en Chine va leur donner très vite la 1ère place en nombre de touristes chinois vers le monde. Et les investissements dans des sociétés locales ont commencé par les transports et les restaurants, peut-être bientôt et très vite en hôtels au Maroc.
La digitalisation des TO chinois comme Ctrip est très avancée, des plates formes de Shanghai à Los Angeles.
Ctrip pourra ainsi afficher 150 000 produits sur son site web couvrant 1 900 villes à travers le monde tandis que TUI pourra toucher un potentiel de 200 millions d’utilisateurs réguliers. La Chine, l’Asie du Sud-Est et le secteur des tours et activités demeurent des marchés stratégiques.
Ctrip.com International, la plus grosse agence de voyages en ligne chinoise – un opérateur actif dans la billetterie, la réservation hôtelière, le « tour operating » et le voyage d’affaires aussi.
Oui il faut être fier de cet accord signé avec Ctrip, même s’il reste relativement secret, mais de là à utiliser la 1ère grande action digitale pour le gouvernement, c’est un peu fort.
Il faut aussi être fière de la nouvelle ligne aérienne RAM qui reliera par Dreamliner Casablanca à Pékin en janvier prochain, à 3 fréquences hebdomadaires, alors qu’elle étaient prévue en 2015. Mais tout de même.
Mais à espérer que les chinois ne soient pas tentés pour autant de commercialiser des babouches marocaines de designers locaux, mais fabriqués en Chine.
Le 09/09/2019
Source web Par Premiumtravelnews
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