Tourisme: L’effet COP se craquelle

Sauf l’euphorie des 15 jours, les marchés émetteurs toujours en berne
Brexit, agendas électoraux et les affaires Lamjarred et Fikri rendent difficile une reprise
Gain double pour Marrakech en marketing/communication et en termes de produit
Grâce à la COP, Marrakech a gagné un embellissement que les professionnels espèrent garder pour mettre en avant le produit touristique. Serait-ce le cas? Au lendemain de la clôture de la COP, des palmiers et des lampadaires ont été arrachés de certaines artères de Marrakech (Ph. Mokhtari)
L’heure est au bilan pour le secteur de l’hôtellerie à Marrakech. Après avoir accueilli un méga événement comme la COP, Marrakech a su établir et prouver que c’est une destination stable, sécurisée et que ses prestations sont de qualité. Ses hôteliers ont au passage déployé de grands efforts tant pour mettre à niveau leurs unités, mais aussi pour gérer les last minutes qui accompagnent ce genre d’événement. En toute discrétion, une cellule de crise pour les hébergements a été mise en place pour trouver des solutions d’hébergement aux participants tardifs. En cette période de crise, le secteur de l’hôtellerie a tout de même profité de ce flux. Ces arrivées additionnelles générées par la COP22 ont permis de doubler le taux moyen d’occupation de la ville durant novembre, mois de basse saison au Maroc. Ce taux est passé de 40% à 80%. Mais si les chambres étaient pleines, les points de ventes des hôtels n’ont pas obtenu le même succès. Les participants à la conférence climatique restaient confinés dans le village de la COP (zones bleues et vertes) durant toute la durée de leur séjour.
Rares sont donc les hôtels qui sont arrivés à vendre des demi-pensions et encore moins des all inclusive. Il n’en reste pas moins que cette conférence climatique a permis d’atténuer la situation de crise que traverse la destination depuis deux ans. «Au-delà des retombées directes, le gain a été double pour Marrakech, estime Hamid Bentahar, président du conseil régional du tourisme. D’abord en termes de marketing et de communication et ensuite en termes de produit. En effet, plusieurs chantiers (jardin, voirie, éclairage…) ont été accélérés». Enfin, la ville a aussi gagné en expérience et savoir-faire qu’elle pourrait valoriser pour attirer d’autres événements de même envergure. Mais que l’on ne s’y trompe pas. Ce n’est pas une COP qui peut sauver deux saisons touristiques jugées catastrophiques. En effet, l’activité touristique est en berne depuis deux ans. Insécurité dans le monde, crise économique, attentats dans les pays voisins, agendas électoraux…freinent les décisions de voyage notamment chez les Français, marché stratégique pour Marrakech qui représente 40% de l’activité. En recul depuis deux ans déjà, ce marché touristique ne s’est jamais aussi mal porté. La destination Maroc y compris ses villes phares, Marrakech et Agadir, ont perdu du terrain.
A l’origine de cette débâcle, de nombreuses raisons. Elles sont d’abord conjoncturelles avec la montée de l’insécurité dans la région qui pénalise l’activité touristique et reporte sine die les décisions et budgets voyages. Avec la COP, les professionnels espéraient plus de visibilité auprès des médias grands publics français pour relancer la destination. Ce ne fut pas le cas. «Des affaires comme l’incarcération de Saad Lamjarred ou encore le triste drame de Mouhcine Fikri attirent beaucoup plus les médias audiovisuels français», regrette Abdelatif Kabbaj, président de la Confédération nationale du tourisme. A ces facteurs conjoncturels, s’ajoutent d’autres plus structurels, notamment le manque d’intérêt du gouvernement pour le tourisme et les budgets affectés au tourisme qui sont en constante baisse. On craint même une réduction de ce budget pour la prochaine loi de finances.
Il ne faudra pas s’attendre à des miracles pour 2017, indiquent les professionnels. Les agendas électoraux en France et en Allemagne risquent d’affecter le tourisme. Le marché anglais sera aussi sous pression du fait du Brexit et les contrats vont certainement être revus dès maintenant. Enfin, il y a aussi des impacts dus au retard de la formation du gouvernement et qui laissent planer des incertitudes sur la priorisation du tourisme pour le prochain gouvernement.
Bab Ighli pour toujours?
C’est tout un village qui a vu le jour à Bab Ighli pour accueillir la conférence climatique monté sur 30 hectares et les autorités, les élus et les professionnels de Marrakech souhaitent garder du moins en partie. «Ce genre d’infrastructure pourrait ouvrir de nouvelles perspectives pour Marrakech et transformer les basses saisons en haute saison et retrouver des niveaux de croissance habituels», indique Bentahar. Le projet est à l’étude. S’il est validé, la deuxième étape sera la recherche d’un montage financier et de gestion pour cette structure.
Le 30 Novembre 2016
SOURCE WEB Par L’écoomiste
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