Le numérique pollue plus que l’aérien

Un rapport du think tank The Shift Project révèle que le numérique est responsable de 4 % des émissions de gaz à effet de serre (GES). Pointé du doigt par les politiques et les médias, l’aérien génère entre 2,7 % et 4,9% des émissions de GES. Avec une augmentation annuelle de la consommation énergétique de 9 %, le numérique pourrait atteindre 8 % du total d’ici 2025, soit la part actuelle des émissions des voitures.
L’Accord de Paris engage tous les États de la planète à diminuer drastiquement leurs émissions de gaz à effet de serre d’ici la fin de la prochaine décennie. Un défi de taille qui impose de repenser l’intégralité de la consommation énergétique mondiale, actuellement dominée à 80 % par les énergies fossiles. Alors que l’attention des politiques est portée sur l’aérien, qui génère entre 2,7% et 4,9 % des émissions de GES, The Shif Project tire la sonnette d’alarme à propos de l’impact environnemental du numérique. Ce dernier est aujourd’hui responsable de 4 % des émissions de gaz à effet de serre. Compte tenu de l’augmentation annuelle de la consommation énergétique (+9 %), le numérique pourrait atteindre 8 % du total des émissions en 2025.
The Shift Project appelle ainsi l’ensemble des usagers à la sobriété numérique. Une pratique qui consiste à prioriser l’allocation des ressources en fonction des usages, afin de se conformer aux limites planétaires, tout en préservant les apports sociétaux les plus précieux des technologies numériques. « Les opportunités du numérique étant précieuses, mieux les calibrer est essentiel pour en préserver l’utile. Être “sobre” à l’échelle de notre société, c’est donc réinventer nos usages pour qu’ils soient compatibles avec les contraintes climatiques. C’est un défi stimulant, et ce rapport m’a permis de commencer à le mesurer », commente Maxime Efoui-Hess, auteur du rapport, The Shift Project.
Le poids de la vidéo
Sont notamment mis en cause, les multiples flux de données générés par le numérique. La vidéo qui s’accapare 80 % des flux de données, constitue le poids lourd des usages numériques. En 2018, la vidéo en ligne a engendré 306 millions de tonnes de CO2. Nombreux sont les acteurs du Tourisme à opter pour ce support pour faire la promotion d’une destination ou d’un hôtel par exemple. The Shift Project recommande ainsi de réduire le poids des vidéos mises en ligne afin de limiter les émissions qui découlent de leur diffusion.
L’envoi de mail, la navigation sur des sites web, la messagerie instantanée font quant à eux partie des usages hors vidéo du numérique et représentent 20 % des flux de données. Qu’il s’agisse de réserver un voyage personnel ou d’affaires, le numérique est le canal privilégié par les voyageurs aujourd’hui. The Shift Project suggère aux internautes de mesurer leur empreinte lorsqu’ils naviguent en ligne en installant une extension à leur navigateur à des fins de sensibilisation. Ils peuvent également privilégier les applications de voyage les moins énergivores. Demain, cela pourrait constituer un critère de sélection aux yeux des consommateurs.
La pollution numérique n’est pas virtuelle
Ainsi, les auteurs du rapport appellent chacun à interroger la pertinence de ses usages numériques. Il s’agit d’éviter qu’un usage jugé précieux ne pâtisse de la surconsommation d’un autre jugé moins essentiel. Faut-il laisser l’usage croissant de Netflix diminuer l’accès à Wikipédia ? Pour les auteurs du rapport, ne pas choisir au 21e siècle n’est plus une option viable. À travers ce rapport, The Shift Project lève le voile sur l’impact du numérique insoupçonné par la plupart de ses usagers. Hier les voitures, aujourd’hui les avions, demain le numérique fera-t-il aussi l’objet d’une écotaxe ?
Malgré son empreinte carbone (un peu moins de 10gCO2 en moyenne par visionnage), cette vidéo vise à rendre visible l’impact environnemental du numérique. Crédits : The Shift Project
Consulter l’intégralité du rapport de The Shift Project
Photo d’ouverture : Taylor Vick
Le 19 juillet 2019
Source web Par tom.travel
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