Mobiliser son territoire autour des arts et de la culture
Culturat démontre que la culture peut devenir une source essentielle de rapprochement, de fierté et d’action lors de la mise en place d’une démarche de mobilisation citoyenne régionale. Comment expliquer son succès à travers les années?
Lors du 32e colloque du réseau Les Arts et la Ville, Geneviève Aubry et Pascale Charlebois, consultantes pour Tourisme Abitibi-Témiscamingue – Culturat, ont présenté la mise en œuvre et l’évolution de la démarche Culturat, avec ses bons coups, ses erreurs et ses impacts sur son milieu.
Culturat en bref
Portée par l’organisation de gestion de destination, Culturat est, depuis 2012, « une démarche de mobilisation citoyenne qui vise à faire de l’Abitibi-Témiscamingue un territoire créatif et accueillant en misant sur la culture comme source d’action, de fierté et de rapprochement ». Devant l’enthousiasme de tous les milieux, la démarche a dépassé le cadre du tourisme culturel pour devenir un projet de société touchant de nombreux secteurs de la communauté.
La mobilisation de la population s’avère indispensable au succès de Culturat. Un argumentaire développé pour chacun des publics visés a permis de les motiver à se joindre au mouvement. Pour soutenir la démarche, de nombreux outils de communication furent adaptés selon les clientèles ciblées (citoyens, municipalités, écoles, communautés autochtones, artistes, milieu culturel et entreprises).
Plusieurs résultats positifs découlent de la démarche. Par exemple :
- Les entreprises soutiennent davantage le milieu culturel;
- On remarque une plus grande ouverture à la nation anicinabek et une meilleure connaissance de celle-ci. D’ailleurs, ses activités gagnent en popularité auprès des non-autochtones;
- Les écoles ont réalisé plus de 250 projets. La présence des artistes est accrue et les enseignants deviennent des passeurs culturels.
À ce jour, 62 municipalités, 7 conseils de bande et 17 organismes de développement ont signé la charte de participation à Culturat. La vidéo suivante présente le bilan du projet.
Source : YouTube
Les facteurs de succès
Fortes de leur expérience, Mmes Aubry et Charlebois relèvent certains éléments essentiels pour qu’une démarche de mobilisation citoyenne comme Culturat soit un succès.
Des ressources humaines dévouées
Le succès d’un projet d’une telle envergure ne peut se réaliser sans le travail consciencieux d’une équipe passionnée. Celle-ci doit rapidement se trouver sur le terrain afin de prendre contact avec les divers publics et de sillonner le territoire pour diffuser et répéter le message du projet. À cela s’ajoute du personnel pour développer une solide stratégie de communication.
Des partenaires médias
Les médias contribuent à la mobilisation de l’ensemble de la région et à la diffusion du contenu. Dans le cas de Culturat, les partenariats ont permis d’obtenir des ententes de diffusion d’une valeur de 200 000 $ annuellement. Plus d’une centaine de capsules vidéo ont été diffusées, depuis 2014, à la télévision (TVA), à la radio et sur le Web. L’une d’entre elles souligne d’ailleurs l’engagement de partenaires télévisuels. La voici :
Source : YouTube
Des appuis politiques
L’appui des municipalités et des conseils de bande fut important pour la réussite de la démarche. Les villes et les villages de la région ont investi plusieurs centaines de milliers de dollars au cours des années pour des projets issus de Culturat. Une meilleure solidarité entre eux en a découlé.
Du réseautage
L’insertion de Culturat dans divers réseaux nationaux et internationaux s’avère très bénéfique. Le rayonnement et la crédibilité des projets s’en trouvent grandement augmentés. Que ce soit l’UNESCO, Cités et Gouvernements Locaux Unis ou Creative City Network, toutes ces organisations sont des sources d’apprentissages, de rencontres et de partenariats. Elles constituent également des leviers de reconnaissance et de motivation.
Que pouvons-nous tirer de cette expérience?
Les conférencières ont fait plusieurs constats et apprentissages pendant la démarche Culturat. De cette réflexion, elles proposent cinq éléments clés à retenir.
Source : Réseau de veille en tourisme
1. Affirmer le droit à l’erreur
Chaque cas est unique. La mobilisation et l’innovation n’ont pas de formule préétablie. Il s’avère essentiel d’expérimenter et, par le fait même, de prendre des risques afin de trouver la meilleure solution. Dans tous les cas, une organisation doit se donner le droit à l’erreur. En retour, il faut qu’elle soit humble et à l’écoute. C’est une excellente occasion d’apprendre et de s’améliorer.
2. adapter son discours
Être à l’écoute des personnes que l’on désire mobiliser et utiliser leur vocabulaire augmente les chances de les joindre et de les faire participer. Il faut éviter les discours génériques. Par exemple, le milieu des arts se sent interpellé par la culture si l’on parle d’émotions, alors que les entreprises le sont davantage si l’on aborde l’impact sur les employés.
3. Valoriser l’action et l’engagement
La mobilisation devient très efficace lorsque l’engagement des personnes ainsi que les actions et les projets sont mis de l’avant. Stimuler la fierté et les bonnes idées en présentant les initiatives. À l’inverse, le manque de valorisation et de reconnaissance s’avère un frein important.
4. S’inspirer du désir d’action des milieux
Il est primordial de collaborer avec les milieux où se réalisent les projets et de les écouter. En s’associant aux agents de changement ainsi qu’aux leaders, il est plus facile de transmettre le message. Rien ne sert d’imposer des idées. Il faut plutôt apporter le soutien pour les faire émerger et l’aide aux personnes qui ont une réelle volonté de travailler sur le projet.
5. Adapter les stratégies et les appels à l’action
Pour convaincre vos publics cibles, déterminez — avant de communiquer avec eux — ce qu’ils auraient à gagner en participant au projet. Si certaines stratégies ne fonctionnent pas, il ne faut pas hésiter à les modifier. Une démarche qui perdure fait face à plusieurs changements politiques, culturels ou sociaux. Elle doit évoluer.
L’avenir de Culturat
Cette démarche constitue un bel exemple de mobilisation citoyenne et de promotion d’une région par les arts, la culture et son identité. Le projet recevra une reconnaissance internationale et rayonnera encore davantage, puisqu’il deviendra bientôt le 14e leader à la Commission culture de Cités et Gouvernements Locaux Unis. Il s’agit d’un programme, où des villes ou des territoires tels que Buenos Aires, Rome et Bilbao sont reconnus pour leur expérience dans le développement durable de la culture.
Installé sur des bases solides, Culturat se renouvelle. Dans les prochaines années, les nouveaux chantiers porteront davantage sur l’aménagement culturel du territoire, les démarches participatives, l’inclusion et la diversité, et l’environnement. À suivre!
Le 7 août 2019
Source web Par veille tourisme
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