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Investissement, la composante malade du PIB

Investissement, la composante malade du PIB

Alors que l’activité reste durablement atone, le monde des affaires se tourne tous les trois mois vers la banque centrale à la recherche de lubrifiant. Il n’y en a pas eu à l’issue de la réunion de politique monétaire de juin (voir aussi L’Economiste n°5538 du 19 juin 2019).

Bank Al-Maghrib a maintenu le taux directeur à 2,25%. Difficile de soutirer des indices sur l’évolution de la politique monétaire à très court terme au wali de Bank Al-Maghrib. Si elle n’a pas touché au taux mère, la banque centrale continue en revanche de mobiliser les autres parties prenantes sur l’amélioration des délais de paiement et les conditions d’octroi du crédit. Des progrès sur ces fronts contribueraient à améliorer la transmission de la politique monétaire sur l’économie.

La semaine prochaine, Bank Al-Maghrib fera le point avec les membres du GPBM sur plusieurs dossiers dont la notation des entreprises. Les banques s’étaient engagées en 2016 à communiquer les notations de leurs clients. L’idée est de permettre aux emprunteurs d’améliorer la qualité de leur dossier et aussi leur coût de financement. Une batterie d’éléments est prise en compte dans la notation bancaire des entreprises avec une attention poussée sur la structure financière et la gouvernance.

Alors que certains établissements ont commencé à divulguer verbalement les notes, d’autres sont encore réticents à le faire. A ces derniers, la banque centrale va rappeler leurs obligations. «Nous allons exiger qu’ils remplissent leurs engagements», indique Abdellatif Jouahri.

Le comportement du crédit aux entreprises privées demeure préoccupant. L’encours n’a progressé que de 1,3% en avril sur un an. Surtout, les chefs d’entreprise sont occupés à gérer l’urgence et les échéances de fin de mois et ont du mal à se projeter sur un horizon long. Les facilités de trésorerie ont vu leur encours augmenter de 4,5% à fin avril.

Par contre, il y a peu de projets d’investissement qui atterrissent dans les comités de crédit, disent les banquiers. Dans les statistiques, cela se traduit par une baisse de 2,1% des prêts à l’équipement. Cette situation fait peser un risque sur la croissance qui ne tourne quasiment qu’avec le moteur de la consommation des ménages. La hausse du PIB se limitera à 2,8% en 2019, selon les nouvelles prévisions de la banque centrale.

? Régime de change: Le calendrier devient plus flou

Les autorités monétaires ne cèdent pas à la pression du FMI pour effectuer un pas supplémentaire dans la réforme du régime de change. «Nous préférons que les éléments précurseurs d’un choc se présentent pour justifier un nouvel élargissement de la bande de fluctuation», explique le wali de Bank Al-Maghrib. Suite à l’expérience de juillet 2017, «nous avons peur qu’un élargissement ne soit compris dans le mauvais sens. Si les gens ne voient pas d’indices d’un choc imminent, ils vont croire que nous masquons des fragilités», poursuit-il. C’est une nuance dans le discours tenu jusque-là et qui renforce le flou sur le calendrier de la réforme.

? Privatisations: A quand une évaluation du programme?

La commission d’évaluation des entreprises privatisables a travaillé dans des délais serrés sur le dossier de la cession de 8% de Maroc Telecom, a concédé le wali de Bank Al-Maghrib qui est également président de cette commission. Celle-ci est chargée de fixer le prix minimum de cession des actifs publics. Le prix final, lui, est décidé par la commission des transferts qui, elle, est présidée par le ministre des Finances. «Les privatisations ne doivent pas être seulement des opérations de mobilisation de recettes, mais doivent aussi apporter une valeur ajoutée sur les plans économique et financier», estime la wali de Bank Al-Maghrib. Depuis 1993 et la première opération de désengagement de l’Etat d’une entreprise publique, il n’y a pas eu une vraie évaluation du programme de privatisation, regrette le banquier central. Le risque est de répéter les erreurs du passé.

Le  20.06.2019

Source web Par leconomiste

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