La présence du Maroc sur la liste grise du GAFI empêche son accès à une ligne de crédit modulable (FMI)
Le Maroc a entamé les discussions avec le FMI pour l’octroi de la ligne de crédit modulable. Le Royaume est-il réellement qualifié pour obtenir cette ligne ? La question a été posée à Roberto Cardarelli, chef de la mission FMI au Maroc.
Abdellatif Jouahri, wali de Bank Al-Maghrib, a indiqué, lors du conseil de la Banque centrale tenu mardi 21 juin, que la discussion avec le Fonds monétaire international (FMI) se poursuit, notamment sur la ligne de crédit modulable (LCM).
« La LPL (ligne de précaution et de liquidité, ndlr) n’a pas été utilisée par le Trésor. C’est une manne qui est là et qui peut être utilisée. Si le Trésor veut l’utiliser, ni les statuts de Bank Al-Maghrib ni ceux du FMI ne s’y opposent. (…) La discussion avec le FMI se poursuit, non sur la LPL, mais sur la modulable », a-t-il souligné.
A noter que la négociation d’une ligne de crédit modulable est envisagée par le Maroc depuis 2018.
Sur son site, le FMI indique que la LPL « permet d’apporter des financements pour répondre aux besoins réels ou potentiels de balance des paiements des pays qui mènent de bonnes politiques économiques ; elle a été conçue pour servir d’assurance ou aider à résoudre les crises, et ce dans un large éventail de situations. Elle allie un processus de qualification (semblable à celui de la LCM, mais avec un seuil plus bas) et une conditionnalité ex post ciblée visant à remédier aux facteurs de vulnérabilité modérés subsistants recensés pendant la phase de qualification ».
« LPL est conçue pour répondre de façon souple aux besoins de liquidité des pays membres dont l’économie est foncièrement solide, mais qui restent exposés à quelques facteurs de vulnérabilité les empêchant d’avoir recours à la LCM », poursuit la même source.
Accéder à la LCM (ligne modulable) ferait donc passer le Maroc dans une catégorie supérieure de partenariat avec le FMI. Cet accès revaloriserait également la signature du Royaume, ce qui se répercuterait positivement sur les conditions de ses sorties sur les marchés internationaux.
La question qui se pose, néanmoins, est de savoir si le Maroc est réellement qualifié pour obtenir cette ligne de crédit ? Elle a été soumise à Roberto Cardarelli, chef de la mission FMI au Maroc, jeudi 23 juin dans le cadre de la conférence organisée par Bank Al-Maghrib en partenariat avec le FMI et la Revue économique du FMI, sur le thème « Une reprise transformationnelle : saisir les opportunités de la crise ».
Voici sa réponse : « La modulable n’a ni conditionnalité, ni limite supérieure. Le processus pour obtenir la ligne modulable est un peu différent (par rapport à la LPL, ndlr), dans le sens où le FMI accorde cette ligne de crédit aux pays disposant d’un cadre de politique macroéconomique qualifié de ‘très fort’, alors que la LPL, elle, est accordée aux pays ayant un cadre ‘fort’. »
En effet, la LCM permet au FMI, grâce à son caractère modulable, de répondre aux besoins les plus variés des pays, à travers :
– la souplesse de pouvoir effectuer un tirage sur la ligne de crédit à tout moment pendant une période déterminée, ou de la considérer comme un dispositif de précaution.
– l’accès immédiat à un montant élevé de ressources du FMI sans conditionnalité continue, grâce à la solidité de leur politique économique.
– la possibilité de reconduire la ligne de crédit d’une durée initiale d’un ou deux ans.
– l’absence d’un plafond du montant d’accès aux ressources du FMI. De plus, le besoin de financement est évalué au cas par cas, selon les besoins actuels ou éventuels du pays membre au titre de la balance des paiements.
« Nous avons entamé les discussions pour voir si le Maroc est qualifié pour obtenir la ligne modulable. Il a été relevé la nécessité d’un changement afin d’en bénéficier. Il s’agit de la position du Maroc sur la liste grise du GAFI (Groupe d’action financière, ndlr) », souligne Roberto Cardarelli.
Et de poursuivre : « Cette situation soulève une problématique liée à la possibilité de conclure que le Maroc a un cadre de supervision financière très fort. Sur la base de la position du Maroc sur la liste grise, l’on peut conclure qu’il y a encore des choses à faire avant d’affirmer que le Royaume a un cadre de sécurité financière très fort. »
« Cette discussion soulève la possibilité de renforcer le cadre institutionnel budgétaire », ajoute-t-il.
Processus de qualification et critères d’admissibilité à la LCM
Le FMI souligne sur son site que le processus de qualification du pays membre repose sur la vérification des principes suivants :
– la solidité de ses fondamentaux économiques et de son cadre institutionnel ;
– la fermeté continue de sa politique économique, tant à l’heure actuelle que par le passé ;
– l’engagement pris par le pays à maintenir le même cap à l’avenir.
Les critères d’admissibilité d’un pays à la LCM sont les suivants :
– viabilité de sa situation extérieure ;
– compte de capital dominé par des flux de capitaux privés ;
– antécédents d’accès continu aux marchés de capitaux internationaux à des conditions favorables ;
– au moment de la demande d’un accord à titre de précaution, position des réserves qui, en dépit des problèmes éventuels de financement de la balance des paiements qui justifient une aide du FMI, reste relativement satisfaisante ;
– santé des finances publiques, et notamment viabilité de la dette publique ;
– inflation maintenue faible et stable grâce à une politique monétaire et de change saine ;
– système financier sain et absence de problèmes de solvabilité qui pourraient menacer la stabilité du système ;
– contrôle efficace du secteur financier ;
– intégrité et transparence des données statistiques.
Le 23/06/2022
Source web par : medias24
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