Agriculture: La campagne céréalière est compromise
Malgré les dernières pluies, le bilan pluviométrique est inférieur à la normale. Des spécialistes craignent une production entre 40 et 50 millions de quintaux cette année contre 103 millions annoncées pour 2017-2018.
Les légères pluies de ces deux derniers jours (mercredi 6 et jeudi 7 mars) ont concerné la partie nord du Royaume et les reliefs du Moyen Atlas. Elles ne changent rien à la situation globale.
Le bilan pluviométrique de la saison 2018-2019 jusqu’à fin février était globalement défavorable : excédentaire sur le Saïss et l’ouest du Gharb, normal sur le Gharb, l’ouest de la Chaouia et de Abda, et déficitaire ailleurs. Ceci, en comparaison avec une année normale (moyenne des 30 dernières années).
Ce qui confirme le diagnostic d’un ingénieur agronome contacté par Médias24 :
« A partir de la Chaouia (région de Settat), les agriculteurs ont depuis des semaines lâché le bétail pour ne pas tout perdre. Le bétail est important dans ces zones tournées vers l’élevage plutôt que vers l’agriculture en raison de l’aridité du climat qui s’est installée au fil des années ».
« Dans le Gharb, région bien arrosée avec ses barrages et sa nappe phréatique, les agriculteurs ont commencé à irriguer leurs cultures céréalières malgré le coût élevé. Ce qui montre qu’ils n'espèrent plus un retour des précipitations ».
« Dans le Saïss, la situation est moyenne. Dans certaines zones côtières où l’humidité est élevée et dans certaines micro-zones, la situation est moins grave qu’ailleurs à cause de l’irrégularité spatiale des pluies qui a marqué cette année ».
Ce jeudi 7 mars 2019, la situation est considérée comme critique et la campagne céréalière compromise. Cet ingénieur agronome, un banquier et même un responsable au niveau du ministère de l’agriculture sont unanimes à le dire.
Il est encore difficile de faire une appréciation générale de la situation qui peut encore évoluer légèrement pendant les semaines à venir. Mais les personnes contactées s’accordent à dire qu’au stade actuel, une campagne céréalière de 40 à 50 millions de quintaux serait le maximum que le secteur puisse réaliser. L'année dernière, la production avait atteint 103 millions de quintaux, selon les chiffres annoncés par le ministère de l'agriculture. Explications techniques.
La situation peut s'améliorer légèrement
Le stade actuel de la culture du blé est l’épiaison, c’est-à-dire l’apparition de l’épi des plantes. Il s’agit de l’avant-dernière phase du rendement : l’épi se forme, apparaît, puis se remplit des graines.
Quand cette phase se déroule dans des conditions climatiques défavorables, il ne faut pas s’attendre à une amélioration. Les graines se forment et ne se remplissent pas, et l’on obtient de l’échaudage.
C’est une étape où les séquelles sont irréversibles, contrairement à celle de la croissance végétale des plantes où même si la pluie tarde, la croissance peut reprendre en cas de pluie.
L’épiaison a démarré presque partout. Dans les zones bien servies en eau, cela va se dérouler plus ou moins bien. Dans les régions où la situation est moyenne, le remplissage des graines se fera dans des conditions défavorables.
Donc on aura un rendement variable, sachant que nombre d’agriculteurs n’ont pas donné beaucoup d’engrais de couverture ni bien effectué les travaux de désherbage à cause de la rareté des pluies. Les plantes n’ont donc pas beaucoup de réserves nutritives et hydriques.
« S’il y a de la pluie dans les prochaines semaines, cela aidera légèrement mais la situation dans les régions où le stress hydrique est le plus élevé restera difficile. 40 à 45 millions de quintaux est la production que l’on peut espérer dans les conditions actuelles, avec trois principales régions contributrices : le Gharb, le Saiss et la Chaouia. Ailleurs, il y aura de petites quantités pour la consommation locale et pour la survie », conclut notre expert.
Le 07/03/2019
Source web : medias24
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