La FDT appelle à une grève nationale mercredi prochain Le débrayage concernera les administrations et établissements publics ainsi que les collectivités territoriales
«La FDT organisera une grève nationale dans les administrations et établissements publics ainsi que les collectivités territoriales, et ce le mercredi 20 février. Cette grève constitue la troisième phase du programme de protestation défini par le Conseil national tenu le 22 septembre 2018 ». C’est ce qui ressort de la déclaration de presse lue par le Secrétaire général de la FDT, Abdelhamid Fatihi, au début de la conférence organisée mercredi à « Dar Al Mouhami », siège du Barreau des avocats de Casablanca, pour expliquer les raisons de ce débrayage.
Elle vise par cela à attirer l’attention du gouvernement sur la gravité de la situation sociale actuelle. «Depuis 2011, date du dernier accord social, à savoir l’Accord du 26 avril 2011, la situation de la classe ouvrière a périclité. Ses acquis, ses droits et ses revendications ont été bafoués pour la huitième année consécutive sous la houlette de deux gouvernements (en l’occurrence celui d’Abdelilah Benkirane et celui de Saad Dine El Otmani) », a souligné Abdelhamid Fatihi. Et d’expliquer : « Cette classe n’a profité d’aucune mesure visant à renforcer son pouvoir d’achat et à améliorer sa situation. Pis encore, durant ces années de vaches maigres, le gouvernement a porté atteinte aux acquis sociaux » des travailleurs. Aussi la FDT a-t-elle dénoncé le gel du dialogue social et de « tous les accords » conclus avec les centrales syndicales, ainsi que les atteintes aux droits et acquis des salariés. En même temps, cette centrale syndicale a énuméré ses principales revendications qu’elle a qualifiées de « justes et légitimes ». A leur tête figurent l’augmentation des salaires et des allocations et l’allègement des charges fiscales et sociales. Elle a, par ailleurs, appelé le gouvernement à « mettre fin aux atteintes aux droits et libertés syndicales notamment le licenciement collectif des travailleurs et les ponctions sur les salaires des grévistes opérées sans fondement juridique».
Le Secrétaire général de la FDT a par ailleurs mis en exergue un paradoxe : «Entre 2000 et 2010, le Maroc a enregistré une évolution surprenante en ce qui concerne l’élargissement des pratiques démocratiques avec le nouveau concept d’autorité, le nouveau Code de la famille, l’IER et plusieurs autres mesures qui permettent d’édifier un Etat démocratique. Durant cette période, le taux de croissance était élevé ainsi que les opportunités d’emploi ». « Mais, a-t-il ajouté, après les événements du 20 Février et l’adoption de la Constitution 2011, nous avons cru que le rythme de croissance et la transition démocratique allaient s’accélérer, mais c’est le contraire qui s’est passé. Le taux de croissance a baissé, les opportunités d’emploi ont diminué, la transition démocratique a été gelée et la confiance en les institutions (Parlement, gouvernement et institutions intermédiaires…) s’est érodée».
En ce qui concerne la date choisie pour le déclenchement de la grève nationale, Abdelhamid Fatihi a assuré que le choix du 20 février n’est pas fortuit, car « nous voulons transmettre au gouvernement le message de la colère d’une société qui se sent désabusée et déçue après que les espoirs portés par le Mouvement 20 Février se sont dissipés ».
D’autres centrales syndicales comme la CDT ont également appelé à une grève nationale le 20 février, mais le dirigeant de la FDT a nié qu’il y ait eu coordination entre elles concernant ledit débrayage. « Il y a deux autres centrales syndicales qui ont appelé à faire grève le 20 février. A vrai dire, il n’y a aucune coordination à propos de ce dossier et il n’y a eu aucun contact entre ces trois centrales », a souligné Abdelhamid Fatihi. « Mais je crois que la coordination est devenue nécessaire puisque la situation sociale actuelle exige que les institutions d’intermédiation sociale comme les partis politiques et les syndicats se mobilisent pour faire pression en vue de mettre fin à cette situation sociale insoutenable ».
Il a, par ailleurs, appelé les centrales syndicales à « vaincre l’égoïsme tenace » pour être en mesure de faire face à la situation sociale actuelle qui est marquée par un recul à tous les niveaux. « Il faut que les centrales syndicales s’entendent sur un programme minimum pour défendre les intérêts des salariés et des fonctionnaires », a-t-il déclaré en substance.
Abdelhamid Fatihi n’a donc pas écarté d’autres formes de protestation après la grève nationale de la semaine prochaine. « Ce sont les instances de notre centrale syndicale qui décideront, dans les jours à venir, des formes de protestation auxquelles il faudra recourir si le gouvernement ne réagit pas », a-t-il conclu.
« On a été contraints de recourir à la grève devant ce silence suspect du gouvernement dont la politique antisociale a porté atteinte aux acquis des salariés et érodé gravement le pouvoir d’achat des classes moyennes », a martelé pour sa part Sadek Rghioui, secrétaire général adjoint de la FDT. Et d’ajouter qu’il y a une coordination entre les syndicats sectoriels comme en atteste celle qui existe entre les trois syndicats de l’enseignement affiliés à trois centrales syndicales différentes. Il y a également coordination dans le secteur de la santé, des collectivités territoriales, mais « il y n’a pas eu jusqu’à présent de coordination claire au niveau des centrales syndicales».
Il convient de rappeler que la FDT avait organisé au début de ce mois (3 février) une marche nationale de protestation à Rabat pour dénoncer la politique du gouvernement « hostile aux revendications de la classe ouvrière ».
Ladite marche a été le couronnement d’un programme de protestations entamé il y a quelques mois par l’organisation de marches dans plusieurs régions (dont trois ont été interdites par les autorités).
 Le 15 février 2019
Source web : libération
Les tags en relation
Les articles en relation
Maroc : la grève du contrôle aérien reportée
Les contrôleurs aériens marocains ont accepté de reporter leur grève du zèle, qui devait débuter samedi après-midi et durer deux semaines. Alors que M...
Droit de grève : Le projet de loi encadre les appels et limite les acteurs
Le projet de loi organique récemment adopté en commission redéfinit les règles du droit de grève au Maroc, limitant les parties habilitées à lancer des a...
Enseignement : accord pour l’élaboration d’un décret relatif au nouveau statut des enseignants
Après l’accord du 26 décembre 2023, Chakib Benmoussa, ministre de l’Éducation nationale, et les représentants des syndicats de l’enseignement ont plan...
Réforme des retraites au Maroc : tensions et enjeux
Le gouvernement marocain a relancé le dossier sensible de la réforme des retraites en réunissant les partenaires sociaux sous la présidence d’Aziz Akhanno...
Cherki Draiss affiche la fermeté face aux « brigades de la vertu »
« Des instructions ont été données pour sévir contre les particuliers qui veulent remplacer les institutions dans l’application de la loi », a averti le...
La Révolte du Pain : Un Soulèvement Populaire Marquant l'Histoire du Maroc
Le 20 juin 1981, connu comme la «Révolte du pain», demeure une date sombre dans l’histoire contemporaine du Maroc. Cet événement tragique reflète la pro...
1er mai : syndicats marocains entre colère et espoir
Le 1er mai 2025, des milliers de travailleuses et travailleurs marocains ont manifesté dans tout le Royaume à l’occasion de la fête du Travail, portant une...
ONDA: voici pourquoi les contrôleurs aériens se mettent de nouveau en grève à partir de demain
A partir de demain, mercredi 30 octobre, le trafic aérien, commandé dans les aéroports à partir des tours de contrôle, sera restreint. Les aiguilleurs du c...
Réforme des retraites : le dialogue social dans l’impasse
Le dialogue sur la réforme des retraites au Maroc est à nouveau bloqué, les syndicats dénonçant une absence de vision claire du gouvernement. Selon Al Akhb...
Mohammed VI préside une séance de travail consacrée à la Formation professionnelle
Le Roi Mohammed VI a présidé ce jour au Palais Royal de Rabat, une séance de travail consacrée au programme de mise à niveau de l’offre de Formation prof...
Anniversaire du 20 juin 1981: la CDT maintient ses manifs malgré l’interdiction
La Une du 20 juin 1981 du quotidien Libération, porte-parole de l'Union socialiste des forces populaires (USFP). La Confédération démocratique du tra...


vendredi 15 février 2019
0 
















Découvrir notre région