Guerre de 1914-18 : les soldats marocains "dans toutes les grandes batailles

Tirailleurs ou sphahis, engagés volontaires depuis leur campagne pour devenir des éléments de choc sur le front: les soldats marocains des troupes coloniales françaises ont participé à toutes les grandes batailles de la Première Guerre mondiale, raconte à l'AFP Jean-Pierre Riera, professeur d'histoire au lycée Lyautey de Casablanca.
Il est le co-auteur de l'ouvrage "Ana! Frères d'armes marocains dans les deux guerres mondiales".
Q: Quelle a été la contribution des soldats marocains dans la Première Guerre mondiale?
R: 40.000 soldats vont être engagés, soit environ 7% des troupes coloniales engagées aux côtés de la France. Il y a deux types de soldats marocains en 1914-18: les tirailleurs, qu'on appelle au début de la guerre les Régiments des chasseurs indigènes à pied, et les Régiments de chasseurs indigènes à cheval (les spahis). Il n'y a pas de service militaire au Maroc à l'époque, donc ce sont des engagements volontaires dans un premier temps. Ce sont des jeunes hommes issus majoritairement de la campagne. Ils ne savent pas évidemment ce qui les attend, comme tous les soldats qui participent à cette guerre. Une prime d'engagement est donnée pour les attirer. La solde qu'ils vont toucher est inférieure à celle des soldats français. Comme on a besoin de beaucoup d'hommes, il est évident qu'il y a aussi des recrutements plus ou moins forcés, mais toujours dans des effectifs relativement modestes.
Q: A quelles batailles ont-ils participé?
R: Les soldats marocains sont engagés dans toutes les grandes batailles de la Première Guerre mondiale. Les tirailleurs, dès qu'ils arrivent en France, majoritairement à Bordeaux, sont lancés le 5 septembre dans la première phase de la bataille de la Marne, dans des combats très difficiles. Ils participent à la poursuite des Allemands dans ce qu'on appelle la course à la mer, toujours vers la fin 1914. En 1915, ils sont engagés dans deux très grandes offensives françaises, en Artois et en Champagne. En 1916, ils participent à la bataille de Verdun, et en 1917, on les retrouve lors de la célèbre bataille du Chemin des Dames. L'année 1918, les tirailleurs marocains sont en appui pour essayer de limiter les dégâts quand les Allemands commencent à avancer vers Paris. Les troupes marocaines participent ensuite aux batailles qui vont permettre de libérer le territoire, occupé par les Allemands.
On compte 26% de pertes chez les soldats marocains. Les pertes, ce sont les morts, blessés et disparus. Chez les soldats français, c'est environ 24%. C'est relativement similaire. Les pertes sont bien plus importantes chez les tirailleurs que chez les spahis. Pourquoi? Parce que ce sont des troupes de choc, envoyées au combat en première ligne dans toutes les grandes offensives. Ce sont véritablement des troupes d'élite, qui ont un pouvoir de rupture, qui peuvent briser le front. Et donc les pertes sont automatiquement très élevées. Il ne s'agit pas de chair à canon: s'ils sont envoyés en troupes de choc, c'est parce que ce sont d'excellents soldats. Et d'ailleurs, il y a des pertes en officiers et sous-officiers français extrêmement importantes.
Q: Quelles traces ces soldats ont-ils laissé dans la mémoire collective au Maroc?
R: Les informations qu'on peut avoir sur ces combats et sur la mémoire de cette période viennent surtout des archives militaires, des journaux de marche des régiments qui suivent, jour après jour, les déplacements des troupes. On a très peu de documents écrits, parce que ces hommes qui venaient des montagnes du Maroc ne savaient ni lire ni écrire. En France, il y avait bien des traducteurs qui permettaient aux soldats d'écrire des lettres à leurs familles. Mais là aussi, il y avait une censure, comme elle pouvait exister chez les soldats français. Il y a peut-être eu des soldats qui ont raconté, quand ils sont rentrés au pays, mais cette mémoire orale a, hélas, disparu.
Le 01/11/2018
Source web par: atlas info
Les tags en relation
Les articles en relation

Préscolaire: Une stratégie pour la généralisation
La mise en œuvre du programme pour la généralisation du préscolaire sur une période de 10 ans nécessite la construction de plus de 50.000 classes dont 4.0...

Argane : Le Canada appuie la filière
La filière arganière bénéficie du soutien du Canada. Le pays nord-américain souhaite, à travers sa contribution, renforcer l’autonomisation économique ...

Tanger: La métamorphose d’une ville mythique
Ceux qui n’ayant pas revu Tanger depuis quelques années, et profitant du tout nouveau TGV marocain Al Boraq, vont s’y rendre, risquent d’être surpris et...

La date de Aïd Al Mawlid au Maroc
Les Marocains auront droit à des jours fériés à l’occasion d’Aïd Al Mawlid. Selon les calculs de l’astronome de renom Hicham El Issaoui, le 1er Rabii...

La CNT passe à l’action
En ce moment même, la Confédération Nationale du Tourisme tient une réunion à Casablanca avec un panel représentatif de l’ensemble des acteurs du Touris...

Boycott des établissements scolaires : le ministère temporise
L'arrêt des études dans certains établissements scolaires en raison du nouvel horaire n'a concerné que des cas isolés, a indiqué, mercredi, le min...

Tragédie au Hajj 2024 : 1.301 Pèlerins Périssent sous la Canicule en Arabie Saoudite
L'Arabie saoudite a annoncé dimanche la mort de 1.301 pèlerins lors du grand pèlerinage musulman, tenu récemment sous des chaleurs caniculaires. La majo...

AREF : Des campagnes de communication après l'adoption des nouveaux horaires scolaires
Le ministre de l'Éducation nationale, de la Formation professionnelle, de l’Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique, Saaïd Amzazi a affi...

Tuer la régionalisation?
La Banque mondiale, le Forum de Davos… évaluent la qualité des services publics liés à l’investissement. Le Maroc est assez bien classé. Mais les con...

Sidattes 2018: Le Crédit Agricole déroule sa stratégie d'accompagnement de la filière phœnicico
La 2ème journée du Sidattes 2018 a vu l’organisation, par le groupe Crédit agricole du Maroc (CAM), de la 7ème édition du forum d’investissement de la ...

La faim dans le monde continue à augmenter, selon l’ONU
La faim dans le monde a augmenté en 2017 pour la troisième année consécutive, alimentée par les conflits et le changement climatique, selon un rapport publ...

Aquaculture: les millions commencent à tomber
Les résultats des appels à manifestation d'intérêt lancés par l'Agence nationale pour le développement de l'aquaculture (ANDA) dans la région...