Inégalités au Maroc : La DEPF analyse les maux du pays
La direction des études et des prévisions financières relevant du ministère de l’Economie et des Finances a réalisé une étude sur le thème : « La question des inégalités sociales : Clés de compréhension, enjeux et réponses de politiques publiques ». Le rapport se base sur « une approche conceptuelle et théorique pour capter la complexité du phénomène des inégalités sociales ». Ainsi, il en caractérise les causes principales, met en exergue les efforts déployés par les autorités publiques, pour enfin identifier différents leviers prioritaires afin d’y remédier.
La question des disparités sociales est une problématique mondiale. Plusieurs études tendent à démontrer que les inégalités sont un frein à la croissance économique à moyen et long terme, un facteur de fragilisation du vivre-ensemble et compromettent en outre les efforts des pouvoirs publics en matière de réduction de la pauvreté.
Dans ce sens, le Maroc a déployé plus de 139 programmes sociaux ambitieux ayant pour objectif l’amélioration des conditions de vie de la population. Ces initiatives ont contribué à une baisse significative de la pauvreté et une forte atténuation de la précarité, notamment en milieu urbain. Néanmoins, malgré ces avancées positives, les inégalités affichent une résistance à la baisse comme en témoigne l’évolution de l’indice de GINI, en quasi-stagnation depuis des années.
Par conséquent, l’étude met en évidence trois domaines névralgiques qui affectent les conditions de départ des individus, constituant des sources structurelles de vulnérabilité et alimentant ainsi le creusement des inégalités au Maroc. Il s’agit manifestement de la santé, l’éducation et l’emploi.
Selon la DEPF, les dépenses publiques destinées au cycle secondaires et supérieur profiteraient d’avantage aux couches sociales aisées. Les inégalités d’opportunités ou de chance demeurent encore plus importantes au sein du système éducatif, notamment au vu de l’impact significatif de l’origine sociale de l’élève et de ses conditions socio-économiques et culturelles en matière de réussite scolaire. L’indice de GINI pour ce secteur demeure donc élevé, malgré une baisse tendancielle depuis la décennie 1980.
Le secteur de la santé rencontre des problèmes de disparités tout aussi importants, comme en témoigne le taux de mortalité infantile qui s’établit à 33,9% pour 1000 naissances vivantes pour les enfants issus de ménages pauvres alors qu’il n’est que de 18,7% pour ceux relevant des ménages aisés. D’après l’étude, ceci s’explique par le fait que plus les ménages sont aisés, plus la probabilité de bénéficier d’une couverture sociale n’est élevée.
En somme, la DEPF affirme que les inégalités aux soins persistent principalement car le dispositif est entravé par une offre sanitaire faible, contrainte par l’effectif réduit du personnel médical, et une insuffisance de l’infrastructure dédiée à la santé.
Dans le domaine de l’emploi, les inégalités les plus incontestables sont celles en termes d’accès des femmes au marché du travail. En effet, le taux d’activité des femmes est nettement inférieur à celui des hommes : 23,6% en 2016 contre 70,8% pour les hommes.
En dépit de ce constat, la DEPF se veut rassurante. Elle tempère en réalisant une analyse de la situation des inégalités au Maroc sur un échantillon de 11 pays comparables. L’étude révèle que le royaume occupe une position relativement favorable. En termes de disparités, le Maroc se situe juste après la Tunisie, et la Jordanie.
Enfin, dans le but d’apporter des réponses de fond à la problématique des inégalités au Maroc, la DEPF propose de donner la priorité à un certain de nombre de leviers capitaux :
- Accélérer le processus de transformation structurelle de l’économie marocaine
- S’attaquer vigoureusement aux inégalités de chance et de capacités
- Renforcer la cohérence des dispositifs sociaux pour maximiser les retombées de l’action sociale de l’état
- Placer la question de l’inclusivité genre et l’intégration des jeunes au cœur des politiques publiques de lutte contre les inégalités
- Inscrire la lutte contre les inégalités dans le cadre d’un chantier sociétal impliquant l’ensemble des acteurs.
Le 09 octobre 2018
Source web par: lnt
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