La pauvreté au Maroc : défis et opportunités
Publié conjointement par la Banque mondiale et le Haut-commissariat au Plan en 2017, le rapport intitulé La pauvreté au Maroc : défis et opportunités analyse l’évolution de la pauvreté et les causes profondes de la vulnérabilité dans le royaume, tout en dessinant des pistes pour faire reculer la pauvreté. L’étude montre que si le Maroc a connu une amélioration des niveaux de vie et un recul concomitant de la pauvreté et de la vulnérabilité entre 2001 et 2014, la pauvreté subjective reste forte, surtout en milieu rural.
Principaux messages :
- Entre 2001 et 2014, la pauvreté a régressé de manière substantielle au Maroc. Le taux de consommation par habitant a progressé au rythme annuel de 3,3 % (et 3,9 % pour le quintile le plus pauvre), tandis que la pauvreté monétaire et la vulnérabilité ont respectivement diminué de 4,8 et 12,5 %.
- L’amélioration des niveaux de vie se traduit également par une évolution des modes de consommation, avec une diminution de la part de l’alimentation et une diversification en faveur d’aliments à plus forte valeur nutritionnelle.
- La croissance a profité aux pauvres mais les écarts de taux de pauvreté entre les villes et les campagnes restent importants. Entre 2007 et 2014, la hausse de la consommation des ménages dans les quintiles inférieurs a été positive et supérieure à la moyenne. Cette hausse a par ailleurs été plus marquée dans les zones urbaines que dans les zones rurales. Le taux de pauvreté urbain a diminué plus vite que la moyenne nationale, puisqu’il ne représentait plus qu’un tiers du taux national en 2014, contre la moitié en 2001.
- À l’échelle infranationale, l’évolution des niveaux de vie entre 2001 et 2014 atteste d’une convergence entre les douze régions administratives du royaume, même si le rythme d’atténuation des écarts régionaux n’a pas été identique partout. Le coefficient de convergence révèle que les niveaux de vie dans les régions les moins riches se sont améliorés plus rapidement que dans les régions les plus riches. Ainsi à Fès-Meknès et dans la région de l’Oriental, cette convergence a été marquée, contrairement à Drâa-Tafilalet et Beni Mellal-Khénifra, où le processus a été plus lent. Il est d’ailleurs loin d’être achevé : au rythme annuel de 4 %, la réduction de moitié des disparités régionales initiales pourrait prendre encore 24 ans.
- Globalement, les inégalités se sont légèrement atténuées mais pas dans toutes les régions. Le coefficient de Gini s’est quelque peu amélioré entre 2001 et 2014, de 40,6 à 39,5, sous l’effet de deux tendances qui se sont contrebalancées : convergence entre les régions en termes de développement et aggravation des inégalités régionales dans certaines régions. Les inégalités se sont de fait creusées dans certains cas (comme dans les régions de Rabat-Salé-Kénitra, de 39,9 à 44,2, et du Sud, de 35 à 40,2) tandis qu’elles ont reculé dans d’autres (Casablanca, Marrakech-Safi et Souss-Massa).
- Si la croissance a contribué à faire reculer la pauvreté dans toutes les régions, son impact sur les inégalités a varié d’une région à l’autre. La réduction de la pauvreté est à imputer principalement à la hausse de la consommation des ménages : selon certaines simulations, 90 % environ de ce recul s’expliquent par la croissance, contre seulement 10 % par une légère diminution des inégalités.
- Malgré des résultats positifs sur le front de la réduction de la pauvreté, le Maroc reste confronté à un niveau élevé de pauvreté subjective, surtout dans les zones rurales. Le clivage prononcé entre pauvreté subjective et pauvreté monétaire est un phénomène fréquent dans les pays en développement, qui révèle la complexité même du concept de pauvreté. À l’échelon du pays, le taux de pauvreté ressentie (la part des ménages se considérant comme pauvres) a augmenté entre 2007 et 2014, de 41,8 à 45,1. La hausse la plus forte, de 15 %, concerne les zones rurales, où ce taux ressort à 54,3 % — ce qui signifie que plus de la moitié des ruraux se considèrent comme pauvres. Les proportions sont identiques chez les femmes (55,3 %) et chez les jeunes de moins de 25 ans (57,6 %). Globalement, 39,3 % des ménages considèrent que la pauvreté a augmenté tandis que 63,9 % estiment que les inégalités se sont creusées. Cette perception contraste avec le recul de la pauvreté monétaire et les bonnes performances du PIB agricole.
Le 09 Avril 2018
Source Web : banquemondiale
Les tags en relation
Les articles en relation
ONDH: « La pauvreté est une expérience qui concerne un Marocain sur deux » (étude)
Pour mesurer la pauvreté au Maroc et en analyser la dynamique, l’ONDH a réalisé une étude basée sur les données de son enquête panel des ménages (2012...
Près de 9 millions de Marocains pauvres ou menacés de pauvreté (BM)
Selon la Banque Mondiale, la croissance économique du Maroc ne dépassera pas 2,7% en 2019. La volatilite? e?conomique peut influer sur le bien-e?tre des me?na...
La pauvreté recule au Maroc, sauf en milieu rural (HCP)
Quatre millions de Marocains sont pauvres, soit 11,7% de la population. Ce chiffre dévoilé, ce mercredi 4 octobre par Ahmed Lahlimi, Haut commissaire au Plan,...
Maroc : les politiques sont morts, vive les technocrates !
Que le Maroc traverse une crise politique fait l'unanimité. Mais les remèdes à cette crise cristallisent les tensions entre la monarchie qui souhaite ré...
Des ceintures de pauvreté encerclent les grandes villes
Une enquête de terrain menée par l’OMDH et la Fondation Friedrich-Ebert révèle de nouvelles données sur la pauvreté qui sévit au niveau de la périphé...
20 photos choquantes qui racontent l'histoire de la pauvreté au Maroc mieux que les mots
Les marocains riches toujours plus riches et les marocains pauvres toujours plus pauvres… Les inégalités et les disparités sociales au Maroc sont non se...
Pauvreté/Faim : La mise au point du HCP
Le rapport "Transition des OMDs aux ODDs : vers une approche intégrée et cohérente du développement durable en Afrique", réalisé par la Commission économ...
Cinq faits choquants sur les inégalités extrêmes: aidez-nous à redistribuer les cartes
Pratima a perdu ses jumeaux à cause du manque de ressources et d’une trop longue attente à l'hôpital. En Inde, les meilleurs soins médicaux sont uniqu...
Précarité : près de 20 % des étudiants vivent en dessous du seuil de pauvreté
Le gouvernement veut réduire les dépenses publiques en rabotant les APL de cinq euros par mois. En parallèle, le coût de la vie augmente de 2,09 % pour les ...
Dans l’Oriental, les enfants les plus pauvres
La région compte les 4 provinces les plus pauvres du Royaume Les enfants constituent la tranche la plus vulnérable Des milliers d’enfants, comme ceux ...
9 millions de pauvres au Maroc
La Banque mondiale s’est penchée, dans un rapport de suivi publié le mardi 9 octobre, sur la situation économique au Maroc et sur les défis à relever, no...
Comment le Ramed a mis sous tension la santé publique
Les plus pauvres ne bénéficient pas tous de cette couverture médicale Financement, qualité des soins, pénurie de médicaments et de consommables... les ...