Précarité : près de 20 % des étudiants vivent en dessous du seuil de pauvreté
Le gouvernement veut réduire les dépenses publiques en rabotant les APL de cinq euros par mois. En parallèle, le coût de la vie augmente de 2,09 % pour les étudiants.
Cette année encore, les étudiants devront se contenter de peu. A la fin du mois d’août, l’UNEF (Union nationale des étudiants de France) publiait son rapport annuel sur le coût de la vie étudiante. Résultat : une augmentation de 2,09 % par rapport à 2016, au moment où le gouvernement Philippe annonce une baisse de l’allocation personnalisée au logement (APL), à hauteur de cinq euros par mois. Le coût de la vie étudiante connaît une dynamique constante depuis près de dix ans, les hausses les plus importantes ayant été constatées entre 2009 et 2012, plongeant un peu plus les étudiants dans la précarité à chaque rentrée.
Depuis 2009, le coût de la vie étudiante ne cesse d'augmenter
Taux d'évolution du coût de la vie étudiante depuis 2009
0 %1 %2 %3 %4 %5 %200920102011201220132014201520162017
2010
? Taux d'évolution du coût de la vie étudiante : 4,30 %
Source : UNEF
23 % des étudiants considèrent avoir des difficultés financières
En 2015, l’IGAS (Inspection générale des affaires sociales) édite un rapport sur le plan de lutte contre la pauvreté et pour l’inclusion sociale, mise en place sous le quinquennat Hollande. La mission, alors menée par François Chérèque, ancien secrétaire général de la CFDT, constate que 19,1 % des étudiants vivent en dessous du seuil de pauvreté. Ici, le taux de pauvreté correspond à la proportion de personnes vivant avec moins de 60 % du revenu médian, soit 987 euros par mois.
Près de 20 % des étudiants vivent en dessous du seuil de pauvreté
Part de Français vivant sous le seuil de pauvreté selon leurs activités en 2012. Le taux de pauvreté correspond à la proportion de personnes vivant avec moins de 60 % du revenu médian, soit 987 euros par mois.
Source : Igas
Ce sont donc les étudiants qui ont massivement recours aux allocations sociales, APL en tête. En 2012, ils étaient 695 652 à obtenir ces aides au logement, soit 11,3 % du total des bénéficiaires. Quant aux bourses sur critères sociaux, 681 078 étudiants (sur 2,5 millions recensés par l’Insee) y prétendaient en 2015. Lorsqu’on ramène ce chiffre à la totalité des allocations financières directes accordées à l’ensemble des étudiants (bourses sur critères sociaux, bourses au mérite, aides ponctuelles, etc.), 36,3 % d’entre eux étaient concernés.
En 2015, 36,3 % des étudiants percevaient au moins une aide financière directe
Part d'étudiants bénéficiant d'au moins une aide financière entre 2005 et 2015.
? Part d'étudiants concernés : 29,4 %
Source : Ministère de l'enseignement supérieur, de la recherche et de la l'innovation
Pourtant, les syndicats étudiants ne considèrent pas ces solutions satisfaisantes. La majorité des étudiants ne peuvent prétendre à ces aides financières, alors que le coût de la vie augmente pour tous, qu’ils soient boursiers ou non. En témoigne le rapport de la FAGE (Fédération des associations générales étudiantes), rendu public le 28 août : sur l’ensemble du territoire, les loyers augmentent en moyenne de 1,87 %. Et cette année, c’est en province que cette tendance est la plus forte, avec 1,97 % d’augmentation, contre 1,58 % en Ile-de-France. Le syndicat souligne également un autre chiffre plus inquiétant : un tiers des étudiants déclarent avoir déjà renoncé aux soins. Pour 11,9 % d’entre eux, la raison était le manque de moyens financiers.
De lourdes conséquences sur leur réussite
Ces situations précaires conduisent 46 % des étudiants à travailler pendant l’année scolaire. Dans 19 % des cas, l’activité rémunérée est considérée comme concurrente, voire très concurrente des études, du fait de son amplitude horaire (minimum à mi-temps). Parmi ces étudiants travailleurs, 54 % d’entre eux estiment que leur emploi est indispensable pour vivre. Et plus le fait de travailler devient une nécessité, plus les étudiants sacrifient leurs chances de réussite, en acceptant des emplois en concurrence directe avec leurs obligations estudiantines.
Dans 88% des cas, l'activité très concurrente des études est considérée comme "indispensable pour vivre"
Jugement par les étudiants de leur activité rémunérée selon son impact et sa nécessité en 2016
Source : Observatoire de la vie étudiante
Logiquement, ils sont 18 % à estimer que leur activité rémunérée « a un impact négatif sur leurs résultats », qu’elle soit en lien avec les études ou pas. Et ils ne sont pas les seuls : en 2009, l’Insee s’est penché sur « l’impact du travail salarié » sur la réussite des études universitaires. Le constat est sans appel :
« Les résultats montrent que l’occupation d’un emploi régulier réduit significativement la probabilité de réussite à l’examen de fin d’année universitaire. S’ils ne travaillaient pas, les étudiants salariés auraient une probabilité plus élevée de 43 points de réussir leur année. »
Le 30 Août 2017
SOURCE WEB Par Le Monde
Les tags en relation
Les articles en relation
France: l'historien et académicien Alain Decaux meurt à 90 ans
L'académicien, écrivain et biographe français Alain Decaux est décédé dimanche dans un hôpital parisien à l'âge de 90 ans, a annoncé sa famill...
Chine: le coronavirus découvert sur du poulet brésilien
Le Covid-19 est une maladie respiratoire et rien ne laisse supposer pour l’heure qu’elle puisse se transmettre via l’ingestion de produits contaminés. ...
Macron au Maroc : Nouvelle phase d’un partenariat bilatéral fort qui se caractérise par sa pére
La visite qu’effectue à partir de ce mercredi le président Emmanuel Macron au Maroc, un mois après son investiture, vient confirmer la qualité des relatio...
#FRANCE_BIENS_CULTURELS_AFRIQUE: Les députés approuvent la restitution par la France de biens cult
La restitution au Bénin et au Sénégal de biens culturels apportés en France à l'époque coloniale au titre de "butins de guerre", a été approuvée ma...
Le gouvernement promet une rallonge de 500.000€ pour promouvoir le tourisme
Selon Jean-Marc Ayrault la fréquentation touristique moyenne a baissé de 7% depuis le début de l'année, avec de fortes disparités selon les régions. ...
Vent glacial entre le Maroc et la France
CHRONIQUE. Pour l’écrivain Tahar Ben Jelloun, la France a commis une grave erreur en réduisant la délivrance des visas pour entrer sur son territoire. A...
Le roi Mohammed VI effectuera une visite de travail et d'amitié en France (communiqué)
Le roi Mohammed VI effectuera une visite de travail et d'amitié en France, annonce lundi le ministère de la Maison Royale, du Protocole et de la Chancelle...
vISAS_FRANCE_MAROC_ALGERIE_TUNISIE: La France durcit l'octroi des visas à l'égard du Maroc, de l'A
Paris a décidé de durcir les conditions d'obtention des visas à l'égard du Maroc, de l'Algérie et de la Tunisie qui "refusent" de délivrer les...
#AirFrance_KLM_PERTES_EXCEPTIONNELLES_2020: Le groupe a perdu 7,1 milliards d'euros et 100 millions
Alors que le début d'année 2021 est "difficile", avec visibilité "limitée" sur la reprise, le groupe confirme sont intention de supprimer 6000 postes su...
Brahim Fassi Fihri : «Non, Monsieur le Président, le Royaume du Maroc n’est pas le vulgaire supp
Un tweet inutile et déplacé du Président Français envers les autorités marocaines a déclenché une levée de bouclier dans le Royaume. Dans un contexte de...
Jacques Chirac rapatrié dans la nuit du Maroc et hospitalisé à Paris
L'ancien président Jacques Chirac (ici en 2014) souffrirait d'une pneumonie qui a nécessité son rapatriement du Maroc. Il devait rentrer « ces jo...
Coronavirus : Des médecins déposent plainte contre Édouard Philippe et Agnès Buzyn
Trois médecins représentants d’un collectif de soignants ont déposé plainte contre le Premier ministre Édouard Philippe et l’ancienne ministre de la Sa...