Alerte sur la facture énergétique et les prix à la pompe
La croissance a un prix. Selon les dernières prévisions de la Banque mondiale, le cours du baril de pétrole s’établirait en moyenne à 65 dollars cette année, contre 53 en 2017. Soit 5 dollars de plus que le cours retenu par le gouvernement pour la loi de Finances 2018. Cette hausse de l’or noir, la plus élevée depuis les 96 dollars de 2014, aura un effet direct sur les entreprises, le consommateur et toute l'économie du pays.
Menace sur la facture énergétique. Selon les dernières prévisions de la Banque mondiale, le prix du baril de pétrole s’établirait en moyenne à 65 dollars cette année, soit 9 dollars de plus que les projections annoncées en octobre dernier et 5 dollars au-dessus du cours retenu par le gouvernement pour la loi de Finances 2018 (60 dollars). L’institution de Bretton Woods explique, dans l'édition d’avril du rapport «Commodity Markets Outlook», que cette hausse de 23% du prix du baril en 2018 par rapport à la moyenne de 53 dollars de 2017 proviendrait d’une demande soutenue et du contrôle des volumes de production. C’est la moyenne annuelle la plus élevée du cours de l’or noir depuis les 96 dollars de 2014 (51 dollars/baril en 2015, 43 en 2016 et 53 donc en 2017). L’impact devrait ainsi être ressenti par les pays importateurs de pétrole comme le Maroc ainsi que par les entreprises, et le consommateur (hausse des prix à la pompe avec effet boule de neige sur les produits de consommation). Déjà à fin mars 2018, la facture énergétique du Maroc a bondi de 5,7% à 18,35 milliards de DH, soit pratiquement 1 milliard de DH de plus que la même période de 2017 (chiffres provisoires de l’Office des changes). Toujours selon les dernières prévisions de la Banque mondiale, le baril de pétrole devrait également tourner autour de 65 dollars en 2019.
«Même si une baisse des cours est attendue par rapport aux niveaux d’avril 2018, le maintien des accords de diminution des volumes de production par les pays de l’OPEP et les autres pays producteurs et la solidité de la demande soutiendront les prix», soulignent les économistes de la Banque. À leurs yeux, les contraintes du côté de la production d’huile de schiste aux États-Unis, les tensions géopolitiques dans certains pays producteurs et les hypothèques relatives à la levée des sanctions contre l’Iran par les États-Unis pourraient orienter ces prévisions à la hausse. Inversement, en cas de délitement de l’accord entre pays exportateurs de pétrole ou la fin pure et simple de cet accord, mais aussi de reprise de la production en Libye et au Nigeria et de montée en puissance plus rapide que prévu de la production d’huile de schiste, ces prévisions pourraient être inférieures aux annonces.
«Avec la contraction significative des stocks, les prix du pétrole ont plus que doublé depuis le cours plancher atteint début 2016. La solidité de la demande de pétrole et un meilleur respect par les pays de l’OPEP et les autres pays producteurs de leurs engagements de production ont contribué à orienter le marché vers une situation de déficit», précise John Baffes, économiste senior et auteur principal du Commodity Markets Outlook.
Globalement, les prix des produits énergétiques (pétrole, gaz naturel et charbon) s’envoleraient de 20% en 2018, soit une révision à la hausse de 16 points de pourcentage par rapport à octobre. Les prix des métaux devraient gagner 9%, portés par une reprise de la demande et des contraintes du côté de l’offre. «L’indice des métaux se redresserait ainsi, la chute de 9% du prix du minerai de fer compensant la hausse des autres métaux de base, tirée par le bond attendu de 30% des cours du nickel», est-il expliqué. Les prévisions relatives au prix des métaux pourraient être revues à la hausse si la demande mondiale se révèle plus soutenue qu’anticipé. Du côté des métaux précieux, le rapport table sur un rebond de 3% cette année, étant donné le relèvement attendu des taux d’intérêt aux États-Unis et des scénarios plus inflationnistes.
Par ailleurs, les matières premières agricoles devraient se redresser de plus de 2% en 2018, «avec l’amenuisement des perspectives d’ensemencement. Les perturbations liées aux conditions météorologiques devraient être minimes». Par produits, les cours des céréales augmenteraient de 7,5% cette année, ceux des huiles alimentaires et farines de 4%. Pour les engrais, les cours monteraient de 2,1% cette année et de 2,4% en 2019.
«L’accélération de la croissance mondiale et la hausse de la demande jouent un rôle important dans cette augmentation générale des prix de la plupart des matières premières, sachant que cette tendance devrait se prolonger. Dans le même temps, les mesures en cours de discussion ajoutent une certaine dose d’incertitude», détaille Shantayanan Devarajan, directeur principal de la Banque mondiale pour l’économie du développement et économiste en chef par intérim.
À noter que le rapport consacre un dossier spécial à la situation des pays exportateurs de pétrole depuis l’effondrement des cours en 2014.
Le 25 Avril 2018
Source Web : Le Matin
Les tags en relation
Les articles en relation
PPP : Comment se débrouille le Maroc par rapport au reste de l’Afrique
Un classement peu connu de la Banque mondiale évaluant la capacité des pays à implémenter des PPP durables et efficaces permet d’apprécier de manière pr...
Investir dans l’individu pour renforcer le capital humain
Les progrès scientifiques et techniques changent radicalement la donne, permettant même aux pays les plus pauvres de rattraper leur retard en termes d’espé...
Ces goulots d’étranglement qui entravent la croissance du secteur privé au Maroc, selon la Banqu
Le président de la Banque mondiale, Ajay Banga, lors de son premier discours officiel devant la communauté internationale, vendredi 13 octobre 2023, à Marrak...
Des millions de personnes échappent à la pauvreté grâce aux filets de protection sociale, mais l
Selon un nouveau rapport du Groupe de la Banque mondiale, 36 % des personnes les plus démunies bénéficiaires d’une protection sociale parviennent à s’ex...
Gestion rigoureuse et bénéfices économiques : le Maroc renforce sa stratégie d'importation de d�
Depuis 2016, 416 autorisations ont été accordées par le ministère de la Transition énergétique et du Développement durable pour l'importation de déc...
Cuivre : la découverte d’un gisement confère au Maroc un atout géostratégique supplémentaire
Une découverte majeure a été faite au Maroc, dans la chaîne de l’Anti-Atlas : un important gisement de cuivre. Cette découverte est d’autant plus impor...
Assemblées annuelles du FMI et de la BM : les institutions de Bretton Woods affirment leur soutien
C’est un soulagement pour le Maroc de savoir que le rendez-vous le plus attendu de l’année sera maintenu. Les assemblées annuelles du FMI et de la Banque ...
Lutte contre le changement climatique Les cinq axes d’action du Maroc selon la Banque mondiale
La Banque mondiale rappelle qu'à l’horizon 2030, le pays devrait couvrir 52% de ses besoins en électricité grâce à des sources d’énergie renouvela...
#Croissance_Economique_Banque_Mondiale: Voici les nouvelles prévisions de croissance des 10 plus gr
La Banque mondiale vient de mettre à jour ses prévisions de croissance de l’économie mondiale en 2023 et 2024. Des prévisions globalement revues à la bai...
Les pays en développement appelés à reconsidérer leurs relations avec les banques internationale
Les restrictions des banques étrangères limitent l’accès des entreprises et des ménages à des financements indispensables, selon la BM Les pays en dé...
Le Maroc afficherait la plus faible croissance de la région MENA cette année (Banque mondiale)
Dans un nouveau rapport, la Banque mondiale table sur une croissance de 5,5% pour la région MENA en 2022, son taux le plus élevé depuis 2016. Cette évolutio...
Les poissons d'eau douce cruciaux pour la sécurité alimentaire dans le tiers-monde
Les poissons d'eau douce jouent un rôle essentiel pour nourrir des dizaines de millions de personnes dans les pays les plus pauvres, selon des chercheurs q...