Le Maroc toujours en retard sur la liberté de culte

Où en est le Maroc en matière de liberté de culte? Dans son rapport international sur la liberté religieuse 2016, publié le 15 août, le Bureau de la démocratie, des droits de l’homme et du travail (DRL) relevant du Département d’Etat américain, livre un bilan alarmant sur la liberté de pratiquer sa religion au Maroc.
Alors que la Constitution de 2011 garantit la liberté de pensée, plusieurs minorités religieuses restent persécutées par la société mais également par le code pénal au Maroc. C’est cette contradiction que relève le dernier rapport sur la liberté religieuse du DRL.
"Selon des organisations de défense des droits de l’Homme, ainsi que des leaders chrétiens locaux, les autorités ont détenu et questionné sur leur foi plusieurs chrétiens marocains", relève le DRL, qui affirme que des chrétiens marocains auraient été "contraints à renoncer à leur foi" pour revenir à l’islam.
Mais les chrétiens ne sont pas la seule minorité religieuse persécutée au Maroc, affirme la même source, "plusieurs non musulmans ont été arrêtés et emprisonnés pour avoir mangé ou fumé en public pendant ramadan".
Le rapport cite également le cas Abdou El Chakrani. Arrêté en 2016 pour "irrégularités financières", ce leader chiite aurait été mis derrière les barreaux "à cause de sa foi", selon des responsables chiites cités par le DRL.
Un cadre légal liberticide
Plusieurs lois qui portent atteinte à la liberté de croyance sont épinglés par le rapport. Parmi elles, "le fait que l’islam sunnite et le judaïsme soient les seules religions reconnues par l’Etat pour les Marocains natifs", "l’interdiction de critiquer l’islam sur des plateformes publiques", "la criminalisation de la rupture du jeûne pendant ramadan pour les personnes connues pour être musulmanes", ou encore les cahiers des charges de la Haca qui obligent les télévisions et les radios marocaines à dédier 5% de leur programmation à des contenus islamiques.
Le rapport livre également une liste non exhaustive d’arrestations liées à la liberté de culte. Parmi elles, celle d’un chrétien marocain à Guelmim et d’un autre à Salé. "Pendant sa détention, ce dernier a déclaré que les policiers l'avaient accusé d’apostasie et qu'ils le reconvertiraient à l’islam", rapporte le Département d’Etat américain. Les deux individus ont déposé une plainte au ministre de la Justice le 18 mars, mais les autorités n’ont pas ouvert d’enquête, prévient la même source.
Selon certains chrétiens marocains cités dans le rapport, les autorités leur auraient mis la pression en informant leurs amis, familles et employeurs de leur foi, afin qu’ils retournent à l’islam. "Le harcèlement fait partie de la raison pour laquelle les chrétiens locaux et les musulmans chiites s’abstiennent de pratiquer leur religion en public. Les chrétiens marocains fréquentent rarement les églises et les employés de ces lieux de culte ne les encouragent pas à le faire de peur d’être accusés de prosélytisme", souligne le rapport sur la liberté de culte.
Plus de 99% des Marocains sont sunnites
Les musulmans sunnites sont majoritaires au Maroc. Le gouvernement américain estime que la population marocaine suit à 99% le rite sunnite. Le reste des croyances représente moins de 1%. Une minorité qui comprend les chrétiens, les juifs, les musulmans chiites et bahaïs -ce dernier étant un sous-courant messianique du chiisme.
Selon les leaders communautaires juifs cités par l’étude, il existe environ 3.000 à 4.000 juifs au Maroc, dont environ 2.500 résident à Casablanca. Les leaders chrétiens marocains estiment pour leur part qu'il y a entre 2.000 et 6.000 chrétiens marocains répartis dans tout le pays, bien que certains affirment qu’il peut en avoir jusqu’à 50.000.
Les dirigeants musulmans chiites estiment qu'il y a des dizaines de milliers de fidèles au Maroc, dont la majorité est installée au nord du Maroc. Les ressortissants étrangers chiites proviennent essentiellement du Liban, de la Syrie et de l'Irak. Enfin, la communauté bahaïe compterait entre 350 et 600 membres à travers le pays.
Le 17 août 2017
SOURCE WEB Par La Depeche
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