Etude américaine sur le tourisme marocain : La boîte de Pandore
L’étude sur le secteur du tourisme au Maroc, réalisée par Boston Consulting Group (BCG), le célèbre cabinet américain pour le compte du ministère du Tourisme, sous l’ère de Haddad, et qui devait être présentée en juin dernier pour le diagnostic à mi-parcours de la stratégie 2020, tarde toujours à pointer du nez. Pardi, quel secret de Polichinelle pourrait-elle garder aussi jalousement ? Y a-t-il risque qu’elle soit une boîte de Pandore? Le retard mis à en dévoiler le contenu, malgré l’insistance persistante des professionnels, prête à le croire et donne l’impression qu’elle serait, peut-être, symbole de catastrophisme, découvert et mis à nu par les Américains.
Pourquoi Haddad aurait-il délibérément décidé de l’enfermer à double tour dans quelque tiroir du ministère ou, qui sait, ailleurs? Pourtant, elle aurait coûté sept millions de dirhams au contribuable.
L’étude en question, c’est bien Haddad qui la voulait, puisqu’en Février, il avait réuni la CNT et les professionnels pour leur faire part de la prévalence dune telle étude permettant de définir de nouvelles stratégies de développement, prenant appui sur l’état d’avancement des chantiers de la stratégie touristique pour proposer des schémas de réajustement pour les quatre années à venir. Les experts de Boston Consulting Group, présents aussi à la réunion, devaient rendre l’étude deux à trois mois plus tard. Choux blanc : les Américains ont tenu leurs engagements en livrant les résultats de leur étude dans les délais, Haddad pas du tout ! Il la cache.
Tout laisse penser que la raison profonde derrière la dissimulation des résultats de la dite étude, ne réside pas dans le trébuchement de la vision (côté retard mis dans la réalisation des programmes que celle-ci contient), mais d’un autre volet plus fonctionnel et stratégique: la gouvernance. Le département de Haddad a, en effet, éprouvé toutes les difficultés imaginables pour mener à bien le projet de mise en place des fameuses ADT, au même titre que l’aboutissement des PDRT dont la réalisation relève le plus souvent du surréaliste. Peut-être que le montage et le financement des ADT pose un réel problème structurel et juridique, mais que dire de la quasi-majorité des projets programmés dans les plans régionaux de développement touristique, entamés bizarrement par la signature de celui de Khouribga, chef-lieu plutôt phosphatier que touristique? De la poudre aux yeux et une campagne électorale avant l’heure diront les professionnels. Utopiques diront certains Présidents de Régions signataires. En fait, les projets assignés sont trop beaux pour qu’ils soient traduits dans la réalité.
Haddad en était-il conscient ? Bien sûr, les coulisses professionnelles s’en faisaient l’écho et décriaient la démarche. Il ne pouvait pas, lui, ne pas s’en rendre compte. En vérité, il ne faisait que gonfler un géant aux pieds d’argile, sachant au préalable que les projets cités avaient très peu de chances d’aboutir. En fait, il faisait de la communication de faire-valoir personnel, peu importe le reste ! Pour cela, il a, à maintes reprises, prouvé qu’il en avait le don, pour ne pas dire l’art inné. D’ailleurs, c’est ce qui avait fini par se retourner contre lui.
Bon gré mal gré, il est tenu, en tant que ministre du tourisme ayant commandité l’étude auprès du cabinet américain, d’en dévoiler le contenu. Il en était responsable, il n’a qu’à s’acquitter de ses responsabilités et lever toute équivoque, propice à toutes les interprétations. De son côté, la CNT devrait user, en principe, de tout son poids pour que les résultats de l’étude soient connus par tous les professionnels. Demande légitime pour une corporation défendant leurs intérêts et ceux du tourisme au Maroc. Le contribuable a, lui aussi, le droit de savoir si son argent a été utilisé à bon escient.
Epilogue. Jamais ministre du tourisme n’a été sujet à d’aussi virulents reproches que ne l’a été Haddad durant et après son mandat. S’il est reconnu comme un brillant locuteur et un excellent marchand de sables, ses ratages auront été légion et cassent son statut d’intellectuel. Narcisse avait fini par le perdre!
Ironie du sort : Haddad qui se voyait sur le piédestal inébranlable de M. Intello qui sait tout, s’extasiait en se voyant sacré, à Dubaï, «Personnalité Touristique de l’Année» en 2015. C’était le paroxysme de l’euphorie. Et il le criait sur tous les toits, adulé par une presse, à force d’en vanter les mérites, avait fini par y croire elle aussi. L’attributeur n’en est pas moins que le « Centre Arabe des Médias touristiques » dans le cadre des trophées touristiques qu’il distribue. Des prix dont la légitimité et le bien-fondé restent sans fondement devant être pris en considération. D’ailleurs, ce genre de prix n’est pas reconnu par le Conseil des Ministres Arabes du Tourisme et qu’il réfute, au même titre que le prétendu Centre. Malgré le discrédit de celle-ci auprès du Conseil, Haddad fait la sourde oreille et n’y prête apparemment pas attention. Le «cadeau» est trop alléchant pour qu’il passe à côté.
Jugée hautaine et indélicate, son attitude fait grimacer plusieurs de ses homologues arabes indignés.
Que dire sinon que Haddad coursait des mirages trompeurs qui alimentaient ses ardeurs et tonifiaient ses ambitions. Pour quel résultat ? On le sait tous !
Le 03 Décembre 2016
SOURCE WEB Par Tourisme Et Gastronomie
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