Tourisme national : Quelles offres pour les nationaux ?
Pourtant, les données démontrent tout à fait le contraire, puisque non seulement, les résultats sont loin de leur niveau de 2019, mais la situation est même en deçà de la reprise timide de l’année 2021, marquée, faut-il le rappeler, par la pandémie et ses conséquences désastreuses pour un secteur aussi vital et stratégique que le tourisme.
En effet, si une légère relance a été notée durant les premiers mois de ce premier semestre 2022, avec un mois de mai très encourageant, les tendances du mois de juin sont à la baisse. Si la progression des arrivées était de +33% par rapport au même mois de juin 2019 (633.791 en 2022 contre 457.112 en 2019) et des nuitées de +12% ( 1.633.356 en 2022 VS 1.457.552 en 2019), en juin 2022, l'on a enregistré un nombre d’arrivées réduit à 592.166 contre 600.089 en 2019. Tout comme les nuitées qui ont régressé de 17% puisqu'elles sont passées de 2.003.919 en juin 2019 à 1.657.427 seulement en juin 2022. Ce qui donne un chiffre d’arrivées à fin juin 2022 de 2.399.624 soit -28,6% par rapport à 2019 où elles ont atteint 3.360.257. Cela est plus notable au niveau des nuitées qui ont chuté de 11.463.149 à fin juin 2019 à 6.227.851 seulement à fin juin 2022. Ce qui constitue une régression de -45%.
Pourtant, le ministère du Tourisme affichait début juin 2022 un optimisme, très vite démenti par la batterie des chiffres dont nous disposons: “Le secteur maintient son rythme soutenu à travers l’ensemble des agrégateurs dont notamment le nombre d’arrivées de touristes. Le mois de juin a, en effet, enregistré plus de 1.140.000 arrivées de touristes. Une performance dépassant celle de juin 2019, ayant connu l’arrivée de 1.092.000, soit une croissance de 5%. Cette croissance s’accentue davantage en comparaison à la même période de 2021 pour atteindre 235 ».
Toutefois, l’année 2021 est loin d’être une référence. Elle a même été catastrophique. Car l’unique référence à prendre en compte est celle d’avant la crise du Covid-19. C’est dans ce sens que les recettes en devises générées par le tourisme ont atteint 27.298 milliards de DH à fin juin 2022 contre 33.539 milliards à fin juin 2019. Une baisse de plus de 5 milliards de DH qui pèse lourd sur la balance des équilibres tant escomptée dans le secteur.
Sur un autre plan, il faut préciser ici que l’embellie de juin 2022 est en grande partie due à l’arrivée des Marocains résidant à l’étranger (MRE) qui ont contribué à cette croissance, avec l’arrivée de 620.000 MRE, soit une augmentation de 27% par rapport à juin 2019. Les observateurs misent même sur un pic d’arrivées durant le mois d’août 2022. Pour la ministre du Tourisme, Fatim Zahra Ammor, le chiffre des 13 millions d’arrivées qui était prévu en 2019, pourrait être atteint d’ici 2023. La ministre ajoute que tout est mis en place pour redresser la barre grâce aux «efforts pour atteindre environ 4,25 millions de sièges d’avion, 2 millions de touristes de voyagistes en ligne et 360.000 clients de voyagistes traditionnels d’ici l’été 2022». Dans ce sens, un bilan s’impose le 1er septembre pour évaluer de manière plus concrète le véritable état de santé du tourisme marocain.
Par ailleurs, qu’en est-il des touristes marocains et quelles offres leur sont proposées par les opérateurs nationaux ? Si la ministre du Tourisme précise que d’après les sondages réalisés, 51% des touristes marocains préfèrent le tourisme balnéaire, 58% préfèrent voyager pendant les vacances scolaires et 60% optent pour le voyage en famille, tandis que 72% sont plus intéressés par le prix des prestations touristiques. Pourquoi doivent-ils continuer à payer plus que les touristes étrangers? Pourquoi les offres qu’on leur propose sont parfois le double de ce que le touriste étranger va dépenser en visitant le Maroc. Ce qui est loin d’être encourageant pour voyager local. Vu la crise et ses graves répercussions et dégâts collatéraux, c’est plutôt le contraire qui devrait être mis en place, et ce, pour de nombreuses raisons: d’abord offrir des vacances synonymes de répit pour ces millions de Marocains qui ont payé le prix fort face à la pandémie. Ensuite, leur montrer qu’ils sont prioritaires chez eux et enfin leur donner de bonnes raisons de préférer voyager à l’intérieur du pays, car souvent, cela revient moins cher de traverser la Méditerranée que d’aller à Tanger, Marrakech, Agadir ou Dakhla.
D’ailleurs, la ministre en est encore à réfléchir puisque Fatim Zahra Ammor a affirmé que son département se penche actuellement en particulier sur la mise en place de bases solides d’un développement durable du tourisme interne à travers l’encouragement de l’investissement dans le tourisme interne et les loisirs, la création de stations proposant des prix à la portée de tous les touristes marocains et la coordination avec le ministère de l’Économie et des Finances pour créer des chèques de voyage à même d’alléger la charge des dépenses pour le touriste national.
C’est bien beau de réfléchir à toutes ces mesures, mais force est de constater que cela prend du temps, parfois beaucoup de temps, pour la mise sur pied de toutes ces stratégies. Entre-temps, les touristes nationaux continuent de se sentir presque exclus de l’équation touristique marocaine qui table toujours sur les visiteurs étrangers.
elon plusieurs professionnels du secteur, les tours opérateurs étrangers qui orientent leurs clients vers le Maroc, proposent des packages qui varient entre 300 et 400 euros la semaine, soit entre 3.000 et 4.000 dirhams. Ce package comprend parfois du all-inclusive, à savoir l’aérien, les transferts en voiture, voire parfois la pension complète à l’hôtel. Quand on fait le calcul avec un touriste local, les choses deviennent claires: il faut compter au moins 2.000 DH pour le transport, l’essence et les péages, au moins 500 DH la nuitée dans un hôtel standard et au moins la même somme pour trois repas par jour à moins de s’abattre sur des sandwichs et des fast-foods. Pour une semaine, cela dépasse les 10.000 DH. Et quand on est une famille avec des enfants, les gens se rabattent sur la location d’appartements avec le strict minimum en cuisinant à domicile et en allant jeter une serviette à Martil ou aux Sablettes. Ce qui est loin d’être du tourisme, mais juste un déplacement ailleurs pour faire comme si.
SOURCE WEB PAR laquotidienne
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