Environnement : les énergies fossiles en ligne de mire dès l’ouverture de la COP28 à Dubaï

La COP28 s’est ouverte jeudi à Dubaï sur des appels de ses organisateurs à ne plus éluder le débat sur les énergies fossiles, en attendant une première décision cruciale pour concrétiser un fonds de compensation des pertes et dommages climatiques dans les pays vulnérables.
«Ces deux prochaines semaines ne seront pas faciles», a prévenu le président de la COP28, Sultan Al Jaber, en ouvrant la 28e conférence des Nations unies sur le changement climatique lors d’une cérémonie devant les délégués de près de 200 pays. Aux portes du désert, à Dubaï, le site de l’Exposition universelle de 2020 devient ainsi pour deux semaines le coeur battant de la diplomatie climatique, les Émirats et l’ONU espérant une COP aussi historique que celle de Paris en 2015. Signe que le conflit entre Israël-Hamas occupe les esprits, le président de la précédente conférence, Sameh Choukri, chef de la diplomatie égyptienne, a appelé au début de la cérémonie à un court moment de silence pour «tous les civils ayant trouvé la mort dans le conflit actuel à Gaza».
L’argent, le nerf de la guerre
La première grande décision attendue de cette conférence à l’affluence record devrait être la mise en œuvre du nouveau fonds pour compenser les pertes et dommages liés au climat, après un an de négociations très tendues entre pays du Nord et du Sud. «Le travail est loin d’être achevé», a toutefois réagi l’alliance des petits États insulaires (Aosis) par avance. «On ne sera pas tranquilles tant que ce fonds ne sera pas financé convenablement et commencera à alléger le fardeau des communautés vulnérables». Reste en effet à savoir de combien sera doté ce fonds, qui sera initialement accueilli par la Banque mondiale. L’adoption ouvrirait la voie à l’annonce par des pays développés des premières promesses financières. L’Union européenne, l’Allemagne, la France, le Danemark ainsi que les Émirats Arabes Unis sont censés s’engager d’ici samedi à quelques centaines de millions de dollars de mise de départ, selon des négociateurs interrogés par l’AFP. Mais «on attend des promesses en milliards, pas en millions», a pressé Rachel Cleetus, du groupe américain Union of Concerned Scientists (UCS).
Les énergies fossiles dans le collimateur
Cette adoption dès le premier jour libérerait les délégués pour qu’ils se concentrent sur les autres batailles à l’ordre du jour, à commencer par les énergies fossiles. Également directeur général de la compagnie pétrolière nationale ADNOC, Sultan Al Jaber a mis les pieds dans le plat en appelant à mentionner «le rôle des combustibles fossiles» dans tout accord final, alors qu’il est sous le feu des critiques après la publication par la BBC et le Centre for Climate Reporting de notes internes de préparation de réunions officielles qui énumèrent des arguments pour la promotion des projets d’Adnoc à l’étranger. Il a rejeté ces accusations mercredi. Le chef de l’ONU Climat, Simon Stiell, s’est montré encore plus direct : «Si nous ne donnons pas le signal de la phase terminale de l’ère fossile telle que nous la connaissons, nous préparons notre propre déclin terminal». Au même moment, l’Organisation météorologique mondiale confirmait que l’année 2023 devrait être la plus chaude jamais enregistrée, avec «une cacophonie assourdissante de records battus».
Joe Biden et Xi Jinping absents
Plus de 97.000 personnes (délégations, médias, ONG, lobbys, organisateurs, techniciens…) sont accréditées, deux fois plus que l’an dernier, et environ 180 chefs d’Etat et de gouvernement sont attendus selon les organisateurs d’ici le 12 décembre, fin théorique de la conférence. Le pape François, grippé, a annulé sa venue, mais plus de 140 dirigeants défileront à la tribune vendredi et samedi, après la journée cérémonielle d’ouverture jeudi, pour des discours de quelques minutes censés donner une impulsion politique aux négociations byzantines qui occuperont les délégations pendant deux semaines. Le roi Charles III s’exprime ce vendredi en ouverture de ce sommet de dirigeants, sans le président américain Joe Biden, remplacé par sa vice-présidente Kamala Harris, ni son homologue chinois, Xi Jinping. Le président israélien Isaac Herzog profitera de l’occasion pour mener une série de réunions diplomatiques destinées à faire libérer d’autres otages détenus par le Hamas, ont indiqué ses services. Il pourrait même croiser le chef de l’Autorité palestinienne Mahmoud Abbas, car ils sont inscrits pour s’exprimer à quelques minutes d’intervalle vendredi. Sur le front climatique, les Emiratis préparent un déluge inaugural d’engagements volontaires d’Etats pour, par exemple, tripler les renouvelables d’ici 2030 ou doper les aides financières des pays riches vers les plus vulnérables. Mais seuls les textes officiels adoptés pendant la COP, dans le méticuleux processus onusien où le consensus est obligatoire, auront une force comparable à ce que fut l’accord de Paris.
Le 01/12/2023
Source web par : leseco
www.darinfiane.com www.cans-akkanaitsidi.net www.chez-lahcen-maroc.com
Les tags en relation
Les articles en relation

Hydrogène vert : comment le Maroc se positionne sur l’échiquier mondial
Sur le planisphère mondial de l’hydrogène vert en 2050, l’Afrique du Nord est la première région exportatrice du monde et l’Europe la première zone i...

Energies vertes : Les Emirats Arabes unis injectent 4,5 milliards de dollars en Afrique, le Maroc po
Les Émirats arabes unis ont fait part de leur volonté de mobiliser 4,5 milliards de dollars d'investissements dans les énergies propres en Afrique. Un in...

Pékin favorable à un Etat palestinien avec Jérusalem-Est pour capitale
La Chine rejoint la liste des pays qui soutiennent la création d'un État de Palestine indépendant avec Jérusalem-Est pour capitale. Le président chi...

COP25 : onze questions pas si bêtes sur le réchauffement climatique
A l'occasion de la COP25, qui se tient à Madrid de lundi jusqu'au 13 décembre, France info revient sur les questions et idées reçues autour du réch...

Hydrogène vert : l'Allemagne approuve un plan à 900 millions d'euros
Il y a quelques jours, le ministère de l'Économie allemand a annoncé que le gouvernement allait investir 900 millions d'euros dans un programme de so...

Le chiffre du jour. L’Espagne démolit des barrages pour libérer ses cours d’eau
En 2021, l’Espagne a supprimé 108 barrages hydrauliques à travers son territoire, plus que n’importe quel autre pays en Europe. Malgré leur utilité pour...

David Malpass, président de la Banque mondiale, en visite au Maroc ce mercredi 23 mars
Le président du groupe de la Banque mondiale, David Malpass, se rendra à Casablanca et Rabat le mercredi 23 mars 2022, pour une visite de deux jours, indique ...

Souss-Massa : une SDR dédiée à l’innovation agricole
Le Conseil régional Souss-Massa, l’Institut agronomique et vétérinaire Hassan II, le ministère de l’Intérieur, la Chambre de commerce, d’industrie et...

Info en images. Énergie verte : Le défi du financement au Maroc
78 milliards de dollars. C’est le montant total des investissements nécessaires pour ancrer solidement le Maroc sur une trajectoire de résilience et bas car...

Nouvelles estimations du coût économique des écarts de revenus hommes-femmes à l’échelle mond
Le manque à gagner lié aux inégalités de rémunération estimé à 160 000 milliards de dollars, selon BM Selon un nouveau rapport de la Banque mondiale,...

OCP conclut une alliance émiratie pour créer une entreprise de classe mondiale de production d'eng
L'émirati ADNOC et OCP renforcent leur partenariat et annoncent leur intention de créer une joint-venture de production d'engrais de classe mondiale. ...

Centrales solaires : L’IFC accorde un prêt de 100 M€ à l’OCP
La Société financière internationale (IFC), membre du groupe de la Banque mondiale, et le Groupe OCP ont signé un accord de prêt vert de 100 millions d’e...