Royaume-Uni : le risque d'un parlement instable et d'un Brexit sans solution
A moins de deux semaines des élections du 12 décembre, l'écart se resserre entre les conservateurs et les travaillistes. Le Royaume-Uni risque de se retrouver à nouveau ingouvernable.
Vendredi 29 novembre, un attentat revendiqué par l'Etat islamique est venu endeuiller la capitale britannique et bouleverser une campagne législative déjà très perturbée et incertaine. En effet, un sondage BMG réalisé avant l'attentat paru samedi 30 novembre dans « The Independent » fait état d'une remontée significative du parti travailliste dans les intentions de vote des électeurs britanniques : +5 points, portant leur score à 33 %, et réduisant ainsi l'écart avec les conservateurs de Boris Johnson, qui eux-mêmes perdraient 2 points, soit 39 % d'intentions de votes.
Or, les experts évaluent à 6 % l'écart nécessaire à l'obtention d'une majorité parlementaire conséquente et dotée d'une légitimité incontestable. Le risque est donc grand de retrouver, à l'issue du scrutin du 12 décembre - dans à peine 12 jours ! -, un parlement dépourvu de majorité claire - le « hung parliament », disent les Britanniques - et donc un gouvernement incapable d'oeuvrer.
Flou persistant sur le Brexit
Ce serait un comble pour les Européens qui ont impérativement besoin de décisions de Londres dans le dossier du Brexit. Le scénario rêvé à Bruxelles serait une sortie des urnes qui légitimerait une majorité claire - quelle qu'elle soit - permettant d'avancer et de travailler à l'avenir des relations UE/Royaume-Uni.
Il est toutefois incertain que cela suffise à éclaircir la situation, tant les deux principaux candidats au poste de Premier ministre sont fragilisés dans leur propre camp ou indécis.
Si le leader du Labour, Jeremy Corbyn, devait l'emporter, il lui faudrait alors sortir de son ambiguïté sur les relations entre le Royaume-Uni et l'Union européenne. Impossible, pour le moment, de connaître sa propre position sur le Brexit, lui qui a réussi le tour de force de promettre un nouveau référendum, tout en expliquant qu'il adopterait alors « une position neutre » : « afin que je puisse mettre en oeuvre de manière crédible le résultat et rassembler nos communautés et notre pays plutôt que de poursuivre un débat sans fin sur l'UE et le Brexit », a-t-il déclaré un brin jésuite lors d'un débat sur la BBC.
De son côté, « Bojo » est fortement contesté au sein de son propre parti, notamment par les ex-députés Tories. Certains, comme Dominic Grieve, ancien attorney general, vont même jusqu'à dire que « le Brexit est le pire épisode d'automutilation que ce pays s'est infligé en temps de paix ». Ces opposants sont des farouches partisans d'un nouveau référendum.
Si Boris « Teflon » Johnson veut réussir son Brexit au 31 janvier 2020, comme il s'y est engagé, il lui faudrait donc une indiscutable majorité parlementaire. Son inquiétude est palpable au regard de sa prise de position, ce dimanche, sur le durcissement des mesures sécuritaires envers les infractions terroristes.
Arroseur arrosé
Avoir rappelé aux urnes les citoyens britanniques, dans une pure logique politique, alors que le climat social, sécuritaire, économique est largement instable, voire anxiogène, relevait d'un pari risqué pour le Premier ministre.
N'est pas si loin le temps où, en France, en 1997, une stratégie électorale savamment pensée s'était retournée contre le président en place, contraignant Jacques Chirac à la cohabitation. Boris Johnson pourrait, lui, pis encore, devoir céder sa place à Jérémy Corbyn, illustrant ainsi l'adage de « l'arroseur-arrosé ».
Le 01 décembre 2019
Source web Par les echos
Les tags en relation
Les articles en relation
Le Maroc, acteur clé de la révolution géoéconomique
La guerre commerciale déclenchée par Donald Trump, entrée en vigueur le 2 avril dernier, a profondément bouleversé la cartographie économique mondiale en ...
Avions de patrouille maritime: la France pourrait rompre l'accord avec l'Allemagne
Le contrat passé par les Allemands avec Boeing ne passe pas. Agacée par Berlin, Paris pourrait annoncer son désengagement du programme MAWS avec pour plan B,...
Pour Hollande, l'élection de Trump "ouvre une période d'incertitude"
Dans une allocution glaciale, le président de la République a certes félicité son homologue, mais veut rester ferme face à Donald Trump. l a été l'...
Sur la route du Brexit, les nids-de-poule
L'état de voirie est une vraie problématique au Royaume-Uni. Il manquerait quelque 10 milliards de livres sterling pour combler tous les trous présents d...
Le Maroc est-il insensible au Brexit ?
Si les effets directs du Brexit peuvent être minimes à court terme, il n’en demeure pas moins que ses effets indirects à moyen et long terme risquent d’�...
« Boris la menace » : Premiers pas vers un Brexit à tout prix
Le nouveau Premier ministre britannique Boris Johnson prétend résoudre la crise du Brexit qui dure depuis trois ans en trois mois seulement. Il réunit jeudi ...
Union européenne. Notes de frais : révélations sur les jets privés de la Commission
Le président de la Commission européenne, Jean-Claude Juncker, lors d’une conférence de presse à Bruxelles, le 27 juillet 2017. PHOTO AFP ALEXANDROS MICHA...
#MAROC_UE_ACCORD_DE_PËCHE: MM. Akhannouch et Sinkevi?ius font le point sur la 1ère année du nouve
Cette rencontre, la première entre M. Akhannouch et le nouveau Commissaire européen à l’Environnement, aux Océans et à la Pêche, a été aussi une occas...
Réforme du Code de la famille : vers l’équité au divorce
Le Maroc, avec l’appui de l’Union européenne et du Conseil de l’Europe, poursuit la réforme de son Code de la famille pour reconnaître juridiquement le...
#COP27 : Elle se trouve plombée par son manque d’ambition sur la réduction des émissions de CO2
L’accord signé à Charm El-Cheikh sur l’aide aux pays pauvres victimes du changement climatique est bienvenu, mais aucun progrès n’a été fait concerna...
Forêts du Maroc : le Maroc et la BEI signent un contrat de financement de 100 millions d’euros
Le Maroc et la Banque européenne d’investissement ont signé, ce jeudi 28 décembre à Rabat, un contrat de financement d’un montant de 100 millions d’eu...
Brexit, l’opportunité en or
Je me rappelle lors d’un vécu à Londres, au début des années 90, les réactions sarcastiques de certains amis anglais vis-à-vis de l’Union européenne....


jeudi 5 décembre 2019
0 
















Découvrir notre région